Michel-Edouard Leclerc : "Les prix vont baisser de 2 % en 2009"
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Michel-Edouard Leclerc : "Les prix vont baisser de 2 % en 2009"
LE MONDE | 26.01.09 | 13h53 •
Alors que les dépenses de consommation des ménages ont baissé de 0,5 % au quatrième trimestre 2008, Michel-Edouard Leclerc, le patron de la première enseigne de distribution en France, explique quel pourrait être l'impact de la crise sur le secteur.
Alors que les dépenses de consommation des ménages ont baissé de 0,5 % au quatrième trimestre 2008, Michel-Edouard Leclerc, le patron de la première enseigne de distribution en France, explique quel pourrait être l'impact de la crise sur le secteur.
Propos recueillis par Nathalie Brafman, Claire Gatinois et Stéphane LauerLa loi de modernisation de l'économie (LME) permet désormais aux distributeurs de négocier les tarifs de leurs fournisseurs. Quel impact cela va avoir sur les prix dans les rayons ?
En novembre 2008, nos fournisseurs nous ont proposé des hausses en moyenne de 6 %. C'était tout à fait incompréhensible compte tenu de la baisse des cours des matières premières et de l'énergie, qu'on a connue au second semestre. J'ai donc exigé des fournisseurs la répercussion de ces baisses.
Sur les produits alimentaires, au lieu d'une hausse de 6 %, nous allons parvenir à des baisses de 2 % à 3 %. Dans les secteurs des arts ménagers décoration, la puériculture et le loisir plein air, l'inflation ne dépassera pas les 1,5 %. En revanche, sur les produits numériques, culturels et le textile, les baisses iront jusqu'à 2 % en moyenne. Les fruits et légumes continueront d'augmenter, comme le papier et la parfumerie. Mais, au total, dans les magasins Leclerc, l'inflation sera en dessous de 1 % en 2009.
Au-delà du changement de la réglementation, comment expliquer que de grandes marques comme Danone, Nestlé ou Coca-Cola aient accepté de baisser leurs prix ?
A trop vouloir tirer sur la corde, les grandes marques ont perdu des volumes de vente au détriment des marques de distributeurs (MDD). Leur priorité est de revenir dans les chariots des consommateurs. Au fond, nous sommes passés du statut d'ennemi juré des grandes marques à celui d'allié objectif pour reconquérir la confiance des consommateurs.
Un rééquilibrage entre les MDD et les grandes marques va s'opérer. La proportion des MDD dans les rayons a sans doute atteint sa limite. Elles représentent plus de 30 % des ventes, c'est déjà beaucoup.
Comment les ménages s'adaptent-ils à la crise ?
Contrairement à ce qu'on entend partout, la crise n'est pas encore là, elle est devant nous et va avoir un impact important sur le pouvoir d'achat. Selon l'indice BIPE-Leclerc, celui-ci avait déjà baissé de 1,5 % en 2008. En 2009, la baisse sera inédite : de l'ordre de 2,3 %, le plus mauvais chiffre depuis 2000, date de création de cet indice.
Ce qui est nouveau, c'est que le réflexe de précaution, d'attentisme, d'arbitrage va toucher toutes les catégories sociales. Les enquêtes montrent que jusqu'en 2008 le premier critère d'achat était la proximité. Désormais, c'est le prix. On observe une approche décomplexée de la consommation : quelle que soit la catégorie sociale, il n'y a plus de réticence à mixer des grandes marques avec des MDD ou des marques premiers prix.
Etes-vous inquiet pour 2009 ?
La fin du premier trimestre risque d'être difficile. Avec la multiplication des mauvaises nouvelles, notamment la hausse du chômage, les ménages vont forcément moins consommer en février et en mars. Logiquement, la consommation devrait être négative à la fin du premier trimestre. Cela dit, si la consommation n'est pas assez active, les distributeurs ne vont pas prendre le risque de conserver leurs stocks, notamment dans le numérique. Nous ferons comme les constructeurs automobiles, nous casserons les prix.
Dans ce contexte, va-t-on assister à une redistribution des cartes parmi les enseignes de distribution ?
Grâce à la liberté des prix que donne la LME, chaque enseigne va se réapproprier une stratégie et un marketing propre. Dans un climat de promotions permanentes, les clients ont perdu leurs repères : plus personne ne sait quel est le prix de référence. L'engagement de Leclerc consiste à baisser les prix sur les produits de fonds de rayon, la promotion restant un outil ponctuel et ciblé.
En fait, la nouvelle loi va créer les conditions d'une concurrence plus active, qui va plutôt se faire à l'avantage des distributeurs indépendants. Leclerc, Intermarché et Systeme-U seront les enseignes qui feront la course en tête en 2009.
Cela peut-il donner un nouvel élan au concept d'hypermarché, qui n'avait plus la cote ces dernières années ?
Avec l'entrée en application de la LME, je suis optimiste sur l'avenir de l'hypermarché à taille humaine, c'est-à-dire entre 3 000 et 8 000 m2. Pendant dix ans, l'hypermarché avait perdu de son attractivité à cause du pouvoir politique. Cette situation a permis aux maxidiscompteurs de se développer et de reconquérir le commerce de proximité de centre urbain. Ils vont encore se développer, mais ils ne pourront pas rivaliser avec l'offre des hypermarchés. Et si le maxidiscompte prend encore deux ou trois points de part de marché, je ne vois pas le concept encore beaucoup progresser.
La plupart de vos concurrents se sont lancés sur Internet. Qu'attendez-vous pour le faire ?
Nous devrions lancer un grand portail Leclerc cette année. Mais comme il n'existe aucun modèle économique rentable qui garantisse que l'on peut vendre moins cher sur le Net, nous avons opté pour un réseau de points d'enlèvement dans les magasins. Cette formule a été testée à Toulouse, elle fonctionne bien, et une vingtaine de sites ouvriront en 2009.
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