Sarah Palin fait sa révolution

Quand Sarah Palin détourne du Barack Obama. En cette année électorale, l'ancienne candidate républicaine à la vice-présidence américaine a en effet décidé de reprendre à son compte la thématique du changement. Mais là où le candidat démocrate - puis le président - prônait un changement en douceur ("le changement auquel nous pouvons croire"), avec des valeurs "positives" (le mot "espoir", placardé sur les affiches de campagne), l'ex-colistière de John McCain, fidèle à son surnom "Sarah Barracuda", qui lui vient de la façon dont elle s'était imposée dans son équipe de basket à l'école secondaire, appelle à une "nouvelle révolution". Après celle de 1776, donc. Les termes ne sont pas choisis au hasard. Sarah Palin les a prononcés samedi soir à Nashville, Tennessee, lors de la première convention du mouvement "Tea Party", qui rassemble la droite religieuse américaine et qui doit son nom à la "Boston Tea Party", lors de laquelle les colons américains manifestèrent au 18e siècle leur opposition aux impôts exigés par les dirigeants britanniques.

Créé l'an dernier, le mouvement - à droite de la droite, conservateur et religieux – se caractérise par un anti-Obamisme primaire. Ses militants ont notamment fait de la réforme de la santé défendue par Barack Obama l'incarnation d'une dérive "socialiste" du pouvoir. A la tribune samedi, Sarah Palin en a rajouté une couche. "Je crois que le moment est venu. L'Amérique est prête pour une nouvelle révolution", a-t-elle insisté. Car la républicaine, seule figure du parti présente dans le Tennessee, a bien compris son intérêt: le "Tea Party" s'organise en vue des élections de mi-mandat de novembre 2010. Deux ans après le scrutin présidentiel, la totalité des sièges de la Chambre des représentants sera remise en jeu, de même qu'un tiers des mandats de sénateurs. Selon les organisateurs du rassemblement de Nashville, un comité d'action politique devrait d'ailleurs voir le jour sou peu. Objectif: soutenir les candidats conservateurs en novembre.

Un discours religieux, patriotique et populiste
Et Sarah Palin, qui, en annonçant sa démission du poste de gouverneure de l'Alaska en juillet dernier, disait vouloir désormais "prendre position et faire bouger les choses", compte bien récupérer ces voix - en plus des 100 000 dollars perçus pour son intervention dans le Tennessee. En 2012, par exemple. Son leitmotiv: critiquer la politique d'Obama."Alors, ça marche bien pour vous, tous ces trucs d'espoir et de changement?", a-t-elle ainsi ironisé. Evoquant le plan de relance, elle a lancé, sur le même ton: "Est-ce que cela vous a beaucoup stimulés?". S'en prenant ensuite à l'alourdissement de la dette et à l'accroissement des programmes publics, Sarah Palin a placé le débat sur le terrain - son favori - de la morale. "Ce qu'ils font (revient à) placer la facture sur la tête de nos enfants. C'est immoral. C'est du vol de génération."

Et la suite du discours n'a été qu'appels patriotiques et religieux, très applaudis. L'ancienne gouverneure de l'Alaska a invoqué la liberté "donnée par Dieu" et qualifié le mouvement Tea Party "frais, jeune et fragile" d'avenir de la politique américaine. La rhétorique populiste n'a pas été oubliée. "C'est du peuple qu'il s'agit (...), quelque chose de bien plus grand qu'un type charismatique avec un prompteur", a-t-elle ajouté, alors que Barack Obama est souvent moqué pour son usage systématique de prompteurs lors de ses interventions. "Ce mouvement est à propos du peuple (…) Le gouvernement doit être au service du peuple", a-t-elle encore insisté. "Sarah Palin est prête, et elle se fait entendre, mais pour quoi? Pour une candidature présidentielle?" , s'interrogeait samedi matin le New York Times . Les militants du Tea Party ont la réponse: "Run, Sarah, run." ("Cours Sarah, cours).