Marc Machin doit sortir aujourd'hui

C’EST AUJOURD’HUI que le détenu Marc Machin, 26 ans, devrait sortir de prison, après bientôt sept ans passés derrière les barreaux pour un crime vraisemblablement commis par un autre que lui : le meurtre de Marie-Agnès Bedot, tuée sous le pont de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le 1 e r décembre 2001. Un nouveau suspect, qui s’est dénoncé il y a six mois, est mis en examen et placé en détention provisoire dans cette affaire.

Mais en 2001, les soupçons s’étaient rapidement portés sur Marc Machin, arrêté et placé en garde à vue dès le 13 décembre. Depuis, il a été condamné deux fois pour ce meurtre. En décembre 2004, la cour d’assises des Hauts-de-Seine prononçait dix-huit ans de réclusion criminelle à son encontre. Clamant son innocence après des aveux passés en garde à vue , Marc Machin avait fait appel. En vain puisque, un an plus tard, la cour d’assises des Yvelines confirmait le verdict, en y ajoutant une peine de douze ans de sûreté. A moins d’un miracle, celui que la justice a déclaré coupable à deux reprises n’espérait pas quitter sa geôle avant de longues années.

« Soulager sa conscience »

Attendue dans la matinée de ce mardi, sa remise en liberté ne blanchit pas Marc Machin pour autant. Même si l’homme qui s’est dénoncé l’a d’une certaine façon innoncenté, sa condamnation à dix-huit ans de réclusion criminelle n’est pas annulée pour autant. S’il peut recouvrer la liberté, c’est parce que la commission de révision des condamnations pénales a prononcé la « suspension de l’exécution » de sa peine. Une décision prise à la lumière d’éléments nouveaux « de nature à faire naître un doute » sur la culpabilité de cet homme condamné deux fois.

Car dans la nuit du 3 au 4 mars dernier, c’est le coup de théâtre. Un homme pénètre au commissariat de La Défense (Hauts-de-Seine) et s’accuse du meurtre. Désireux de « soulager sa conscience », David Sagno livre alors tant de détails sur le crime que le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, ouvre une nouvelle information judiciaire le 27 mars. Le lendemain, la commission de révision des condamnations pénales est saisie. Aussitôt, Marc Machin demande une suspension de sa peine. Elle lui est été accordée le 1 e r juillet. Cela fait quatre mois que Marc Machin est libre dans l’affaire du pont de Neuilly. Il aurait donc dû passer l’été en liberté. Mais, bouillonnant et les nerfs à vif depuis ces nouveaux développements, Marc Machin a agressé un surveillant de prison… cinq jours avant que les magistrats se prononcent sur la suspension de sa peine. Le 26 juin, il a laissé exploser sa colère et, pour une broutille, a violemment frappé un gardien du centre de détention de Val-de-Rueil, où il purge sa peine. Dès le lendemain, le tribunal correctionnel de Rouen le condamnait à trois mois ferme. Le jeu des remises de peine lui faisait espérer une sortie à la mi-septembre, mais c’était sans compter sur le procureur de Rouen, qui a fait appel de cette condamnation, considérée trop clémente. Résultat, Marc Machin a été rejugé pour l’agression du surveillant le 2 septembre dernier. Il a écopé cette fois de quatre mois de prison, qu’il aura fini de purger… aujourd’hui.