Risque de conflit de «grande envergure» Géorgie-Ossétie

La tension s'est à nouveau accrue ce week-end en Ossétie du Sud, un territoire séparatiste pro-russe de Géorgie où des tirs ont fait six morts, Moscou mettant en garde contre un conflit «de grande envergure» et accusant la Géorgie pro-occidentale d'opérer des mouvements de troupes.

Le ministère russe des Affaires étrangères souligne que la situation dans la région s'est «brusquement dégradée les 1er et 2 août. «La menace d'actions militaires de grande envergure entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud devient de plus en plus réelle», ajoute-t-il.

«Dans la soirée de samedi et dans la nuit du 2 au 3 août, la Géorgie a ouvertement procédé à des manoeuvres militaires aux abords de Tskhinvali», la capitale de l'Ossétie du Sud, dénonce, la diplomatie russe.

Six personnes, dont trois membres des forces de sécurité, ont été tuées et sept blessées vendredi par des tirs qui provenaient de positions géorgiennes, selon le gouvernement ossète, tandis que Tbilissi a affirmé que les Ossètes avaient tiré les premiers

La Russie, qui avait appelé dès samedi les deux parties à «faire preuve de modération», les a exhortées dimanche à un «maximum de retenue».

Comme l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud a unilatéralement proclamé son indépendance de la Géorgie au lendemain de la chute de l'URSS, au début des années 1990.

La situation s'est aggravée ces derniers mois dans les deux territoires séparatistes géorgiens pro-russes, après la décision de Moscou d'établir des relations plus étroites avec leurs dirigeants, renforçant les soupçons de Tbilissi, qui l'accuse de vouloir purement et simplement les annexer.

Pour sa part, la Russie, qui avait annoncé début juillet que des avions de combat de ses forces aériennes avaient «survolé» l'Ossétie du Sud afin d'y «éviter une effusion de sang», estime que la Géorgie, à son grand dam décidée à entrer dans l'Otan, veut en reprendre par la force le contrôle.

Vendredi matin, des avions géorgiens ont bombardé des positions en Ossétie du Sud. Tbilissi aurait encerclé la capitale de cette république autoproclamée et aurait déjà pris le contrôle de 8 villages ossètes. L’offensive militaire aurait déjà fait «beaucoup de morts et de blessés».
La Russie a indiqué qu’elle étudiait «en ce moment même» des «mesures d’urgence» liées au rétablissement de la paix dans la région.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a quant à lui échoué à trouver un accord sur une déclaration appelant les parties à renoncer à l'usage de la force.


Alors qu'une mystérieuse bombe explosait jeudi sur une plage de Sotchi, au sud de la Russie, faisant deux morts et treize blessés, la situation a continué de se dégrader dans la Géorgie toute proche, aux prises avec les séparatistes d'Ossétie du Sud. Jeudi, le ministère de l'Intérieur géorgien indiquait que des «batailles de grande envergure» avaient eu lieu dans l'enclave indépendantiste.
Deux soldats géorgiens ont été tués, trois blessés et un blindé léger de l'armée géorgienne détruit lors de combats dont les deux parties, comme d'habitude, se renvoient la responsabilité.
Vendredi, six personnes avaient été tuées dans un accrochage, relançant les craintes d'un retour de la guerre dans cette enclave ayant fait sécession de la Géorgie en 1992, avec la bénédiction de Moscou. Jeudi, faisant écho aux séparatistes de Tskhinvali, le ministère russe des Affaires étrangères a carrément accusé la Géorgie de «se préparer à la guerre». L'envoi de la 5e brigade mécanisée de l'armée géorgienne à Gori aux portes de l'enclave est présenté par les Russes comme le signe avant-coureur d'opérations d'ampleur.

Une escalade farouchement niée par le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili. «Une confrontation n'est pas dans les intérêts de la Géorgie. J'espère que la poursuite de l'affrontement n'est pas non plus dans les intérêts de la Russie. Nous devons tous arrêter cette folie», a-t-il lancé de Gori.
Soucieux de montrer la bonne volonté géorgienne, le ministre pour la Réintégration, Temuri Yakobashvili, s'est même rendu à Tskhinvali pour négocier, mais n'a pu rencontrer que le commandant de la force de paix russe, confiait-il jeudi au Figaro. «On a parfois l'impression que la Russie n'arrive plus à se faire obéir des bandes qu'elle a armées», a-t-il dit. En fin de journée, le président géorgien «ordonnait» un cessez-le-feu unilatéral et appelait au dialogue.

On ne peut encore pas parler officiellement de guerre, mais la tension est encore montée d'un cran vendredi dans le conflit qui oppose la Géorgie et l'Ossétie du Sud , petite République qui a fait sécession il y a plus de 15 ans. Mille quatre-cents personnes ont été tuées à la suite de l'offensive géorgienne, a annoncé le président de ce territoire séparatiste, Edouard Kokoïty, cité par l'agence russe Interfax.

C'est jeudi, que les troupes géorgiennes avaient commencé à encercler Tskhinvali, capitale de l'Ossétie du Sud, après avoir lancé une offensive de grande envergure dans la région. En réaction, la Russie, qui a longtemps menacé d'intervenir dans le conflit, est passée à l'acte vendredi en début d'après-midi. Elle a annoncé qu'elle allait interrompre toutes ses liaisons aériennes avec la Géorgie à compter de vendredi 22 heures, heure française.

À la demande de Tbilissi, le Conseil de sécurité des Nations unies va reprendre vendredi en urgence des discussions sur l'escalade des combats, a déclaré un diplomate belge à l'Onu. Si la Russie reste impunie après son agression militaire contre la Géorgie, "le monde entier aura des problèmes", a prévenu vendredi le président géorgien Mikheïl Saakachvili, dans une interview à la chaîne de télévision CNN. "La Russie mène une guerre contre nous sur notre propre territoire et nous sommes dans une situation d'autodéfense contre un voisin grand et puissant", a estimé le Président. Il a ensuite comparé l'entrée de chars russes en Géorgie à celle des troupes soviétiques en Afghanistan en 1979 et à celle des forces du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie en 1968.

Guerre de l'information

Réponse du berger à la bergère : le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dénonce des "scènes de nettoyage ethnique" signalées en Ossétie du Sud. L'information n'a pas pu être vérifiée.

Sur le plan purement militaire, la capitale de la région indépendantiste prorusse est désormais "entièrement sous contrôle géorgien", a fait savoir le porte-parole du ministre géorgien de l'Intérieur Chota Outiachvili avant d'avouer à 16 h 15 heure française que l'armée géorgienne avait perdu le contrôle d'une partie de la ville, signe que la situation est très confuse et le rapport de force incertain.

Chaque minute apporte son lot de communiqués des autorités, qu'elles soient russes ou géorgiennes. Le dernier en date, du ministère de la défense russe, rapporte que des chars et des pièces d'artillerie russes ont "détruit" vendredi des positions géorgiennes autour de Tskhinvali. De son côté, le porte-parole du ministre géorgien de l'Intérieur, Chota Outiachvili, fait état d'au moins cinq avions militaires russes abattus par la chasse géorgienne. Un peu plus tôt, c'est encore le ministère russe de la Défense, qui dénonçait la mort de dix soldats russes des forces de maintien de la paix, tués à Tskhinvali, dans l'offensive géorgienne.

"Une cinquantaine de chars lourds" russes en route vers l'Ossétie du Sud

Selon les agences de presse citant des témoins, une colonne militaire de Moscou est entrée dans la région indépendantiste. Un officiel géorgien rapporte même que l'aviation russe a bombardé la base militaire géorgienne de Vaziani près de Tbilissi. Enfin, une journaliste de l'AFP a vu une cinquantaine de chars lourds ainsi que des camions transportant des troupes et chargés de matériel militaire se dirigeant de Vladikavkaz, capitale de la République russe d'Ossétie du Nord, vers l'Ossétie du Sud.
Vendredi matin, le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait souligné que les "actes agressifs" de la Géorgie en Ossétie du Sud allaient entraîner des "mesures de rétorsion". En effet, cette République de 70.000 habitants, qui a proclamé son indépendance en 1992 après la chute de l'URSS et qui n'est pas reconnue par la communauté internationale, aspire à rejoindre la Fédération de Russie dont fait déjà partie l'Ossétie du Nord.

"État de guerre "

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili a accusé la Russie de mener "une intervention militaire de grande envergure" et a exigé la fin des bombardements russes, alors que dans le même temps, Moscou démentait que ses forces aériennes aient attaqué la ville géorgienne de Gori. Le secrétaire du Conseil national de sécurité géorgien a prévenu vendredi en début d'après-midi que la Géorgie et la Russie seraient "en état de guerre" s'il se confirmait que des troupes et des armements russes avaient pénétré en Ossétie du Sud, ce qui semblait être le cas vendredi vers 15 heures.

Jeudi soir, Moscou a appelé la communauté internationale à intervenir pour mettre fin aux violences, demandant aux membres du Conseil de sécurité de l'Onu de se réunir dans la nuit pour évoquer la situation. Mais aucun accord n'a été trouvé sur une déclaration invitant les parties à renoncer à l'usage de la force. Ces derniers mois, les tensions en Ossétie du Sud et en Abkhazie, une autre région séparatiste géorgienne, toutes deux soutenues par Moscou, se sont aggravées sur fond de rivalités russo-géorgiennes pour le contrôle de la région.

Les forces gouvernementales sont en Ossétie du Sud après la rupture d'un cessez-le-feu qui n'a duré que quelques heures. Des pourparlers devaient se tenir dans la journée. D'après des agences de presse russes, les forces géorgiennes ont lancé en pleine nuit un assaut de blindés au sud de la ville. Des bruits très forts d'explosions et de tirs étaient audibles toutes les 20 à 30 secondes du côté de Tskhinvali et de puissants éclairs illuminaient le ciel. Au total, au moins 15 personnes auraient été tuées dans les bombardements de l'armée, selon un correspondant de la télévision russe.

Alors que samedi matin, un porte-parole des forces armées russes faisait état de quinze soldats des forces de maintien de la paix russes tués à Tskhinvali, capitale de la république séparatiste géorgienne d'Ossétie du Sud, le président russe Dmitri Medvedev a annoncé le lancement d'une opéartion en Géorgie.
1400 morts en Ossétie

"Nos soldats des forces de maintien de la paix et unités qui y ont été ajoutées (des renforts envoyés par Moscou, ndlr) effectuent à l'heure actuelle une opération en vue de contraindre la partie géorgienne à la paix", a déclaré le chef de l'Etat au cours d'une réunion au Kremlin avec les plus hauts responsables de l'armée. "Il leur incombe aussi la responsabilité de défendre la population. Nous nous occupons de tout cela", a-t-il ajouté.
De fait, confirmant l'annonce du chef de l'Etat russe, Tbilissi faisait état samedi matin d'une attaque aérienne sur le port géorgien de Podi sur la Mer Noire. Selon la Géorgie, ce port, élément clé de l'acheminement du pétrole, a été "complètement dévasté" par les bombardements russes.

Preuve de l'envenimement de la crise, la Géorgie va rapatrier l'ensemble de ses forces en Irak, soit 2.000 hommes, dès que lesEtats-Unis seront en mesure d'assurer leur transport, a annoncé samedi le commandant du contingent géorgien.

Le président géorgien Mikheïl Saakachvili avait déclaré vendredi soir que la Géorgie, qui avait déclenché dans la nuit de jeudi à vendredi une offensive en Ossétie du Sud, avait pris le contrôle de la quasi-totalité de ce territoire et notamment de sa capitale, Tskhinvali. Selon le président de la république sécessionniste, Edouard Kokoïty, les affrontements ont fait au moins 1400 morts.