CNRS : un nouveau logo pour accompagner la réforme

LCI.fr : Pourquoi le CNRS s'est-il doté d'un nouveau logo ?

Arnaud Benedetti, directeur de la communication du CNRS : Il y a la volonté de moderniser l'image du CNRS, de renforcer sa visibilité, de proposer une charte graphique plus simple d'utilisation. Il y a aussi la volonté d'homogénéiser l'image du CNRS à l'extérieur au moment où le CNRS se réforme et se constitue autour de futurs instituts ayant vocation à remplacer les actuels départements scientifiques. Il faut savoir que l'identité visuelle du CNRS n'avait pas évolué depuis 30 ans.

LCI.fr : Que représente ce logo ?

A. B. : Par sa forme assez novatrice, il symbolise la matière malléable - physique, humaine, historique, etc. - sur laquelle travaillent les chercheurs. Car les chercheurs sont aussi des créateurs : ils sculptent la matière des connaissances à leur disposition. A ce logo, nous avons ajouté la signature "Dépasser les frontières". Il s'agit des frontières de la connaissance, celles des disciplines - le CNRS couvre l'ensemble des savoirs -, et bien sûr, les frontières des Etats tant la recherche se déploie dans un univers mondialisé.

LCI.fr : La réforme de l'organisation du CNRS suscite l'inquiétude, voire la colère de certains chercheurs. Ne craignez-vous pas que l'annonce de ce nouveau logo soit mal perçue dans ce contexte ?

Arnaud Benedetti, directeur de la communication du CNRS

A. B. : Tout exercice de communication donne lieu à des avis divergents et à des critiques. Et quand on change d'identité, on touche à des ressorts psychanalytiques très profonds donc nous nous attendons à des réactions très différentes. Mais cet effort de communication démontre que le CNRS est bien vivant et qu'il reste un organisme ayant vocation à conserver l'ensemble des champs de la recherche dans son portefeuille d'actions. Et cela prouve également que le CNRS reste fortement uni. Par ailleurs, la mise au point du logo est l'aboutissement de 12 mois de travail en interne, avec des groupes de travail représentant les différents métiers du CNRS.

LCI.fr : Pour construire cette nouvelle identité, avez-vous cherché à savoir quelle est la perception du grand public sur le CNRS ?

A. B. : Nous avons réalisé une enquête qualitative externe auprès de journalistes, d'hommes politiques, de nos partenaires économiques et universitaires. Il en résulte que sont associées au CNRS, la mission de service public, l'interdisciplinarité et la créativité. Il y a deux ans, TNS-Sofrès avait réalisé un sondage sur l'image du CNRS auprès du grand public. Il en est ressorti que notre organisme bénéficie d'une très forte notoriété spontanée : huit Français sur dix connaissent le CNRS et ils l'associent à la notion de recherche. Nous bénéficions aussi d'un fort capital de confiance et de crédibilité.
En point négatif, le CNRS est une institution publique associée à une image administrative, bureaucratique, parfois un peu vieillissante. Avec cette nouvelle identité, nous montrons au contraire que le CNRS est une institution ouverte, qui vit dans son époque. Sur les 1200 unités de l'organisme, 90% sont des unités mixtes ouvertes sur le monde industriel ou universitaire. Autre illustration de cette ouverture, notre politique de recrutement : 23% chercheurs des dernières promotions viennent de l'étranger et de grands pays de recherche - Allemagne, Italie, Etats-Unis...
Le CNRS ayant une responsabilité particulière sur le discours et l'image de la science dans la société, nous allons d'ailleurs renforcer nos actions vis-à-vis du grand public, notamment en refondant notre site internet à partir de 2009 afin de le rendre plus accessible à tous.

LCI.fr : Vous avez par ailleurs confié à Jean-Jacques Beineix la réalisation d'un film institutionnel sur le CNRS. Pourquoi avoir choisi ce cinéaste atypique ?

A. B. : C'est la première fois que nous faisons appel à un réalisateur de cinéma. Nous avions besoin d'un regard extérieur pour mieux faire comprendre la diversité et la profusion de nos activités. Jean-Jacques Beineix a toujours été intéressé par la science, ses films en témoignent. Il s'est immergé pendant un an dans la maison, il a visité les laboratoires, pris le pouls des différentes recherches... Il a bénéficié d'une grande marge de latitude.

LCI.fr : Au CNRS, certaines personnes ont regretté que les femmes ne soient pas suffisamment présentes dans son film...

A. B. : Il a privilégié les images de recherches en train de se faire. Sinon, il y a effectivement dans le film une frise qui présente les pères fondateurs du CNRS. Ce sont tous des hommes mais comme je l'ai expliqué en interne, il s'agit d'une réalité historique.

LCI.fr : Le CNRS organise avec l'Observatoire Nivea et la mairie de Paris une exposition intitulée Couleurs sur Corps (1). Une exposition qui semble un peu plus "rock'n'roll" que les expositions traditionnelles du CNRS. C'est une manière de moderniser la communication ?

A. B. : Rock'n'roll, je ne sais pas mais c'est peut-être un peu nouveau, en effet. C'est la première fois que le département des sciences humaines et sociales du CNRS est ainsi mis en avant. Nous avons la volonté de mieux communiquer sur ce domaine de recherche. Mais l'exposition est très interdisciplinaire. Elle offre l'occasion de réfléchir sur la représentation des couleurs sur le corps : pourquoi habille-t-on les petites filles en rose et les petits garçons en bleu ? Que signifient les tatouages ?... C'est en résonnance avec notre époque. Mais je vous rassure, tout cela a été validé par un comité scientifique.