Le "nez" du paquebot France bientôt vendu aux enchères à Paris

PARIS (Reuters) - Le "nez" et une partie du mobilier du France, paquebot de croisière qui fit rêver toute une génération dans les années 1960, vont être proposés aux enchères à Paris.

Organisée les 8 et 9 février, cette vente sera sans doute l'une des ultimes occasions d'acquérir des vestiges du dernier transatlantique français, qui accueillit les élites du monde entier pendant ses 13 années de service sous pavillon tricolore.

Haut de 3,50m, pesant plus de quatre tonnes, le "nez" du France, reste du navire récemment démantelé en Inde, est arrivé vendredi à Paris, où il est exposé sur le Rond-point des Champs-Elysées. Il est estimé entre 80.000 et 100.000 euros.

Parmi les 500 autres lots proposés, on trouve des lampes, des morceaux de cheminée, un guéridon signé Jacques Leleu provenant de la bibliothèque, des rampes d'escalier de Raymond Subes et deux panneaux d'une immense gravure de Claude Hertenberger provenant de la salle à manger. Une centaine d'artistes avaient travaillé au luxueux aménagement du paquebot.

Toutes les pièces mises en vente ont été rassemblées grâce à l'acharnement d'un Français, Jacques Dworczak, un passionné de marine. "C'est le plus beau paquebot au monde, qui a fait rêver plein de gens. Je me suis lancé un défi à la crise de la cinquantaine : rapatrier le nez du plus beau paquebot au monde sur la plus belle avenue au monde", a-t-il déclaré à Reuters TV.

"C'est un morceau sauvé des eaux, qui devait terminer au fond de l'eau et que M. Jacques Dworczak a réussi à sauver", a souligné Francis Briest, vice-président de la maison de vente Artcurial, devant le nez bleu et blanc flottant au bout du câble d'une grue.

Oeuvre des chantiers navals de Saint-Nazaire, le France fut baptisé le 11 mai 1960 par le général de Gaulle qui conclut son discours par un vibrant : "Vive le France, vive la France !"

"Le France dont la France est fière", comme titrait Paris Match à l'époque, a transporté près de 600.000 passagers en 377 traversées transatlantiques.

Désarmé en 1974 pour des raisons économiques, le navire est resté cinq ans immobilisé au Havre, son port d'attache, avant d'être cédé en 1977 au milliardaire saoudien Akram Ojjeh, puis revendu à une compagnie de croisière norvégienne qui le rebaptisa Norway. C'est sous le nom de "Blue Lady", adopté en 2006, qu'il a fini sa vie.

Malgré les tentatives de sauvetage de plusieurs associations, qui ont dénoncé un "gâchis de patrimoine", il a été démantelé à Alang, en Inde. Sa valeur en ferraille a été estimée à 12 millions d'euros.

Adoré puis délaissé par son pays, le navire avait inspiré dans les années 1970 une chanson de Michel Sardou, qui disait : "Ne m'appelez plus jamais France/La France, elle m'a laissé tomber/Ne m'appelez plus jamais France/C'est ma dernière volonté".