Obama renonce à limiter les salaires de patrons

Plus de trois mois après son coup de sang contre les salaires des employés de firmes renflouées par l'Etat américain, Barack Obama serait sur le point de faire marche arrière. Selon le Wall Street Journal en ligne, l'administration américaine doit annoncer ce mercredi qu'elle renonce à limiter ces rémunérations.

Le 4 février, le président américain avait pourtant dénoncé certaines pratiques «honteuses» des sociétés financières et annoncé plafonner à 500.000 dollars la rémunération annuelle des dirigeants des entreprises qui recevraient l'aide de l'Etat dans le cadre de ses plans de sauvetage de l'économie en crise.

D'après le quotidien économique, qui cite des «sources familières du sujet», ce «compromis » vise à mettre fin à une grande confusion : depuis plusieurs mois, Wall Street ne savait plus où donner de la tête entre les directives de la Maison-Blanche et celles du Congrès.

En prenant cette décision, l'administration Obama laisse donc la question de la limite des salaires entre les mains du Congrès, qui a déjà fait passer une loi interdisant de donner un bonus à un employé d'une de ces sociétés au-delà du tiers de sa compensation annuelle.

Nomination d'un «grand responsable des salaires»

Autre argument avancé par le Wall Street Journal : des restrictions conjointes émanant de la Maison-Blanche et du Congrès risquent de faire fuir les meilleurs éléments de Wall Street à l'étranger.

Mais l'administration Obama ne renonce pas pour autant à des changements plus larges dans les pratiques de rémunérations dans l'industrie des services financiers. Au-delà du soutien aux restrictions passées par le Congrès en février, le gouvernement américain s'apprêterait à passer dans les jours à venir une série de grands principes sur les modalités de rémunération des cadres de banques, pour empêcher les dérives des dernières années, affirmait dimanche le New York Times, sans fournir davantage de détails.

Fin mars, la Chambre des représentants avait déjà adopté un projet de loi - qui doit encore passer la rampe du Sénat - visant à taxer à 90% les primes perçues par des salariés dont la rémunération dépasse 250.000 dollars par an, dans des entreprises ayant reçu plus de cinq milliards de dollars d'aide publique.

Mercredi, l'administration américaine devrait également annoncer la nomination d'un «grand responsable des salaires», chargé de déterminer, par exemple, quel montant doit être payé un trader de Citigroup.

Cette annonce intervient alors que dix des plus grandes banques américaines ont été autorisées mardi à rembourser 68 milliards de dollars que le Trésor leur avait versés il y a 8 mois.