il y a cinquante ans n disparaissait Boris Vian

Comme aujourd’hui, c’était un mardi. Ce 23 juin 1959, l’écrivain, poète et musicien Boris Vian, âgé de 39 ans, s’éteignait à l’hôpital Laennec, à Paris, victime d’un oedème pulmonaire, après être tombé en syncope dans une salle de cinéma des Champs-Elysées où il assistait à une projection privée de « J’irai cracher sur vos tombes », adapté de son roman.




Cinquante ans plus tard, le nom de Vian résonne toujours aussi fort que la trompinette dans laquelle il soufflait dans les caves à musique de Saint-Germain-des-Prés. A la pointe du jazz, de la chanson engagée et du roman subversif.

Au lycée, une « lecture conseillée ». « Il est une voie d’accès à la littérature pour les adolescents », affirme Claire Julliard, auteur d’une biographie. « L’Ecume des jours » s’est vendue à près de 1 million d’exemplaires depuis que le Livre de poche l’a remis dans le circuit en 1997, à raison d’environ 100 000 exemplaires par an. Mais, officiellement, Boris Vian n’apparaît qu’en tant que « lecture conseillée » dans le programme de français des 1res , rien pour la 3e ni la 2de . « Même à la fac, il n’est pas enseigné. De temps en temps chez les terminales L, dans le cadre des romans d’amour. C’est simple, il est trop farfelu ! » explique Anna, professeur de lettres au lycée. Valérie, enseignante au collège, est plus nuancée : « Ses chansons comme le Déserteur pourraient illustrer la poésie engagée. Mais il est passé de mode. » Lorelei, élève en 2d e , n’est pas d’accord : « Boris Vian, c’est mon préféré. De l’Arrache-coeur à l’Herbe rouge, j’ai lu tous ses romans ! C’est un résumé de la vie. »


Les artistes le célèbrent. Vian musicien fascine toujours. En témoigne, outre un concert hommage ce soir salle Pleyel (complet), la sortie hier d’un foisonnant double album, « On n’est pas là pour se faire engueuler », auquel ont contribué quarante artistes dont Juliette, Jeanne Moreau, Arielle Dombasle, Emily Loizeau, Mathieu Boogaerts, Thomas Fersen. Il compte en prime dix-neuf titres inédits. Carla Bruni, elle, chante la bien nommée « Valse des mannequins », dont la musique restée introuvable a été dénichée après un an de recherche alors que la première dame de France avait même commencé à en composer une. « Il ne faut pas oublier, observe Claire Julliard, que Gainsbourg doit à Boris Vian d’avoir osé faire carrière. C’est en voyant Vian sur scène qu’il s’est dit : Si ce type aussi mal dans sa peau y arrive, alors je peux y arriver aussi. » Chez les romanciers, Jean Teulé, Frédéric Beigbeder, Jean-Christophe Rufin ou Florian Zeller ne jurent que par lui. Dans la région de Bordeaux, la Compagnie de la Moisson présente en tournée « Bison Ravi », anagramme de Boris Vian, et remplit les salles avec son spectacle. Cinquante ans après, donc, Vian n’est toujours pas mort. Il est même immortel, puisque la prestigieuse collection de la Pléiade l’accueillera en 2010.