Le pétrole accélère son repli vers les 100 dollars

Les installations du golfe du Mexique ont été épargnées par l'ouragan Gustav.

L'horizon pétrolier s'éclaircit de plus en plus pour le consommateur. Le brut, qui tutoyait les 150 dollars au début de l'été, a entamé une décrue profonde et n'a jamais été aussi proche des 100 dollars. Hier, pour la première fois depuis avril, le baril a manqué de peu de redescendre sous la barre des 105 dollars, à son plus bas niveau depuis cinq mois. Il a clôturé en deçà des 110 dollars à 109,71 dollars le baril.

Ce repli accéléré près de huit dollars en une séance à New York , a grandement bénéficié de l'essoufflement de l'ouragan Gustav, après que ce dernier a fait planer un risque sérieux sur les installations pétrolières du golfe du Mexique, cruciales pour l'approvisionnement des États-Unis. Hier, le président américain George W. Bush a déclaré que les infrastructures en question avaient été épargnées, mais les experts attendent les résultats d'un bilan plus approfondi.

Toutefois, l'éloignement de la menace Gustav ne constitue pas, loin s'en faut, la principale explication au recul des cours. En réalité, c'est la flambée même des prix qui a eu un effet pervers sur la demande. Celle-ci a fini par fléchir dans les pays de l'OCDE. D'ores et déjà, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une baisse de cette demande de 1,3 % sur l'année 2008, nuancée cependant par une augmentation attendue dans les pays non-OCDE. D'une manière générale, même s'il est « encore trop tôt pour alléguer d'un changement radical du marché », ajoute l'Agence, l'heure est clairement à la détente.


L'Opep envisage de réduire la production

Les marchés ont salué ce virage, Wall Street en particulier, le Dow Jones gagnant près de deux points hier matin. Des valeurs jusque-là sévèrement malmenées, comme celles des compagnies aériennes, sont reparties à la hausse. Pour l'automobiliste, c'est aussi une bonne nouvelle. Selon le dernier relevé de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), le litre de super sans plomb 95 s'échange en moyenne à 1,4364 euro, à comparer au record absolu de la fin juin, à 1,4971. Quant au gazole, il atteint désormais 1,3361, après un pic à 1,4541 euro le 30 mai dernier. Après le recul du baril de ce début de semaine, ces prix vont continuer à baisser, un délai d'une quinzaine de jours environ étant observé entre les variations du pétrole et leurs répercussions à la pompe.

Face à ce recul sans précédent des cours, l'Organisation des pays exportateurs (Opep) ne veut pas rester les bras croisés. Hier, par l'intermédiaire de son gouverneur iranien, le cartel a prévenu qu'il pourrait réduire son offre de 1,5 million de barils par jour (Mbj) d'ici à début 2009, soit 5 % de ses livraisons totales. L'objectif est de faire rebondir les cours, car même si elle s'en défend, l'Organisation se satisfait d'un baril toujours plus haut.

Actuellement, la production mondiale continue d'augmenter, à 87,84 Mbj, sachant que pour le seul mois de juillet, l'offre de l'Opep s'est encore appréciée de 145 000 barils par jour, selon les chiffres de l'AIE. Désormais, le cartel parle d'un marché « surapprovisionné ». Reste qu'il s'agit d'un secteur tellement volatil que le moindre mouvement spéculatif ou événement géopolitique pèse toujours rapidement sur les cours.