Whirlpool supprime des emplois en Picardie

La première région ouvrière française voit se multiplier les plans sociaux.
Whirlpool, Goodyear, Bosch, depuis quelques mois, ces fleurons de l'industrie picarde sont devenus synonymes de suppressions d'emplois, voire de fermetures d'usines. Le dernier en date, Whirlpool, qui produit des sèche-linge à Amiens, avait connu son heure de gloire en 1996 en signant un accord de Robien de réduction du temps de travail. La direction a annoncé un plan de suppression de 153 emplois.

«Nous avons dû améliorer nos coûts de production de 5 euros par sèche-linge », précise le directeur Raphaël Delrue. Une condition sine qua non pour obtenir la production d'un nouveau sèche-linge baptisé Zéphyr. En contrepartie d'un accord d'allongement du temps de travail de 7 % pour une augmentation de salaire de 2 %, la multinationale s'est engagée à choisir Amiens pendant plusieurs années. «Qui nous dit que le Zéphyr ne sera pas délocalisé dans quelques années comme cela avait été le cas pour les lave-linge qui sont partis en Europe de l'Est, en 2002 », s'inquiète Pierre-Yves Dorez, du syndicat CFE-CGC. L'usine amiénoise avait alors perdu 260 emplois. Après avoir frôlé les 1 000 salariés, au début des années 2000, Whirlpool Amiens n'en comptera plus que 350 quand le plan social actuel, qui doit s'étaler sur trois ans, sera terminé.

À quelques encablures de là, le fabricant de pneumatiques Dunlop-Goodyear s'apprête à supprimer 402 emplois dans une atmosphère sociale électrique.
À la recherche de gains de productivité, la multinationale a voulu faire passer ses équipes de production en 4 × 8, un rythme dénoncé par les syndicats. Les Dunlop ont accepté, les Goodyear non. Le 13 mai dernier, la direction annonçait donc la suppression de 402 postes chez Goodyear et plus de 25 millions d'euros d'investissements chez Dunlop. Actuellement, dans un climat d'affrontement syndical très vif, une consultation est à nouveau organisée, par bulletin postal, auprès des salariés de Goodyear. Les résultats seront connus vendredi.

Coûts salariaux imbattables
Toujours dans l'automobile, ce sont les 240 salariés de Bosch à Beauvais qui viennent d'apprendre la fermeture de leur usine fin 2009.
Rencontre au ministère, manifestations, pneus brûlés, intervention des élus, le scénario, usé jusqu'à la corde, semble déjà écrit.
La Picardie, première région ouvrière de France en 2005, 30 % des actifs étaient des ouvriers, soit 4 points de plus que la moyenne nationale , ne connaît que trop ces combats face à des groupes à la productivité mise à mal par les coûts salariaux imbattables de l'Europe de l'Est, du Maghreb ou de la Chine.
En se spécialisant, certains pensaient échapper aux délocalisations. C'était sans compter avec la hausse de l'euro. Longtemps à l'abri, les 1 300 salariés d'Airbus Méaulte, spécialisé dans les pointes avant des avions, viennent grossir les bataillons des ouvriers de l'industrie inquiets pour leur avenir.