Trop de Carla...

Overdose de Carla Bruni dans les rédactions

Par Augustin Scalbert | Rue89 | 20/06/2008 | 17H49

A Libération comme à France Inter, les journalistes se plaignent de la place accordée à la promotion du disque de madame Sarkozy.
Après ceux de Libération, les journalistes de France Inter se plaignent de la place accordée à l'épouse du Président Sarkozy -qu'elle appelle sa "came"- dans leur média. L'album de la chanteuse sortant dans un mois, une contagion plus générale est pourtant à prévoir.

Le Figaro avait tiré le premier, le 12 juin, avec une critique du disque très modérément titrée "Carla Bruni, la belle réussite". Interviewé par LePost.fr, l'auteur de la chronique, Bertrand Dicale, s'est déclaré "surpris" que sa rédaction en chef lui "demande un article si long". Cette avant-première avait été largement "vendue" à la Une du quotidien, la jeune femme l'occupant en grande partie, avec sa guitare.

Probablement instruit par la réussite de L'Express -un record de 600000 ventes en février avec la belle en couverture-, Libération a souhaité avoir Mme Sarkozy comme "rédactrice en chef invitée" pour son numéro à paraître samedi. "Nous avons refusé qu'elle s'invite dans les pages", indique le président de la Société civile des personnels de Libération (SCPL), Christophe Ayad. Mercredi, la SCPL a publié ce bref communiqué interne:

"La SCPL désapprouve et se désolidarise de toute éventuelle opération de communication de Carla Bruni-Sarkozy dans Libération (du type 'rédactrice en chef' ou 'invitée spéciale'), qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’image du journal au moment où son lectorat est à la recherche de repères. Etant donné son statut et sa position actuelle, nous demandons à ce que seul un traitement strictement journalistique lui soit réservé."

Devant Libé: "Bruni au RMI", "Carla au RSA"

La direction a entendu les journalistes, et Carla Bruni n'occupera qu'un "événement" de cinq pages en début de journal, avec un entretien-fleuve recueilli par cinq journalistes, et des articles de critique du disque ou d'analyse, notamment sur l'utilisation de sa femme par le Président dans sa stratégie de reconquête de l'opinion. Dans une vidéo, le directeur délégué de la rédaction de Libé, Didier Pourquery, s'explique sur ce choix.

L'"objet journalistique" -selon le mot de Pourquery- Carla Bruni a en tous cas été fraîchement accueilli ce vendredi dans les locaux du journal: à côté d'une poignée de collégiennes midinettes, une grosse vingtaine d'intermittents distribuaient d'aimables tracts aux salariés du journal -"Bruni au RMI", "Carla au RSA"-, avec des phrases d'accueil comme "Bienvenue dans le journal du CAC-40". De son côté, la direction de Libération a augmenté le tirage pour l'édition de samedi.

France Inter a "bien plus à perdre qu'à gagner"

La chanteuse est aussi boudée par les journalistes et producteurs de France Inter. Dans un communiqué, ils s'émeuvent que leur direction ait signé un partenariat de parrainage avec la maison de disque de Carla Bruni, Naïve:

"Personne ne conteste le talent de l'interprète. Mais son statut, lui, a changé. Devenue épouse du président de la République, Carla Bruni n'est plus une chanteuse comme une autre.

"Dans ce contexte, ce partenariat risque d'être interprété comme une simple bonne manière à l'égard d'un pouvoir qui détient les clefs de l'équilibre budgétaire de Radio France, menacé par la réorganisation de l'audiovisuel public.

"France Inter nous semble avoir, dans cette affaire, bien plus à perdre qu'à gagner. La Société des journalistes et la Société des producteurs tiennent à exprimer clairement leur désaccord."

La direction de la radio n'a pas répondu à nos appels.

A l'Elysée: "Un événement mondial, très populaire"

On se demande si c'est le "changement de statut" de Carla Bruni qui lui vaut les honneurs du 20 heures le jour de la sortie de son album, le 21 juillet, et une invitation chez Michel Drucker, comme le rapporte Challenges.fr. Quoiqu'il en soit, à l'Elysée, on semble se réjouir de cette sortie: "C'est un événement mondial, très populaire, qui aura des répercussions fortes", promet le conseiller en communication du Président, Franck Louvrier.

A part ça, comme l'assure un proche de la chanteuse cité par Challenges, "elle se prête le moins possible à l'exposition médiatique. Elle est sur la réserve."

► Mise à jour le 20/6 à 21h37: retrait du chiffre d'augmentation du tirage de Libération, nos sources divergeant sur cette question (de 10% à 40%).

Anna a écrit:Honnêtement tu peux t'en passer, personnellement je trouve qu'elle fait partie de toute cette nouvelle cague français type Vincent Delerme qui feraient mieux de faire autre chose que de la musique pseudo intellectualisante à peine sussurée sur un simple air de guitare ou de piano et qui évoque avec tant de poésie la désèspèrance amoureuse des quarantenaires bohèmes...