Essonne : une enseignante se pend dans une école

enseignante s'est pendue, aujourd'hui vers midi, dans le centre scolaire Gambetta de Massy (Essonne). Elle intervenait dans le cadre du Rased (réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté). C'est une collègue qui l'a découverte dans une salle de l'école. La direction de l'établissement a prévenu les pompiers, qui ont évacué le corps de cette femme âgée d'une quarantaine d'années, avec discrétion pour ne pas traumatiser les enfants.

Le directeur de cette école primaire a simplement expliqué qu'un enseignant avait eu un malaise.

L'enseignante n'a pas laissé de mots pour expliquer son geste. Elle était mère de deux grands enfants.

Une cellule de soutien psychlogique a été mise en place pour l'équipe pédagogique. Le maire de Massy, Vincent Delahaye, et l'inspecteur d'académie se sont rendus sur place.

Pastaga a écrit:En général les collègues et la hiérarchie aident aussi à craquer.

Le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos a fait part lundi de "son émotion" après le suicide d'une enseignante au sein du groupe scolaire Gambetta de Massy (Essonne).

Dans un communiqué, M. Darcos "tient à apporter, dans cette épreuve, sa sympathie à la famille de l'enseignante, absente pour des motifs personnels au cours de la précédente année scolaire, et exprime "sa solidarité à l'ensemble des membres de la communauté éducative de l'école".

Le ministre indique par ailleurs avoir "demandé au recteur de l'académie de Versailles de se rendre immédiatement sur les lieux et de le tenir directement informé des circonstances de ce tragique événement".

L'Inspection académique a fait savoir qu'elle avait pris en charge l'équipe éducative dès lundi après-midi au travers d'une cellule d'écoute psychologique. "Mardi matin, cette cellule d'écoute psychologique sera mise en place pour tous les élèves afin d'aider au mieux cette école à surmonter ce drame", annonce dans un communiqué le rectorat de Versailles.

Selon "Le Parisien", qui a révélé l'information sur son site Internet, cette enseignante s'est pendue lundi vers midi dans cette école où elle intervenait dans le cadre du Rased (Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté).

Après qu'une collègue l'eut découverte dans une salle de l'école, la direction de l'établissement a immédiatement prévenu les pompiers, qui ont ensuite évacué avec discrétion le corps de cette femme âgée d'une quarantaine d'années afin de ne pas traumatiser les enfants. AP

Souffrance. Manque de reconnaissance. Régulièrement, les mots reviennent dans la bouche des professeurs lorsqu’ils descendent dans la rue. Cette fois, c’est un mari qui les crie, les écrit, au nom de son épouse. Le 6 octobre, Muriel Besnaïnou se suicidait dans une salle du groupe scolaire Gambetta de Massy (Essonne). Bruno, son époux, a mis plus de deux mois à sortir de sa réserve.


Hier, il a envoyé une lettre ouverte, dont il nous a livré la teneur, au ministre de l’Education nationale, au recteur et à l’inspecteur de l’académie de Versailles, et s’en explique. Il s’exprime d’une voix claire. Sans haine : mais il veut rétablir « sa » vérité. Sa femme n’était pas « que » la dépressive que l’administration a présentée, renvoyant son geste, commis sur son lieu de travail, à la seule sphère privée, balayant trop vite selon lui ses compétences d’enseignante reconnue, impliquée. Soucieuse de l’avenir de ces Rased, réseaux d’aide aux enfants en difficulté (lire ci-dessous) auxquels elle appartenait. « Elle reste aujourd’hui dans toutes les mémoires », souffle son amie Christine Barron, présidente de l’Association des rééducateurs de l’Education nationale du département. Lors de la manifestation nationale des enseignants, le 20 novembre, elle défilait derrière une banderole noire sur laquelle était écrit « Massy en deuil ». « Sa disparition a touché l’ensemble des Rased de France. » Cette inquiétude a-t-elle été l’élément déclencheur ? Bruno n’accuse pas, mais ne veut pas que cet aspect professionnel du drame soit oublié.

Un sentiment d’isolement

Au lendemain du suicide de Muriel, le ministre a exprimé ses condoléances. Cela n’a pas suffi. « Un tel geste a toujours de multiples raisons. Mais l’Education nationale, qui emploie quelque 1 250 000 personnes, est en retard dans l’évaluation de la qualité de vie au travail de ses personnels. Depuis 1977, pourtant, toute entreprise de plus de 300 salariés se doit d’avoir un bilan social qui fasse état des rapports et de la qualité de vie des salariés », estime Georges Fotinos, inspecteur général détaché auprès de la MGEN, mutuelle de l’Education nationale, auteur de plusieurs rapports sur le sujet. La mise en place de structures pour aider les enseignants en difficulté existe pourtant. A ce jour, presque tous les départements ont signé des conventions pour instaurer des structures de prévention et d’aide.

Méconnues ? Sur le terrain en tout cas, le sentiment d’isolement demeure. Prêt à rejaillir publiquement à chaque drame. Dans l’Aisne, où un prof s’est pendu le 20 septembre après avoir été injustement accusé de violence par un élève, la famille demande aussi réparation. D’une autre façon. Ils se sont porté partie civile et se sont joints à l’action publique qui poursuit l’adolescent calomniateur. Pas contre lui. Mais pour que toute la lumière soit faite sur la responsabilité de chacun. Administration comprise.

IL A PRIS le temps de la réflexion. Mais Bruno Besnaïnou, l’époux de l’institutrice qui s’est donné la mort le 6 octobre dernier sur son lieu de travail, une école de Massy (Essonne), a décidé de réagir. Il a envoyé hier une lettre ouverte au ministre de l’Education. Il nous explique sa démarche.

Avez-vous reçu depuis les faits le soutien du ministère ou de l’inspection académique ?
Bruno Besnaïnou. Ils ne m’ont pas appelé.

J’ai simplement reçu une lettre de condoléances dix jours après le suicide de mon épouse.

Quelle est votre démarche à travers cette lettre ?
Défendre la mémoire de ma femme. Je tenais à m’exprimer publiquement car la hiérarchie de ma femme n’a parlé que d’une partie de la vérité. Ils auraient mieux fait de ne rien dire, respecter ce qui s’est passé. Ils n’ont pas dit que ma femme était très touchée par la situation actuelle des Rased (réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). Ils ont évoqué son dossier médical sans en respecter le secret, évoquant de manière allusive un état dépressif. Je ne comprends pas pourquoi ils ont agi de cette façon.

Cela vous a choqué ?
Humainement, oui. Faire une réunion sur les lieux du drame alors que le corps de ma femme n’est pas encore au funérarium par exemple, ce n’est pas illégal, bien sûr, mais cela m’a marqué. Avant même que les auditions de police ne soient terminées, le recteur parlait au journal télévisé ! Cela m’a déplu. J’ai surtout essayé de protéger mes enfants. Mais je ne leur ai rien caché. Je leur ai dit tout ce qui était important qu’ils sachent sur leur mère.

« L’avenir des Rased lui pesait énormément et quotidiennement »

Pour vous, l’acte de votre femme est-il lié aux menaces qui pèsent sur le devenir des Rased ?
C’est un élément déclencheur. J’en suis absolument certain. Tous ses collègues partagent ce sentiment. Quant aux raisons profondes de son suicide, je suis incapable de les formuler. Mais l’avenir des Rased lui pesait énormément et quotidiennement. Elle me disait souvent qu’elle sentait un manque de reconnaissance. Elle en souffrait.

D’autant plus qu’elle était très impliquée dans son travail…
Elle était extrêmement soucieuse de bien faire son métier. Elle avait un parcours professionnel remarquable. Je suis en train de classer ses papiers. Elle a toujours été très bien notée lorsqu’elle était inspectée. Pourquoi cela n’a pas été mis en avant ? J’ai été blessé par cette attitude. Mais tout cela ne m’empêchera pas de faire mon deuil. Ces gens ne connaissaient pas ma femme.

Quelle a été la réaction des personnes qui la côtoyaient ?
Il y a eu une très grande solidarité de tout le corps enseignant. Les parents ont réalisé une collecte, les enfants m’ont envoyé des dessins. Je les remercie car jamais la hiérarchie n’a évoqué les compétences de ma femme.

Pourquoi avoir attendu plus de deux mois avant de publier cette lettre ?
Il m’a fallu du temps pour réorganiser ma vie et celle de mes enfants. J’ai aussi un métier, il faut que je m’y consacre. Maintenant, il n’y a que moi pour faire tourner la maison. Et je ne voulais pas me précipiter. Quand ils ont parlé, ils ne se sont pas souciés des conséquences. J’attends maintenant leurs réactions sereinement.

franline a écrit:en général quand quelqu'un se suicide il laisse au moins un mot ....
est-on sûre qu'elle s'est réellement suicidée , qu'elle n'a pas été "aidée".
quand on voit jusqu'ou vont certains élèves , c'est a se poser la question !
et tant bien même ce serait un vrai suicide , c'était peut-être une manière de se venger de ces jeunes qui lui en faisait certainement baver.
et je pense que si on a réellement envie de mourrir on se fout finallement de la réaction des autres .

mais ça a certainement dû bouleverser ses collègues ...j'espère que ça aura aussi bouleversé le proviseur , l'inspecteur d'académie , le rectorat , l'EN.

Jean-Claude a écrit:

Et j'ajouterais ... le Ministre lui-même ! Ceratins se déplacent sur les lieux pour moins que cela !