Quelle reprise en 2010 ?
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Quelle reprise en 2010 ?
Quelle reprise en 2010 ? Le pronostic de cinq patrons
LE MONDE | 04.01.10 | 14h24 • Mis à jour le 04.01.10 | 14h36
Les profits évaporés, des chiffres d'affaires en chutelibre... 2009 restera sans doute l'année que nombres depatrons voudront effacer de leur mémoire. Que sera 2010. Cinq patrons reviennent sur la crise et donnent leurs perspectives pour cette nouvelle année.
Michel-Edouard Leclerc, président du groupement Leclerc
"Cette année, la consommation va souffrir"
"Il n'y aura pas de miracle en 2010. En 2009, le consommateur était inquiet mais son pouvoir d'achat a été soutenu pas les mesures publiques. Mais ces mesures étaient exceptionnelles et leurs effets vont s'estomper. En outre, l'inflation a reculé l'année dernière de l'ordre de 4 % à 0 %. Dans les hypermarchés, les prix n'ont pas augmenté. Ce ne sera pas le cas en 2010. Sans pouvoir dire qu'il y aura un pic d'inflation, l'on sait déjà, par les nouveaux tarifs présentés par nos fournisseurs, que la désinflation marquera un coup d'arrêt.
Tout cela aura un effet négatif sur le pouvoir d'achat des ménages. Le consommateur va souffrir, la consommation aussi. La grande distribution devra affronter cela.
Trouver la bonne stratégie.
Chez Leclerc, nous avons déjà pris une option très radicale. Cette année, nous continuerons, comme en 2009 à être agressifs sur les prix. A faire peut-être moins de promotions mais plus ciblées et en baissant la plupart des prix toute l'année."
je n'ai pas vu de déflation des prix , pas plus chez leclerc qu'ailleurs ( chez leclerc j'ai seulement constaté la déflation de la qualité )
Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault
"Pendant les périodes de crise, on discute encore plus"
"Si l'ensemble de l'économie reprenait au deuxième semestre 2010, cela finirait par avoir un impact sur l'industrie automobile. Mais, pour l'instant, on anticipe encore une année difficile pour le secteur. Les fondamentaux dans l'automobile sont pilotés par trois choses : le pouvoir d'achat, la confiance des ménages et le vieillissement du parc. Et ils sont à des niveaux suffisamment bas pour qu'il n'y ait pas de reprise automobile, sauf en Asie et aux Etats-Unis où le parc automobile est relativement vieux. Il n'est pas impossible aussi que la Russie, après une cure sévère d'amaigrissement et de restructuration rebondisse. Pour l'heure, il devrait se vendre au niveau mondial, environ 61 millions de véhicules, soit une très légère augmentation par rapport à 2009 (un peu plus de 60 millions), mais on restera très loin du niveau de 2007 (69 millions) avec de très fortes disparités régionales.
En Europe, les dispositifs de prime à la casse ont fortement atténué la baisse (- 15 % entre 2007 et 2009), mais en 2010 ces dispositifs cessant, le marché va chuter de 9 % à 10 %. La consolidation et les alliances vont se poursuivre. Elles sont nécessaires du fait des surcapacités installées. Les constructeurs vont aussi y être poussés car si leur chiffre d'affaires a beaucoup baissé, les coûts de développement technologique, eux, sont plutôt en hausse. Or pour préparer la sortie de la crise, il faut continuer à investir. Les constructeurs discutent toujours et, en période de crise, ils le font encore plus. Renault discute avec une dizaine d'acteurs sur les boîtes de vitesses, les moteurs, les plates-formes ou encore les usines..."
Patrick Molis, président de la Compagnie nationale de navigation (CNN)
"Il y a plein d'opportunités"
"L'année 2010 sera calme en France et en Europe, sans reprise forte. L'augmentation du chômage sera le problème majeur ; il pèsera sur la demande finale. D'autant qu'il ne faut pas trop compter sur la croissance chinoise. La consommation des 1,3 milliard de Chinois ne représente que 15 % de celle des 300 millions d'Américains ! L'Europe et les Etats-Unis tirent la consommation mondiale. En Chine, la relance me semble très artificielle. Elle investit dans les infrastructures, les capacités de production, mais sans débouchés.
En Europe, et en France en particulier, la tendance générale sera donc de serrer les salaires, et de réduire les effectifs. Ce qui est une erreur stratégique. Car le déséquilibre de la répartition de la valeur ajoutée, au détriment des salariés, a accru l'endettement des ménages, à l'origine de la crise, aux Etats-Unis surtout, mais aussi en Europe.
Il faut que les petites et moyennes entreprises, qui en ont les moyens, créent des emplois. Car les grandes entreprises délocalisent et donc réduisent leurs effectifs en France et en Europe.
Il faut être entreprenant et investir. Il y a plein d'opportunités.
Si les banquiers sont plus exigeants pour les très petites entreprises, ce n'est pas le cas des entreprises moyennes, qui ne relèvent pas de secteur en difficulté. Elles n'ont aucun problème de trésorerie. Il y a des liquidités."
Jean-Paul Bailly, président de La Poste
"La hausse du chômage pourrait se poursuivre"
"Je pense que la reprise économique sera très diversifiée selon les continents et les pays. Elle sera sans doute lente en Europe, et notamment en France ? Voire très lente, en tout cas au moins jusqu'à la mi-2010. En dépit des plans de relance, et du fait de la situation difficile de nombreuses PME, la hausse du chômage devrait se poursuivre.
En revanche, les grandes entreprises ayant beaucoup réduit leurs coûts en 2009, les marges de l'année 2010 pourraient constituer une bonne surprise. La restauration des marges pourrait entraîner, au passage, une certaine tension salariale. Au-delà de l'aspect économique, la crise des années 2008 et 2009 aura, à mon avis, un triple impact.
Elle accélérera les innovations et les mutations technologiques, ce qui permettra une meilleure compétitivité des entreprises. Cela pourrait également tirer les investissements vers le haut. La crise pourrait faire naître un monde plus régulé, une économie plus mixte, des responsables plus exemplaires. Mais sur ces derniers points, j'ai du mal à faire la part de la prévision et de la conviction qu'il s'agit là d'évolutions vitales pour la stabilité et la cohésion de nos sociétés."
Pierre-André de Chalendar, directeur général de Saint-Gobain
"2010 sera une année plate dans le meilleur des cas"
Propos recueillis par Nathalie Brafman, Claire Gatinois, Annie Kahn, Anne Michel et Isabelle Rey-Lefebvre"Je pense que nous avons, en 2009, touché un point bas de l'activité économique, mais je reste très prudent pour 2010, car je n'entrevois guère d'amélioration. Au mieux, l'activité sera stable, car la décroissance a seulement décéléré. La construction pourrait repartir au Royaume-Uni et nous voyons de légers signes positifs en Allemagne. Guère en France, où les mesures du plan de relance tardent à produire leurs effets. Je m'inquiète surtout de la situation des artisans et des petites et moyennes entreprises du bâtiment, qui sont nos clients. Le second oeuvre sera plus pénalisé que le gros-oeuvre, car il intervient en dernier sur les chantiers. Ces entrepreneurs vont devoir gérer une période délicate avec une trésorerie asséchée, alors que les chiffres d'affaires et l'activité ne repartent pas ou seulement très lentement. Le nombre de mises en chantier, qui ne devrait pas dépasser 300 000, en 2009, contre 360 000, en 2008, selon les statistiques du ministère du logement (- 16 %), et le nombre de permis de construire (- 25 %), témoignent de la panne de la construction de logements. Si la conjoncture est toujours incertaine, il y a toutefois des signes encourageants, notamment la nette reprise de l'activité en Asie et en Amérique latine. Cette reprise pourrait être plus forte aux Etats-Unis, à compter de la mi-2010, en particulier dans l'industrie et la construction résidentielle, même si le secteur non résidentiel restera déprimé. 2010 sera, dans le meilleur des cas, une année plate."
Article paru dans l'édition du 05.01.10
et bien , bonne année quand même !
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