Aviation - Pilote de ligne, il ne sait pas atterrir dans le brouillard

Un avion Flybe a dû faire demi-tour juste avant d'atterrir mardi à Paris, le pilote ne sachant pas atterrir dans le brouillard malgré 30 ans d'expérience.
L'autorité de l'aviation civile britannique a souligné qu'il s'agissait d'un incident exceptionnel mais probablement pas le premier du genre.
- le 18/12/2008 - 17h42



Un appareil de la compagnie Flybe a été contraint de faire demi-tour quelques minutes avant son atterrissage prévu à Paris mardi matin, le pilote n'ayant pas la compétence pour atterrir dans le brouillard malgré ses 30 ans d'expérience, a annoncé la compagnie aérienne britannique. Le pilote a annoncé aux passagers stupéfaits : "Je n'ai pas les qualifications requises pour atterrir", avant de faire demi-tour en direction de l'aéroport de Cardiff, au pays de Galles d'où il était parti.

La porte-parole de la compagnie à bas-prix britannique a indiqué que le pilote était expérimenté et avait 30 ans de métier derrière lui. Mais il est récemment passé d'un bombardier Q300 à un Bombardier Q400, et "n'avait pas encore suivi l'entraînement pour effectuer un atterrissage dans des conditions telles que le brouillard dense qu'il a pu expérimenter à Paris", a-t-elle expliqué. "Le pilote a donc légitimement fait faire demi-tour à l'appareil, puis il est reparti pour Cardiff, une décision que la compagnie soutient à 100 %", a conclu la porte-parole.

"Si je n'avais pas été là, je ne l'aurais pas cru"

L'une des passagères, Cassandra Grunt, a indiqué avoir manqué un entretien d'embauche dans la capitale parisienne à cause de l'incident. "A 20 minutes de Paris, le capitaine a dit : 'Malencontreusement je n'ai pas les qualifications pour atterrir. Ils réclament un niveau 2 et je n'ai que le niveau 5. Nous allons devoir faire demi-tour'", a raconté la jeune femme de 29 ans au journal écossais South Wales Echo. "Si je n'avais pas été dans l'avion, je ne l'aurais pas cru", a-t-elle souligné.

L'autorité de l'aviation civile britannique a souligné qu'il s'agissait d'un incident exceptionnel mais probablement pas le premier du genre. "J'imagine qu'au moment du décollage (le pilote) a pensé remplir les conditions nécessaires pour se poser au sol", a déclaré un porte-parole. "Il y a différentes qualifications pour un appareil, et quand un avion est modernisé, les pilotes ayant volé avec la version précédente doivent complètement mettre à jour leur entraînement", a-t-il poursuivi. A leur descente de l'avion, les passagers du vol BE1431 se sont vu proposer un remboursement ou un transfert sur un autre vol.

L'explication est à chercher dans la règlementation sur les minimas :

Il est parfaitement autorisé de débuter un vol vers une destination non accessible météo au stade de la préparation du vol. Lé législateur prend en compte le fait que la météo n'est pas une science exacte et ne cloue pas un avion un sol pour cela (sinon, cela arriverait assez souvent... Rolling Eyes ). En revanche, dans ce cas de figure, il oblige le CdB à avoir deux aérodromes de dégagement accessible avec des minimas dégradés (là encore parce que la météo n'est pas une science exacte). Par exemple, si au dégagement une arrivée ILS cat 3 (20 ft et 75 m) est dispo, il faut que la météo annonce qu'il y a au moins de quoi faire une cat 1 plus restrictive (200 ft & 550 m). Si seul une ILS cat 1 est dispo, il faut que la météo permette une arrivée classique (VORDME 400 ft & 1200 m par exemple).

Pour résumer :
On peut toujours aller voir à destination. C'est la compagnie qui décide de tenter le coup quand le vol est dispatché et le CdB qui décide si c'est safe ou pas d'essayer avant de partir.
Par contre, on doit toujours pouvoir rejoindre une dégagement dont on s'est assuré l'accessibilité en prenant de bonnes marges (comme expliqué plus haut).


Donc je ne vois rien à redire aux décisions du CdB de ce vol.
J'imagine qu'Orly devait aussi être dans la mélasse pour préférer ramener ses passagers vers l'Angleterre... Question
Evidemment, c'est pas évident d'expliquer cela aux PAX. Peut-être aurait-il pu se contenter de dire que la météo etait trop mauvaise. C'est un exercice jamais facile. silent