Un peu d'inflation et ça ira mieux !
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Un peu d'inflation et ça ira mieux !
Un peu d'inflation et tout ira mieux!
Le 06/07/09 - Les Echos
Les finances publiques en désordre, les graves difficultés pour restaurer les équilibres des budgets doivent conduire à une révision drastique des moyens d'action. L'inflation, anathématisée depuis 40 ans, est-elle un si mauvais levier? Entre des impôts insupportables et le transfert sans douleur des richesses d'une génération à l'autre, l'inflation n'est-elle pas une idée à retrouver ?
Qu'on le sache et qu'on le clame : les prix à la consommation ont augmenté pour la première fois en six mois de 0.3%! En Allemagne: hausse de 0,7% confirmée en avril!
Une hausse de 0,3%! Une mignardise en quelque sorte! Une petite chose, qui ne paie pas de mine, mais qui, dans cette crise, nous annonce, à coup sûr, le meilleur.
Les étiquettes s'agitent doucement. Il ne s'agit pas encore de tenter des entrechats, des jeté-battus. Non! Les étiquettes savent bien se tenir, à cet instant, et ne pensent pas à valser. Elles frémissent, sans plus!
Et, savez-vous? Pour autant qu'on prenne le soin de les observer d'un peu plus prés certains composants du CPI* affichent des hausses non négligeables!
Un petit début de retour de l'inflation? On a envie de dire "c'est le printemps!" et de sourire avec Monsieur Bernanke, "we can see the green shoots of recovery"**. Rien de plus sérieux! De l'inflation…cause ou signe? Printemps ou bourgeon?
L'inflation était une très bonne idée pour régler les problèmes!
La déflation plie. Les gouvernants ont bien gouverné. Le pire est passé, la destruction de monnaie est enrayée et les prix ne baisseront plus….en tout cas plus autant. La déflation reculant, y a-t-il un risque, une chance…pour que l'inflation soit de retour?
Il faut prêter attention aux risques même de ces réflexions! On euphorise un peu vite et fort légèrement. On touche à quelque chose d'essentiel. Ce dernier "et si…" place son locuteur dans la ligne de mire des défenseurs de la foi: "Je t'exorcise, esprit immonde, ainsi que toute incursion et toute illusion de Satan". Trouver quelque chose de positif à l'inflation équivaut de nos jours à vanter les mérites de Pol-pot et des grands procès staliniens!
Il faut reprendre ses esprits et considérer sereinement les idées et les faits. L'inflation a été décrite pendant les 50 dernières années comme un cancer. Un cancer? Mais, non! On ne prend pas plaisir à un cancer. L'inflation c'était comme une drogue! Quelques auteurs indulgents la présentaient comme une drogue douce. "Trop de champagne, c'est trop, quand même!".
L'inflation, c'était le reflet d'une incapacité de choisir, la manifestation limpide de l'illusion politique: on peut tout faire quand on le veut. Le prix importe peu. Comment payer? De l'inflation!
Et pour que les salariés et les fonctionnaires, les gens méritants n'en souffrissent pas on haussait les salaires en suivant le rythme des prix avec un petit bonus au passage pour consoler. C'était l'échelle mobile des salaires. La mobilité dérivait des conséquences: les salaires de tous augmentant, les coûts de production augmentaient, donc les prix se rehaussaient… et ainsi de suite. Donc une drogue addictive, "trop de champagne ne tue pas le champagne".
Etait-ce si mauvais que ça? En tout, l'excès est condamnable. En matière d'inflation, la planche à billet de la République de Weimar était condamnable, la dérive des prix à deux, voire trois chiffres des économies sud-américaines était condamnable.
Mais n'était-ce pas bon parfois?
Et voilà! Nous y sommes! L'inflation a toujours été un bon moyen pour se libérer de ses dettes.
Dans les dernières années de l'Ancien Régime, Le trésor Public était paralysé, incapable de faire face à l'endettement du Royaume. La Révolution y mit bon ordre et, dans ce combat, son épée fut une monnaie nouvelle, en papier, l'assignat. Elle en joua sans réserve produisant la nouvelle monnaie avec une belle énergie et en grande quantité. L'assignat perdit vite de sa valeur initiale. Les débiteurs remboursèrent leurs dettes en monnaie de singe. La richesse passa du coté des créanciers à celui des débiteurs !
Le XVIIème siècle avait connu une pénurie de numéraire, accompagné de la stabilité des prix et même de leur décroissance, c'est-à-dire de la déflation. Le pouvoir était entre les mains des nantis, usuriers et préteurs. Le système de Laws, dérivant en une production monétaire explosive déclencha une belle inflation et contribua à alléger les dettes publiques et privées….renversant l'ordre des pouvoirs. La richesse changea de camp.
L'inflation ne devrait-elle pas être partie intégrante des armes contre la crise?
La France traverse une crise du surendettement. Il n'est que de lire la presse pour mesurer le monceau de dettes dans lequel elle est empêtrée. Les collectivités locales ne valent pas mieux. De nombreux pays européens ont rejoint la France dans cette contreperformance. L'endettement public de l'Espagne, celui de l'Angleterre et même de l'Allemagne ont pulvérisé les ratios habituels.
Le moyen classique et économiquement correct pour résoudre le problème de l'endettement public? Des impôts, beaucoup d'impôts, sur les riches bien sûr, mais aussi sur tout le monde parce qu'il faut vraiment beaucoup de recettes publiques pour faire face à l'explosion de la dette.
Ce serait correct et en harmonie avec ce qu'ont pensé, voulu et réalisé les meilleurs économistes du monde. Oui….mais…les meilleurs économistes du monde ne seraient pas mal venus de diminuer d'un ton la vigueur de leurs condamnations. Les évènements récents ne plaident pas en leur faveur. Et surtout, lever beaucoup d'impôts sur des gens fragilisés par la montée du chômage, par l'aggravation des risques économiques et par l'effondrement de la valeur des actifs, c'est la porte ouverte à la déflation.
Aux Etats Unis ou en Angleterre le poids de la dette écrase les ménages et les conduit à la ruine. Les biens immobiliers sont vendus à l'encan par saisies et ventes forcées. Conséquence bien naturelle, le repli sur soi-même des agents économiques. L'épargne se substitue à la consommation. La déflation induit thésaurisation et réévaluation des dettes, immobilisme, refus de risquer.
L'inflation est un bon moyen pour rendre le pouvoir à l'initiative, au goût du risque, à l'investissement et à la consommation.
Donc l'inflation! Donc la révolution des idées économiques! Donc l'économiquement incorrect! C'est décidé, on y va! Mais pas n'importe comment! L'inflation "n'importe comment" c'est condamnable, on l'a dit un peu plus haut. Il faut poser les conditions de meilleure efficacité de cette politique.
Au XVIIème siècle, au XVIIIème, comme dans les siècles précédents, le groupe des créanciers se trouvait nettement distinct du groupe des débiteurs. On était en général ou l'un ou l'autre, pas les deux en même temps. De nos jours ce n'est plus vrai. Une seule et même personne détient des obligations d'Etat ou des dépôts dans des banques, donc des titres de créance et est débitrice au titre d'un achat à crédit d'appartements, de voitures….
Produire de l'inflation peut conduire à appauvrir un agent économique tout en allégeant les charges qui pèsent sur lui. C'est le prototype du jeu à somme nul… Alors?
La réponse est très simple: il faut cibler. Par exemple: un peu d'inflation non répercutée sur les retraites. On ne plaindra pas trop la victime qui ne fait pas (plus?) partie de la partie la plus dynamique ou la plus porteuse d'espoir de la société. Ce faisant les charges des organismes de retraite sont allégées, leurs contraintes de financement, le poids de leur endettement diminuent et, par voie de conséquence, le poids relatifs des cotisations sur les gens en activité. Cette réduction de charges compense les hausses de prix vis-à-vis de ceux qui travaillent. La hausse des prix ne porte pas sur les dettes dont la valeur fond doucement à ce soleil printanier. Du coup, sachant qu'ils pourront se désendetter sans souffrir, l'avenir leur parait accessible et …ils s'endettent sans réticences.
Et l'économie se porte mieux…et les retraites sont payées.
En suivant ce type de politique, n'a-t-on pas fait passer de la richesse d'une catégorie, les personnes qui profitent d'un repos bien mérité les pieds ancrés dans le passé, sans charges familiales, à une autre, celles qui vivent les challenges de la vie professionnelle, le stress du chômage, qui se projettent dans l'avenir, bâtissent des familles et construisent des maisons….
Voilà un bon ciblage. Il y en a d'autres, il faut être un peu créatif. Pas trop d'inflation, pas pour tout le monde…voilà l'idée.
Au travail, le vent se lève, il faut tenter de créer l'avenir…
*Consumer price indicateur, ou indice des prix à la consommation
**"Nous pouvons voir les bourgeons de la reprise", dit par Bernanke, en mars 2009
Le 06/07/09 - Les Echos
Les finances publiques en désordre, les graves difficultés pour restaurer les équilibres des budgets doivent conduire à une révision drastique des moyens d'action. L'inflation, anathématisée depuis 40 ans, est-elle un si mauvais levier? Entre des impôts insupportables et le transfert sans douleur des richesses d'une génération à l'autre, l'inflation n'est-elle pas une idée à retrouver ?
Qu'on le sache et qu'on le clame : les prix à la consommation ont augmenté pour la première fois en six mois de 0.3%! En Allemagne: hausse de 0,7% confirmée en avril!
Une hausse de 0,3%! Une mignardise en quelque sorte! Une petite chose, qui ne paie pas de mine, mais qui, dans cette crise, nous annonce, à coup sûr, le meilleur.
Les étiquettes s'agitent doucement. Il ne s'agit pas encore de tenter des entrechats, des jeté-battus. Non! Les étiquettes savent bien se tenir, à cet instant, et ne pensent pas à valser. Elles frémissent, sans plus!
Et, savez-vous? Pour autant qu'on prenne le soin de les observer d'un peu plus prés certains composants du CPI* affichent des hausses non négligeables!
Un petit début de retour de l'inflation? On a envie de dire "c'est le printemps!" et de sourire avec Monsieur Bernanke, "we can see the green shoots of recovery"**. Rien de plus sérieux! De l'inflation…cause ou signe? Printemps ou bourgeon?
L'inflation était une très bonne idée pour régler les problèmes!
La déflation plie. Les gouvernants ont bien gouverné. Le pire est passé, la destruction de monnaie est enrayée et les prix ne baisseront plus….en tout cas plus autant. La déflation reculant, y a-t-il un risque, une chance…pour que l'inflation soit de retour?
Il faut prêter attention aux risques même de ces réflexions! On euphorise un peu vite et fort légèrement. On touche à quelque chose d'essentiel. Ce dernier "et si…" place son locuteur dans la ligne de mire des défenseurs de la foi: "Je t'exorcise, esprit immonde, ainsi que toute incursion et toute illusion de Satan". Trouver quelque chose de positif à l'inflation équivaut de nos jours à vanter les mérites de Pol-pot et des grands procès staliniens!
Il faut reprendre ses esprits et considérer sereinement les idées et les faits. L'inflation a été décrite pendant les 50 dernières années comme un cancer. Un cancer? Mais, non! On ne prend pas plaisir à un cancer. L'inflation c'était comme une drogue! Quelques auteurs indulgents la présentaient comme une drogue douce. "Trop de champagne, c'est trop, quand même!".
L'inflation, c'était le reflet d'une incapacité de choisir, la manifestation limpide de l'illusion politique: on peut tout faire quand on le veut. Le prix importe peu. Comment payer? De l'inflation!
Et pour que les salariés et les fonctionnaires, les gens méritants n'en souffrissent pas on haussait les salaires en suivant le rythme des prix avec un petit bonus au passage pour consoler. C'était l'échelle mobile des salaires. La mobilité dérivait des conséquences: les salaires de tous augmentant, les coûts de production augmentaient, donc les prix se rehaussaient… et ainsi de suite. Donc une drogue addictive, "trop de champagne ne tue pas le champagne".
Etait-ce si mauvais que ça? En tout, l'excès est condamnable. En matière d'inflation, la planche à billet de la République de Weimar était condamnable, la dérive des prix à deux, voire trois chiffres des économies sud-américaines était condamnable.
Mais n'était-ce pas bon parfois?
Et voilà! Nous y sommes! L'inflation a toujours été un bon moyen pour se libérer de ses dettes.
Dans les dernières années de l'Ancien Régime, Le trésor Public était paralysé, incapable de faire face à l'endettement du Royaume. La Révolution y mit bon ordre et, dans ce combat, son épée fut une monnaie nouvelle, en papier, l'assignat. Elle en joua sans réserve produisant la nouvelle monnaie avec une belle énergie et en grande quantité. L'assignat perdit vite de sa valeur initiale. Les débiteurs remboursèrent leurs dettes en monnaie de singe. La richesse passa du coté des créanciers à celui des débiteurs !
Le XVIIème siècle avait connu une pénurie de numéraire, accompagné de la stabilité des prix et même de leur décroissance, c'est-à-dire de la déflation. Le pouvoir était entre les mains des nantis, usuriers et préteurs. Le système de Laws, dérivant en une production monétaire explosive déclencha une belle inflation et contribua à alléger les dettes publiques et privées….renversant l'ordre des pouvoirs. La richesse changea de camp.
L'inflation ne devrait-elle pas être partie intégrante des armes contre la crise?
La France traverse une crise du surendettement. Il n'est que de lire la presse pour mesurer le monceau de dettes dans lequel elle est empêtrée. Les collectivités locales ne valent pas mieux. De nombreux pays européens ont rejoint la France dans cette contreperformance. L'endettement public de l'Espagne, celui de l'Angleterre et même de l'Allemagne ont pulvérisé les ratios habituels.
Le moyen classique et économiquement correct pour résoudre le problème de l'endettement public? Des impôts, beaucoup d'impôts, sur les riches bien sûr, mais aussi sur tout le monde parce qu'il faut vraiment beaucoup de recettes publiques pour faire face à l'explosion de la dette.
Ce serait correct et en harmonie avec ce qu'ont pensé, voulu et réalisé les meilleurs économistes du monde. Oui….mais…les meilleurs économistes du monde ne seraient pas mal venus de diminuer d'un ton la vigueur de leurs condamnations. Les évènements récents ne plaident pas en leur faveur. Et surtout, lever beaucoup d'impôts sur des gens fragilisés par la montée du chômage, par l'aggravation des risques économiques et par l'effondrement de la valeur des actifs, c'est la porte ouverte à la déflation.
Aux Etats Unis ou en Angleterre le poids de la dette écrase les ménages et les conduit à la ruine. Les biens immobiliers sont vendus à l'encan par saisies et ventes forcées. Conséquence bien naturelle, le repli sur soi-même des agents économiques. L'épargne se substitue à la consommation. La déflation induit thésaurisation et réévaluation des dettes, immobilisme, refus de risquer.
L'inflation est un bon moyen pour rendre le pouvoir à l'initiative, au goût du risque, à l'investissement et à la consommation.
Donc l'inflation! Donc la révolution des idées économiques! Donc l'économiquement incorrect! C'est décidé, on y va! Mais pas n'importe comment! L'inflation "n'importe comment" c'est condamnable, on l'a dit un peu plus haut. Il faut poser les conditions de meilleure efficacité de cette politique.
Au XVIIème siècle, au XVIIIème, comme dans les siècles précédents, le groupe des créanciers se trouvait nettement distinct du groupe des débiteurs. On était en général ou l'un ou l'autre, pas les deux en même temps. De nos jours ce n'est plus vrai. Une seule et même personne détient des obligations d'Etat ou des dépôts dans des banques, donc des titres de créance et est débitrice au titre d'un achat à crédit d'appartements, de voitures….
Produire de l'inflation peut conduire à appauvrir un agent économique tout en allégeant les charges qui pèsent sur lui. C'est le prototype du jeu à somme nul… Alors?
La réponse est très simple: il faut cibler. Par exemple: un peu d'inflation non répercutée sur les retraites. On ne plaindra pas trop la victime qui ne fait pas (plus?) partie de la partie la plus dynamique ou la plus porteuse d'espoir de la société. Ce faisant les charges des organismes de retraite sont allégées, leurs contraintes de financement, le poids de leur endettement diminuent et, par voie de conséquence, le poids relatifs des cotisations sur les gens en activité. Cette réduction de charges compense les hausses de prix vis-à-vis de ceux qui travaillent. La hausse des prix ne porte pas sur les dettes dont la valeur fond doucement à ce soleil printanier. Du coup, sachant qu'ils pourront se désendetter sans souffrir, l'avenir leur parait accessible et …ils s'endettent sans réticences.
Et l'économie se porte mieux…et les retraites sont payées.
En suivant ce type de politique, n'a-t-on pas fait passer de la richesse d'une catégorie, les personnes qui profitent d'un repos bien mérité les pieds ancrés dans le passé, sans charges familiales, à une autre, celles qui vivent les challenges de la vie professionnelle, le stress du chômage, qui se projettent dans l'avenir, bâtissent des familles et construisent des maisons….
Voilà un bon ciblage. Il y en a d'autres, il faut être un peu créatif. Pas trop d'inflation, pas pour tout le monde…voilà l'idée.
Au travail, le vent se lève, il faut tenter de créer l'avenir…
*Consumer price indicateur, ou indice des prix à la consommation
**"Nous pouvons voir les bourgeons de la reprise", dit par Bernanke, en mars 2009
Jeanclaude- Député
- Nombre de messages : 7476
Age : 77
Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Un peu d'inflation et ça ira mieux !
Si une inflation excessive porte atteinte à la compétitivité de l'Etat, il est vrai qu'une inflation modérée présente de nombreux avantages et reflète, entre autres critères qu'il faut mettre en perspective, la bonne gestion des finances publiques et d'une certaine stabilité du marché.
patriote reformiste- Conseiller général
- Nombre de messages : 2395
Age : 43
Date d'inscription : 15/05/2009
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