Crise et recession

Le produit intérieur brut (PIB) a diminué de 0,5% au troisième trimestre par rapport au second, a annoncé jeudi l'Office fédéral de la statistique, après une contraction de 0,4% au deuxième trimestre (0,5% annoncé initialement).

L'économie allemande ne s'était pas repliée durant deux trimestres consécutifs - la définition de la récession technique - depuis le premier semestre 2003.

Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une contraction de 0,2% au troisième trimestre.

La baisse du PIB sur la période juillet-septembre, plus forte qu'attendu donc, est marquée par une contribution négative du commerce extérieur, traditionnel pilier de l'économie allemande, en raison de la forte hausse des importations et de la baisse des exportations, précise l'OFT.

Ce facteur a plus qu'occulté la relative bonne tenue de la consommation privée et publique.

Le détail des composantes du PIB sera publié le 25 novembre.

Premier exportateur mondial et premier partenaire commercial de la France, Berlin a annoncé la semaine dernière un excédent commercial de près de 14 milliards au titre de septembre. Mais cet excédent accuse une chute de 20% à moins de 40 milliards d'euros au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, selon des calculs effectués par Reuters à partir des chiffres publiés .

VERS UNE RÉCESSION PROLONGÉE ?

Les économistes se montrent pessimistes pour l'avenir. Carsten Brzeski, économiste chez ING Financial, estime que l'Allemagne, touchée de plein fouet par "le vent mauvais de la crise financière et du ralentissement économique mondial", affichera au quatrième trimestre des chiffres du PIB encore plus mauvais.

Pour lui, comme pour Sebastian Wanke, de la Dekabank, il ne faut pas escompter de reprise avant le second semestre 2009.

Matthias Huth, chez LBBW, précise qu'il ne s'agit pas simplement d'une récession au sens technique du terme, mais d'une récession "importante" qui ne sera pas terminée en deux trimestres.

"Il est positif que la consommation privée soit en hausse. Compte tenu du niveau de chômage bas, ce n'est pas si surprenant", commente-t-il.

Le taux de chômage en Allemagne s'est inscrit à 7,5% en octobre, au plus bas depuis 16 ans, avec un nombre total de chômeurs à 3,151 millions.

Klaus Schrüfer, chez SEB, estime qu'on ne peut pas dire si la reprise aura lieu au deuxième, au troisième ou au quatrième trimestre de l'an prochain. Il rappelle la très grande dépendance de l'économie allemande à l'économie mondiale, compte tenu de sa forte activité exportatrice.

Sur un an, l'économie allemande affiche un rythme de croissance de 1,3% au troisième trimestre, très ralenti par rapport au 3,3% du trimestre précédent.

Ajusté du nombre de jours ouvrables, le PIB affiche une croissance de 0,8% sur un an.

Les chiffres du PIB couronnent une semaine de mauvais indicateurs économiques allemands. La production industrielle du pays a enregistré sa plus forte baisse en près de 14 ans au mois de septembre avec une baisse des commandes manufacturières inédite depuis la réunification en 1990.

Même les grandes entreprises ne sont pas à l'abri de la récession. Le groupe Daimler a annoncé le mois dernier la fermeture de deux grosses usines pour une durée d'un mois en raison d'une forte baisse de la demande.

Le fabricant de pièces automobiles Robert Bosch a annoncé la semaine dernière qu'il allait réduire la semaine de travail de 3.500 salariés pour une période de six mois.

En France, les chiffres préliminaires du PIB seront publiés vendredi par l'Insee. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a indiqué que le risque d'une croissance négative pour le deuxième trimestre consécutif était réel. Le PIB de la France a accusé une baisse de 0,3% au deuxième trimestre.

La ministre de l'Economie Christine Lagarde l'a annoncé ce vendredi matin sur RTL, l'Insee l'a confirmé : avec une croissance de 0,14% au troisième trimestre, la France échappe à la récession. Le produit intérieur brut (PIB) de la France a progressé de 0,1% au troisième trimestre 2008, selon les premiers résultats publiés vendredi par l'Institut national de la Statistique.


Il s'agit d'une première estimation, susceptible d'être révisée à plusieurs reprises dans les mois à venir.

Au deuxième trimestre 2008 - bien avant la faillite de la banque Lehman Brothers et l'accélération de la crise financière - la croissance avait fléchi de 0,3% selon l'Insee. L'Institut national de la statistique tablait dans ses dernières prévisions sur une baisse du Produit intérieur brut (PIB) de 0,1 point aux troisième et quatrième trimestres. Des prévisions qui, si elles s'étaient réalisées, aurait signifié que l'Hexagone était entré en récession. La récession est définie techniquement par deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

La consommation des ménages se maintient bien

«Le chiffre est étonnant puisque chacun s'attendait à un chiffre négatif et se préparait à débattre sur la récession», a reconnu la ministre, soulignant que la situation en France était différente de celle de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne qui enregistrent une croissance négative de 0,5 %. La consommation des ménages et l'investissement des entreprises «sont les deux moteurs qui, au troisième trimestre, ont tiré la France au-delà de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne», s'est félicitée Mme Lagarde.

Selon elle, la consommation «a tenu un peu mieux» qu'au deuxième trimestre et l'investissement des entreprises a été «bien meilleur», progressant de 0,3% au troisième trimestre contre -1,0% au trimestre précédent. Le troisième pilier de la croissance, le commerce extérieur, a eu un effet neutre sur la croissance car «les importations et les exportations se sont à peu près équilibrées», a-t-elle ajouté.

Les prévisions restent mauvaises

Le gouvernement prévoit toujours une croissance «autour de 1%» en 2008. Pour l'an prochain, il a récemment abaissé ses prévisions, entre 0,2% et 0,5%, et n'exclut pas de les revoir encore. La Commission européenne prévoit quant à elle une croissance française de 0,9% cette année et une croissance nulle l'an prochain. Le Fonds monétaire international (FMI) a quant à lui averti que la France devrait subir une récession en 2009, avec un recul du PIB de 0,5%, tout comme l'ensemble de la zone euro.

Hausse de l'emploi salarié et du salaire mensuel en 2007

La France a de nouveau détruit plus d'emplois qu'elle n'en a créés avec une baisse de 0,1% de l'emploi salarié au troisième trimestre (-10.800 postes sur un trimestre) dans les entreprises du secteur principalement marchand, selon des chiffres provisoires publiés vendredi. Ces chiffres diffusés par le ministère de l'Emploi, ramènent la hausse annuelle de l'emploi salarié par rapport au troisième trimestre 2007 à 0,4% (+70.200 postes) et confirment le retournement de l'emploi salarié pour le deuxième trimestre consécutif.

Par secteur, seule la construction affiche une progression de créations d'emploi sur le trimestre (+0,4%, +5.600 postes) et sur un an (+2,3%, soit +34.100 postes).

Parallèlement, selon le ministère, le salaire mensuel de base (SMB) a augmenté de 0,7% au troisième trimestre 2008 par rapport au deuxième trimestre, soit un gain de pouvoir d'achat de 0,7 point car l'inflation a stagné sur cette période. Sur un an, le SMB a progressé de 3%, autant que l'inflation observée entre septembre 2007 et septembre 2008, soit une stabilité du pouvoir d'achat des salaires sur douze mois.

Par secteur, le salaire mensuel de base a le plus progressé dans les services (+0,7%), devant la construction (+0,6%) et l'industrie (+0,6%).

Alors que l'économie française y échappe d'une très courte tête avec une croissance de 0,1% au troisième trimestre, l'Italie est, elle, entrée en récession. Selon une estimation provisoire vendredi de l'Istat (l'équivalent de l'Insee en Italie), le Produit intérieur brut (PIB) italien a reculé de 0,5% au troisième trimestre après une contraction de 0,3% au deuxième trimestre.


Ce recul de 0,5% par rapport au trimestre précédent est beaucoup plus élevé qu'attendu en Italie, troisième économie de la zone euro, qui n'a pas connu de récession technique depuis quatre ans. Selon un consensus établi par l'agence Dow Jones Newswires, les économistes tablaient sur une contraction de 0,2%. Par rapport au troisième trimestre 2007, le PIB s'est contracté de 0,9% alors que les économistes s'attendaient à un recul de 0,3%.

L'Istat doit confirmer ces chiffres le 10 décembre.

Le gouvernement italien table officiellement sur une croissance de 0,1% en 2008 et de 0,5% en 2009, mais ses prévisions ont été établies en septembre, avant l'aggravation de la crise financière.

La France, qui a annoncé vendredi une progression de son produit intérieur brut (PIB) de 0,1 % au troisième trimestre, fait pour l'instant bonne figure au sein de l'Union européenne, frappée par la récession dans le sillage de la crise financière.

Les États-Unis ont vu eux aussi leur PIB reculer de 0,1 % sur cette période. Quant au Japon, il annoncera lundi les chiffres du 3e trimestre qui pourraient confirmer son entrée en récession.


- PREMIER PAYS TOUCHÉ EN EUROPE : LE DANEMARK

L'économie danoise, réputée pour être l'une des plus solides d'Europe, a été la première à marquer le pas. Le PIB danois a reculé de 0,6 % au premier trimestre, après un recul de 0,2 % au quatrième trimestre 2007. Après cette période de contraction de l'activité, l'économie s'est un peu ressaisie au deuxième trimestre (+0,4 %).


- PAYS AUJOURD'HUI EN RÉCESSION :


* L'IRLANDE a été le premier pays de la zone euro à entrer en récession au deuxième trimestre, en raison d'un retournement de la construction et de la consommation. Son PIB a reculé de 0,5 % au deuxième trimestre, après une baisse de 0,3 % au premier.


* LA LETTONIE est aussi entrée en récession au deuxième trimestre, son PIB reculant de 0,5 % après une contraction de 0,5 % au premier trimestre.


* L'ESTONIE vient d'enregistrer la troisième baisse consécutive de son PIB au troisième trimestre (-1 %), après un recul de 0,8 % au deuxième et de 0,9 % au premier, en raison notamment d'une baisse de la demande intérieure.


* L'ALLEMAGNE , première économie de la zone euro, qui bravait au premier trimestre 2008 la crise grâce à la compétitivité de son industrie et la force de ses exportations en Europe de l'Est, a finalement courbé l'échine. Elle est entrée en récession pour la première fois depuis cinq ans au 3e trimestre. Son PIB a reculé de 0,5 % au troisième trimestre après un premier recul de 0,4 % au deuxième.


* L'ITALIE est entrée en récession au troisième trimestre, où son PIB s'est contracté de 0,5 %, après -0,4 % au précédent.


- PAYS MENACÉS


* LE ROYAUME-UNI a vu son PIB se contracter de 0,5 % au troisième trimestre, son premier recul depuis 1992, confortant les craintes de récession.


* L'ESPAGNE , fragilisée par l'éclatement de la bulle immobilière, a aussi vu son PIB reculer de 0,2 % au troisième trimestre, une première depuis 1993. Cette contre-performance met un terme à une décennie de forte croissance.


* LES PAYS-BAS ont enregistré au 3e trimestre une croissance nulle (0,0 %) pour le deuxième trimestre consécutif.


- AU TOTAL, L'ENSEMBLE DE LA ZONE EURO est désormais en récession pour la première fois depuis sa création en 1999, avec un recul de 0,2 % de son PIB au troisième trimestre, selon l'Office statistique européen Eurostat.