Royal prête à acheter les votes des militants !

C’EST LE JOUR J pour les adhérents du PS, invités à voter aujourd’hui entre 17 heures et 22 heures pour l’une des six motions en compétition au congrès de Reims (du 14 au 16 novembre). Un vote crucial dans la course à la succession de François Hollande. Si les deux petits courants, Utopia et le Pôle écologique, ne feront sans doute que de la figuration, la partie s’annonce serrée entre Bertrand Delanoë, Ségolène Royal et Martine Aubry.

Nouvelle figure de la gauche du parti, Benoît Hamon sera, lui, en embuscade. Tous les ténors sont d’accord : « Pour une fois, le scénario du congrès n’est pas écrit d’avance. » Du coup, aucun camp ne se risque plus à donner un tiercé dans l’ordre.

« Qui rembourse, avec quel argent ? »

« Ça se jouera dans un mouchoir de poche », pronostique François Rebsamen, n o 2 du parti et l’un des lieutenants de Ségolène Royal. Pas question donc de laisser se perdre la moindre voix en route. Hier soir, Royal a tenté un dernier coup. Pour faire pencher la balance en sa faveur, l’ex-candidate à la présidentielle a proposé de « rembourser » les militants désargentés qui ne sont pas à jour de leur cotisation afin qu’ils puissent prendre part au vote (lire encadré). Lors de son dernier meeting à la Bellevilloise à Paris, Royal a appelé « ceux qui ont des difficultés financières à régulariser leur arriéré de cotisation ». « Nous les rembourserons, en tout cas nous trouverons une solution », a-t-elle lancé en réaffirmant que « le coût de l’adhésion ne doit plus être un obstacle » à rejoindre le PS. Objectif : faire revenir tout ou partie des militants à 20 € qui s’étaient inscrits en 2006 pour la soutenir lors des primaires. Sur les modalités de ce remboursement, Royal n’en a pas dit plus. Sa dernière proposition a laissé ses rivaux dubitatifs. « Qui rembourse, comment, avec quel argent ? » s’interroge Stéphane Le Foll, bras droit de Hollande. Proche d’Aubry, François Lamy parle, lui, d’une « solution totalement inopérante ». La facture risque en effet d’être salée. Ce dernier rebondissement de campagne peut tendre un peu plus le climat des dernières heures d’une compétition à l’issue incertaine. La collecte des résultats, qui ne seront validés que tard dans la nuit, fera l’objet de toutes les précautions. La soirée, rue de Solferino, promet d’être aussi chaude que disputée.

Le Parisien

Avant le vote des militants jeudi en vue du congrès de Reims (14-16 novembre), Ségolène Royal s'est offert mercredi soir une dernière rencontre publique. À la Bellevilloise, cette salle branchée du 20e arrondissement de Paris où elle avait dévoilé sa candidature pour être premier secrétaire avant de la mettre au "frigo", l'ancienne candidate à la présidentielle, ample blouse bordeaux et beige sur pantalon noir, n'avait pas de prompteur, pas de micro cravate. C'est donc plus sage que lors de la fameuse prestation du Zénith le 27 septembre dernier - où elle avait fait scander à la foule transie "Fra-ter-ni-té !" - qu'elle est apparue devant 500 partisans survoltés qui à son arrivée ont scandé "Ségolène, Ségolène, Ségolène !".

Entourée de ses fidèles - Vincent Peillon, Dominique Bertinotti, Julien Dray, Manuel Valls, Jean-Louis Bianco, Jean-Pierre Mignard, Aurélie Filippetti, David Assouline... -, Ségolène Royal a repris les thèmes qui lui sont chers : la démocratie participative, les adhésions des militants qui doivent être "définitivement fixées à 20 euros", l'accès à la culture et au savoir - "parce que nous voulons des citoyens éclairés" - et la mise en avant d'un collectif. Elle a en outre proposé que les militants qui souhaiteraient voter jeudi sans être à jour de cotisation régularisent leurs arriérés avant d'être "remboursés". Une proposition que son équipe a bien eu du mal à vendre après le meeting...

"Le PS est notre maison commune"


Surprenant également, la madone du Poitou-Charentes, qui s'est toujours positionnée en marge du PS, s'est, cette fois, livrée à son panégyrique. Morceaux choisis : "Le PS est notre maison commune", "le socle de notre combat inébranlable pour la justice et les libertés", "le seul à s'être donné pour mission d'humaniser le monde"... Plus fort encore, Royal, qui avait, lors de son discours du Zénith, cité, entre autres, Coluche, le chanteur de Trust Bernie Bonvoisin, Aimé Césaire ou encore Woody Allen, a choisi pour référence mercredi soir... Léon Blum et Jean Jaurès, rappelant cette formule du fondateur du PS : "Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable en l'avenir."

Une façon comme une autre de murmurer à l'oreille des militants alors que ce soir ils devront trancher entre son projet pour leur mouvement, celui du très classique Bertrand Delanoë, celui de l'ancienne numéro 2 du gouvernement Jospin, Martine Aubry, et celui du jeune représentant de la gauche du parti, Benoît Hamon (les deux autres motions en lice ne sont pas en mesure de rivaliser).


Barack Obama pour modèle

Les différents membres de sa garde rappprochée qui se sont succédé à la tribune après son intervention ont largement fait référence à la victoire de Barack Obama. "L'histoire s'écrit sous nos yeux. L'histoire n'est pas une fatalité, elle est ce que font les peuples lorsqu'ils saisissent en main leur destin", a clamé le député européen Vincent Peillon. À bon entendeur. La jeune députée de Moselle Aurélie Filippetti a de son côté regretté que le PS n'ait pas organisé "une grande fête à la Bastille", pour célébrer la victoire du démocrate américain, façon de renvoyer la direction actuelle à son apathie...

D'ailleurs, Manuel Valls, très en verve, a dénoncé un "parti sclérosé", avant de se lancer dans une déclaration à Ségolène Royal : "Ségolène, nous sommes fiers d'être avec toi, comme nous l'avons été lors de l'élection présidentielle (...) C'est la raison pour laquelle je ne veux pas que la parenthèse de l'élection présidentielle se ferme." Martine Aubry appréciera, elle la meilleure ennemie de l'ancienne rivale de Nicolas Sarkozy, qui n'a de cesse de répéter qu'il est temps de tourner cette page. Le résultat du vote des militants sera connu dans la nuit de jeudi à vendredi.

Isis a écrit:Il a fallu que Ségolène invente une nouvelle forme de démagogie .