Fillon veut s'assurer que les banques prêtent encore

Le premier ministre demande aux banques d'éviter « excès de prudence » et « attentisme », et de continuer à prêter aux entreprises, aux ménages et aux collectivités.
Pour bénéficier du guichet de refinancement, les établissements devront s'engager à augmenter leurs encours de crédit.

« Les conditions sont aujourd'hui réunies pour un fonctionnement normal du marché du crédit », a assuré lundi François Fillon, s'appuyant sur les dires de la Fédération bancaire de France. Le premier ministre demande donc aux banques d'éviter « excès de prudence » et « attentisme », et de continuer - ou de recommencer - à prêter aux entreprises, aux ménages et aux collectivités. Pour cela, il a annoncé lundi trois mesures.

Premier point, les banques qui voudront bénéficier des 320 milliards de la Société de refinancement de l'économie - probablement toutes ou presque, selon Matignon - devront s'engager à ce que leur encours de crédit « progresse de 3 % à 4 % en rythme annuel ». Ce point figurera dans les conventions que ces banques devront signer avec l'État avant d'emprunter à ce guichet. En août, le montant des « crédits au secteur privé » progressait encore de 7,6 %, selon la Banque de France… Le gouvernement promet de se montrer attentif aux particuliers pris au piège par un crédit-relais, entre l'achat d'un bien immobilier et la vente du précédent. Il promet aussi de veiller à ce que les PME ne se voient pas privées de toute possibilité de découvert du jour au lendemain.


La Caisse des dépôts à la rescousse des collectivités

Au passage, le ministre du Budget, Éric Woerth, a promis l'indulgence du fisc et des Urssaf pour les PME retardataires. La dernière enquête COE-Rexecode sur la trésorerie des entreprises est alarmante. L'écart entre celles qui jugent « difficile » et celles qui trouvent « aisée » la situation de leur trésorerie d'exploitation grimpe à 17,4 %, contre 8,7 % en septembre.

Deuxième point, des réunions mensuelles auront lieu dès cette semaine entre préfets et responsables locaux des banques, du Trésor et de la Banque de France. Le but : vérifier que les engagements pris par les banques à Paris sont bien tenus dans leurs agences. Faute de quoi, « l'État pourra être conduit à adapter les conditions d'intervention de sa garantie », prévient François Fillon, sans plus de précision. « C'est la contrepartie normale d'un système où le financement des banques est, temporairement, assuré par la collectivité, insiste son entourage. On ne cherche pas seulement à maintenir les banques debout mais à faire tourner l'économie. » Certains représentants patronaux reçus lundi par le chef du gouvernement auraient néanmoins aimé plus d'assurances sur ce point.

Dernier point, 5 milliards d'euros (pris sur la cinquantaine de milliards déposés sur les Livrets d'épargne populaire, centralisés par la CDC) pourront être prêtés aux collectivités locales. La moitié directement par la CDC, sous forme de prêts à 20 ans ; l'autre moitié par les banques, qui répondront à des adjudications auprès de la Caisse. Matignon assure n'avoir, à ce jour, détecté aucun cas critique, mais rappelle que la fin de l'année est toujours une période difficile pour la trésorerie des collectivités . Pour l'entourage du premier ministre, la somme devrait suffire à passer ce cap. « L'important, c'est que les collectivités ne soient pas freinées dans leurs investissements », argumente François Fillon, rappelant que cela peut être capital pour certains secteurs comme le BTP. Pas question pour autant que l'Etat joue exagérément les pompiers pour des communes ou des régions imprudentes. « Les collectivités sont adultes, elles sont responsables», prévient-il, tout en reconnaissant que les plus petites d'entre elles ne disposent pas toujours des experts qui auraient pu les mettre en garde contre les dangers des « produits structurés ».

Interrogé sur un éventuel plan de relance, François Fillon dit «attendre» de la Commission ses « propositions de soutien aux secteurs clés pour la croissance». À ses yeux, la relance sera européenne ou ne sera pas.