Les sales notes du patron des RG
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Les sales notes du patron des RG
RENAUD LECADRE
Les carnets intimes d’Yves Bertrand tombent dans le domaine public. L’inamovible directeur des Renseignements généraux (de 1992 à 2004) s’insurge contre la publication de son ramassis de ragots financiers et sexuels sur les hommes et femmes politiques. En vain : ses 23 carnets à spirales (2 000 pages) sont depuis jeudi à la disposition, sous forme de cédérom, des soixante avocats du procès de l’Angolagate qui reprend cet après-midi, n’en déplaise à Bertrand qui menace de poursuivre les journaux qui en publieraient des passages.
je vous laisse commenter , moi je suis écoeurée !
Les carnets intimes d’Yves Bertrand tombent dans le domaine public. L’inamovible directeur des Renseignements généraux (de 1992 à 2004) s’insurge contre la publication de son ramassis de ragots financiers et sexuels sur les hommes et femmes politiques. En vain : ses 23 carnets à spirales (2 000 pages) sont depuis jeudi à la disposition, sous forme de cédérom, des soixante avocats du procès de l’Angolagate qui reprend cet après-midi, n’en déplaise à Bertrand qui menace de poursuivre les journaux qui en publieraient des passages.
On comprend ses préventions : à lire en détail ses carnets (des extraits significatifs ont déjà été publiés en juin dans Libération puis en octobre dans le Point et hier dans le Parisien), l’ex-patron des RG est ravalé à un boulot de basse police. Depuis trois semaines, il multiplie les interviews pour déminer leur divulgation : à l’entendre, il «notait les rumeurs pour protéger ceux qui en étaient la cible», ou encore «démonter les manipulations». Voila pourtant ce qu’il écrit à propos de Lionel Jospin à l’approche de la présidentielle de 2002 : «Il faut continuer à pilonner.» (lire page 5) Sur Yves Contassot, élu vert de Paris, signataire en 2001 - aux côtés d’Arnaud Montebourg - d’une demande de renvoi de Chirac devant la Haute cour de justice : «A-t-il des casseroles ?»
Bertrand avait cette sale manie de vérifier si les parents de tel ou tel opposant à Chirac - son seul et véritable patron - n’auraient pas été collabos pendant la Seconde Guerre mondiale. A propos du père d’un ténor socialiste, il consigne méthodiquement : «Photo de lui en uniforme d’officier de la gestapo.» Bertrand paraît également obsédé par l’orientation sexuelle des responsables politiques : les termes «homo»,«bisexuel» ou «pédophile» apparaissent à plusieurs reprises, accolés à des noms. Faute d’en savoir long sur la vie intime de Jospin, il prend quand même soin de mentionner, en septembre 2001 : «Aurait acheté un pantalon rose» dans les années 70…
Loin de protéger les politiques de la rumeur, Bertrand semble prendre un malin plaisir à l’entretenir. Pourquoi, en 2003, noter avec moult détails comment Nicolas Sarkozy aurait trompé sa première épouse avec Cécilia bien des années plus tôt ? Pourquoi recenser qu’un «ancien collaborateur de François Mitterrand a été pris dans une affaire de mœurs au fond d’un bois il y a dix ans» ? Mentionner que «le prince Albert fume du shit», est-il vraiment utile à la sécurité de l’Etat français ?
La méthode et les obsessions d’Yves Bertrand sont bien plus parlantes que le contenu de ses carnets. En publiant de nouveaux extraits, Libération veut seulement montrer que Bertrand - entre des considérations sur le terrorisme, la litière de son chat et le suivi de ses comptes bancaires - aura passé beaucoup de temps à chercher querelle aux concurrents successifs de Jacques Chirac. De gauche (DSK, Lionel Jospin, Arnaud Montebourg) comme de droite (Charles Pasqua, François Bayrou, Nicolas Sarkozy). Seuls ceux susceptibles de mettre en cause - de l’intérieur - son grand homme (Jean Tiberi, Jean-Charles Marchiani) faisant l’objet de sa compassion. Ces extraits relèvent au mieux de la rumeur, au pire de la calomnie. Tous n’ont pas forcément fait l’objet d’une note des RG. Mais ces bouts de phrase jetés sur des carnets renforcent les soupçons d’existence, sous Chirac, d’un cabinet noir.
Dominique Strauss-Kahn
En 1999, le ministre de l’Economie est mis en cause dans l’affaire MNEF pour avoir rédigé un rapport sur une filiale de la mutuelle, payé par la Générale des eaux. Bertrand note comme à regret : «Proglio [patron de la Générale, ndlr] dit que DSK a réellement fait un travail.» Mais déniche aussitôt une casserole voisine: «Contrat entre Anne Sinclair et Elf International. Elle a touché de l’argent quand son mari était ministre de l’Industrie.» Pure invention, mais Bertrand ne s’arrête pas là. En 2001, il relève une interview du président gabonais, Omar Bongo, au Fig Mag : «J’ai remis 90 000 francs à un homme politique.» Et se croit autorisé de compléter, entre parenthèses, «DSK».
Charles Pasqua
Auréolé de son succès aux européennes en 1999, il fait figure de danger. Dès 2000, Bertrand se penche sur l’affaire Angolagate : «Les juges vont trouver le financement de Pasqua.» Puis sur le dossier Elf : «Affaire énorme, Pasqua en difficulté.» Un an plus tard, il croit triompher : «Sirven va parler : tout ce qu’il a fait, c’était après les rencontres avec Pasqua et Mitterrand.» Raté : Pasqua a finalement échappé à l’affaire Elf. Mais pas à l’Angolagate.
François Bayrou
Dès 2001, le candidat UDF à la présidentielle est ciblé comme un ennemi. Bertrand s’en prend à son bras droit, Marielle de Sarnez, accusée sans preuves de financement occulte : «Richissime, en cheville avec un type qui organise les congrès de l’UDF. » Plus tard, «c’est Borloo qui amène le fric occulte à Bayrou.» Faudrait savoir…
Arnaud Montebourg
A partir de 2000, Bertrand surveille comme le lait sur le feu l’activisme de l’opposant numéro 1 à Chirac. «Montebourg prépare une cassette sur les affaires […]. A du fric pour ouvrir des cercles VIe république dans tous les arrondissements» parisiens. Puis pense dénicher la faille : «Montebourg va à Marrakech, avocat de marocains proches des islamistes.» Le député socialiste a porté plainte.
Nicolas Sarkozy
Sitôt Chirac réélu, Bertrand se penche sur son nouveau concurrent principal, dès mai 2002. Toujours à sa manière : «Sarko, un mec le tient. JN Tassez, ancien PDG de RMC, raconte partout qu’il le finance depuis des années, qu’il lui a donné du fric de Falcone.» Tassez a depuis porté plainte. Bertrand revient à la charge en septembre 2002, Sarkozy étant pourtant son ministre de tutelle : «Quand Jaffré était président d’Elf, a pris Sarko comme consultant. Il avait un petit bureau à la Défense.» Le travail de sape continue jusqu’en 2003 : «Sarko, 150 000 F en liquide dans son cabinet.» Plus une petite dernière pour la route : «Sarko fait construire une villa à côté de Sartrouville. Fait venir des entreprises de Neuilly. TT au black.» Yves Bertrand n’oublie pas Cécilia Sarkozy, changeant les «volets et rideaux», ou «accompagnatrice d’une filiale de la Générale des Eaux.»
Jean Tiberi
A l’approche des municipales de 2001, Jean Tiberi, maire de Paris, est à prendre avec des pincettes. Bertrand se fait le relais de son chantage à peine voilé envers Chirac. «Problème avec les Tiberi. Xavière fait de réelles menaces. Jean est allé voir Romani : "J’en peux plus". Roussin et Pandraud, directeurs de cabinet successifs de Chirac, distribuaient du fric en liquide à des tas de gens sur fonds secrets.» Benoîte conclusion de Bertrand : «Chirac emmerdé. S’il soutient Tiberi, il se met tout le monde à dos. S’il soutient pas, Xavière et Jean Tiberi balancent tout.»
Jean-Charles Marchiani
En 2002, Yves Bertrand déjeune à de nombreuses reprises avec ce pilier des réseaux Pasqua. Lequel menace, si on continue à lui chercher querelle sur ses comptes en Suisse, de narrer les dessous de la libération d’otages en ex-Yougoslavie, l’arrestation du terroriste Carlos, le détournement d’un Airbus en Algérie… «On a filé du fric, fait-il savoir à Yves Bertrand : Je vais balancer, je vais faire un recours à Chirac.» Vain chantage, puisque Jean-Charles Marchiani réside aujourd’hui en prison.
Jean-Pierre Chevènement
A contrario, Bertrand n’est qu’éloges envers Chevènement. Après la démission du «Che» du ministère de l’Intérieur, il note en septembre 2001 : «JPC fait un malheur.» Durant le passage de Chevènement place Beauvau, Bertrand suivait ses démêlés avec le Premier ministre sur la Corse : «Bordel innommable à Matignon, différent Chevènement- Jospin.» Chevènement a-t-il donné carte blanche à Bertrand pour torpiller Jospin ? Après l’imbroglio d’une réunion parallèle au Grand Orient avec des nationalistes corses, en marge du processus de Matignon, il relève : «MDC [Mouvement des citoyens, ndlr] balance Rebs.» François Rebsamen niait alors être présent à cette réunion clandestine. Mais un inspecteur des RG dépêché par Bertrand y assistait aussi. Alerte rouge : «Le mettre dans le premier avion aux Antilles, RG Pointe-à-Pitre.»
Mitterrand, Pasqua, Bush
Yves Bertrand surveille également comme le lait sur le feu l’affaire des frégates de Taïwan, non élucidée à ce jour pour cause de secret défense. Ses différentes mentions évoquent les multiples pistes de financement politique, aussi successives que contradictoires ; il écrit un jour que «la majorité des commissions a été donnée au fils Mitterrand et au fils Bush», à une époque où George W. n’était encore que le fils de son père ; deux ans plus tôt, c’était «une partie chez Pasqua, une partie chez les socialistes» ; puis en avril 2002, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, cette fois c’est «Le Pen (qui) touche des commissions sur vente des frégates, 2 %, 66 millions de francs», après avoir «rencontré Jospin» dans un grand hôtel parisien… Dans le genre élucubrations, difficile de faire mieux.
Bruno Gaccio
Dans la chiraquie, l’auteur des guignols n’est pas en odeur de sainteté. Fin 2002, Yves Bertrand se met en chasse : «Le marionnettiste a les stups sur le dos.» Le nom de Gaccio apparaît deux autres fois, comme un pense-bête. Lui aussi a porté plainte.
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Re: Les sales notes du patron des RG
Tu es loin d'être la seule ... mais cela m'inquiète malgré tout car qu'est-ce qui nous prouve que ce genre de personnage n'existe pas encore ?
Jeanclaude- Député
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Re: Les sales notes du patron des RG
On peut penser ce que l'on veut , pour éviter des procès stalinien on ne peut en âtre sur que lorsque le type est pris .
Actuelement , comme dans le passé il existe des services de renseignements , mais leur rôle est de veiller la sécurité de l'état , de déjouer des menaces , pas de dépister qui couche avec qui .
Actuelement , comme dans le passé il existe des services de renseignements , mais leur rôle est de veiller la sécurité de l'état , de déjouer des menaces , pas de dépister qui couche avec qui .
Re: Les sales notes du patron des RG
Tu veux dire quoi en parlant de procès stalinien ? le type en question est connu et a du être interrogé et ses documents soustraits et remis à la justice.livaste a écrit:On peut penser ce que l'on veut , pour éviter des procès stalinien on ne peut en âtre sur que lorsque le type est pris .
Actuelement , comme dans le passé il existe des services de renseignements , mais leur rôle est de veiller la sécurité de l'état , de déjouer des menaces , pas de dépister qui couche avec qui .
Certes des imbéciles il y en existe et il en existera toujours dans le secteur d'information judiciaire. Mais dans le lot il y aussi de bons éléments !
Jeanclaude- Député
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Date d'inscription : 26/09/2008
Re: Les sales notes du patron des RG
ai je jamais dit qu'ils étaient tous pourris ?, tu sais parfaitement que je défends nos institutions et nos fonctionnaires .
Pour ce type , on ne peut qu'espérer qu'il n'y aura pas d'autre cinglé ou pervers , voire profiteur de ce type , bien que , n'ayant pas trop d'illusions sur la bonté humaine , je ne verserai pas dans l'angélisme et je suis certaine qu'il y en aura toujours qui agiront ainsi .
Pour ce type , on ne peut qu'espérer qu'il n'y aura pas d'autre cinglé ou pervers , voire profiteur de ce type , bien que , n'ayant pas trop d'illusions sur la bonté humaine , je ne verserai pas dans l'angélisme et je suis certaine qu'il y en aura toujours qui agiront ainsi .
Re: Les sales notes du patron des RG
livaste a écrit:ai je jamais dit qu'ils étaient tous pourris ?, tu sais parfaitement que je défends nos institutions et nos fonctionnaires .
Pour ce type , on ne peut qu'espérer qu'il n'y aura pas d'autre cinglé ou pervers , voire profiteur de ce type , bien que , n'ayant pas trop d'illusions sur la bonté humaine , je ne verserai pas dans l'angélisme et je suis certaine qu'il y en aura toujours qui agiront ainsi .
Si c'est à moi que tu réponds je ne t'ai JAMAIS dit que tu traitais ce genre de phénomène de "pourri", pas plus que je ne traitais les fonctionnaires du même qualificatif. Je sais parfaitement que tu défends nos institutions, tout comme moi et tout comme de nombreux français ! tu n'es une exception sur ce point !
Jeanclaude- Député
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