Bon anniversaire , les Schtroumpf

A leur création, en 1928, ils n’étaient que des personnages promis à un avenir éphémère. Cinquante ans plus tard, les Schtroumpfs sont célèbres dans le monde entier. Retour sur une incroyable success-story.


Pierre Vavasseur | 23.10.2008, 07h00

VOILÀ cinquante ans pile qu’ils ont vu le jour. C’est en effet le 23 octobre 1958 qu’une poignée de lutins bleus coiffés de blanc sont apparus dans les pages du magazine « Spirou » sous le pinceau de Pierre Culliford, plus connu sous le nom de Peyo. Ce dernier travaillait à un épisode de « Johan et Pirlouit » deux héros dont il est également le père lorsque ces curieux personnages se sont invités dans l’histoire.

« Il ne savait pas comment les appeler, raconte aujourd’hui sa fille, Véronique Culliford une vraie schtroumpfette puisqu’elle aussi est née cette année-là. Il s’est souvenu d’un déjeuner, un mois plus tôt, avec Franquin (NDLR : le créateur de Gaston Lagaffe). Mon père lui avait demandé de lui passer la salière et il ne retrouvait pas le mot. « Passe-moi, euh, le schtroumpf ! » A l’état civil de la bande dessinée, les lutins sont donc devenus des Schtroumpfs. Au départ, seulement pour un petit tour et puis s’en schtroumpfent. Mais le courrier fut tel, dès la parution, que les Schtroumpfs ne s’en allèrent jamais.

« Un univers plein de bonté »

Mieux : cinquante ans plus tard, et tandis que paraît l’album anniversaire*, la petite tribu bleue « c’est ma mère qui a eu l’idée de la couleur, dit Véronique, s’ils avaient été verts on les aurait perdus dans l’herbe ! » a conquis le monde. Autour des vingt-cinq millions d’albums vendus gravite une tripotée de dérivés et de licences surveillés comme le schtroumpf sur le feu par Hendrik Coysman, gérant, à Bruxelles, de la société IMPS, fondée en 1984. A la mort de Peyo, en 1992, les Schtroumpfs, contrairement à Tintin, ont continué à vivre et à faire des petits sous la plume de son fils Thierry Culliford. Un seul mot d’ordre : « Respecter l’idée qu’il avait de son oeuvre, résume Véronique ; rester dans le monde de l’enfance, et faire un clin d’oeil aux adultes. » Pour le reste, ni alcool, ni politique, ni religion. « Il ne faut jamais oublier que les Schtroumpfs s’adressent à tout le monde et leur univers est plein de bonté. » La bonté ? Un mot générique. Un mot… magique. « Je crois que les Schtroumpfs ont autant de succès encore aujourd’hui pour trois raisons : d’abord ils sont sympathiques. Pas du tout agressifs. Ils forment une chouette petite communauté. Ensuite, chacun d’entre nous peut se retrouver dans un Schtroumpf, avec son caractère. Enfin, leur langage est universel. Car on peut schtroumpfer dans toutes les langues. » On ne le lui fait pas dire. A propos, y a-t-il une limite à l’emploi du mot schtroumpf dans chaque album ? « Tout à fait, reconnaît Véronique. Nous y consacrons nos séances de lecture. Nous devons nous assurer qu’il n’y en ait pas trop. »

A la télévision, ce 50 e anniversaire rebondit depuis septembre, chaque mercredi et samedi dès 6 h 30 sur M 6, avec une série d’épisodes inédits qui constituent « la saison 3 ». Quand aux schtroumpfophiles acharnés, ils ont encore quelques heures pour attraper le Thalys et filer à Bruxelles assister, à 18 heures, à la grande vente aux enchères organisée dans la somptueuse salle gothique de l’hôtel de ville. Quinze nouvelles figurines d’une grandeur surnature, conçues par diverses personnalités des arts et du sport, y seront vendues aux enchères au profit de l’Unicef. Car les Schtroumpfs sont cette année les porte-parole officiels des droits des enfants. Et là, pas de quoi faire le Schtroumpf grognon.

La première aventure des petits lutins bleus a été publiée le 23 octobre 1958 dans Le journal de Spirou, la bible de la BD à l’époque. Ce cinquantième anniversaire est marqué par la sortie d’un 26ème album intitulé Les Schtroumpfs et le livre qui dit tout , dessiné par Pascal Garray et scénarisé par Alain Jost et Thierry Culliford. Ce dernier n’est autre que le fils du créateur des Schtroumpfs, Pierre Culliford alias Peyo.

En 50 ans, les petits lutins ont schtroumpfé 25 albums en 25 langues, dont 15 depuis la mort de Peyo en 1992. Au total, 25 millions d’exemplaires schtroumpfés à travers le monde. La série a atteint son apogée dans les années 1980-90 avec la sortie d’un dessin animé en 272 épisodes schtroumpfés sur les télés du monde entier. Plusieurs centaines de millions de vidéos, DVD, figurines et timbres ont été écoulés. Sans compter les produits dérivés allant des bonbons Haribo aux céréales Kellog’s en passant par le Coca-Cola, schtroumpfés à l’effigie des nains bleus.

Dernier projet en date, Hollywood s’apprête à schtroumpfer un film mêlant animation et acteurs réels. Aucune date de sortie n’a pour l’instant été avancée.