Les taliban frappent Kaboul

A quelques jours du second tour de l'élection présidentielle afghane, les taliban ont fait une démonstration de force, visant le coeur de la capitale, où la sécurité est censée être renforcée. Très tôt ce matin, un groupe de taliban a pris d'assaut un foyer international géré par l'ONU. Un commando de six personnes, avec des arrmes automatiques et des ceintures chargées d'explosifs ont pris en otage les habitants. Une fusillade a éclaté entre les belligérants et les forces de sécurité afghanes. D'après des témoins, les hommes se sont fait exploser à l'intérieur du bâtiment. Au moins six personnes, des employés des Nations unies, ont été tuées dans l'attaque, a annoncé Adrian Edwards, porte-parole de la mission de l'ONU en Afghanistan. Il y aurait une dizaine de blessés, dont plusieurs grave. Leur nationalité n'a pas été précisée.

Le corps de trois kamikazes déchiquetés étaient visibles sur place. "Nous pensons que ce sont des Pakistanais", a indiqué à Reuters un policier présent sur place. L'attentat a été revendiqué par les taliban "Plusieurs taliban prêts au suicide ont pris en otage des employés de l'Onu à Kaboul", a déclaré le mouvement islamiste dans un message envoyé à l'agence de presse Reuters.

Le Pakistan aussi visé
Un peu plus tard, ce sont plusieurs roquettes qui ont été tirés sur l'hôtel de luxe Serena, où logent de nombreux étrangers, à quelques pas du palais présidentiel. Il n'y aurait pas de victimes et les assaillants auraient été neutralisés. Dans un message envoyé un peu plus tard, les taliban ont dit que ces attaques avaient pour but de perturber la tenue du second tour de l'élection présidentielle, qui doit se tenir le 7 novembre. Ces attentats ont pour but de dissuader les électeurs de se rendre aux urnes.

Depuis quelques semaines, les violences sont à la hausse en Afghanistan. Mardi, ce sont huit soldats américains qui ont été tués dans le sud du pays, alors que le président Barack Obama étudie l'envoi des renforts réclamés par les commandants américains sur le terrain.

Par ailleurs, les taliban ont frappé la ville de Peshawar. Un attentat à la voiture piégée a fait 80 morts et une centaine de blessés mercredi sur un marché bondé de la vieille ville, a annoncé un responsable gouvernemental. Cet attentat intervient quelques heures après l'arrivée au Pakistan de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton qui veut ouvrir une nouvelle page des relations entre Islamabad et Washington.

Le Pakistan, considéré comme la base arrière des islamistes, se trouve en état d'alerte pour prévenir des tentatives de représailles des taliban alors que l'armée est engagée depuis le 17 octobre dans une offensive contre leur fief au Sud-Waziristan, près de la frontière afghane. Cette offensive a été lancée après une série d'attaques qui ont pris pour cible des bâtiments de l'ONU, de l'armée et de la police, faisant au total plus de 150 morts.

Le président du Sénat Gérard Larcher et les trois présidents des groupes UMP, PS et Centriste ont essuyé à plusieurs reprises des tirs en Afghanistan lors d'une visite de trois jours.

«On a senti la poudre», a déclaré Jean-Pierre Bel, le chef de file des sénateurs PS. Au quotidien La Dépêche du Midi, qui a révélé l'information, l'élu a expliqué que la délégation avait essuyé la première fois des tirs à balles traçantes mardi alors qu'elle revenait en hélicoptère d'une visite auprès des postes avancés de l'armée française, à l'Est de Kaboul.



Le lendemain, ce sont deux tirs de roquettes qui ont visé l'hôtel Séréna où ils étaient logés, dix minutes après qu'ils l'ont quitté pour se rendre à l'ambassade de France. Un nouveau tir a ensuite eu lieu sur le trajet de la délégation après son passage. «Je ne peux pas affirmer que notre délégation a été précisément visée, car c'est le jour où il y a eu le terrible attentat contre la maison d'hôtes des employés de l'ONU et qui se trouvait à 300 mètres de notre hôtel» a souligné l'élu. Cet attentat des talibans a fait au moins huit tués, dont au moins cinq employés étrangers de l'ONU.
«Dans cette période particulièrement troublée, les talibans tentent par tous les moyens de faire monter la pression et de faire peur aux populations, dans la perspective du second tour de l'élection», a expliqué Jean-Pierre Bel.