Le retour surprise de DSK complique le jeu au PS

Dominique Strauss-Kahn, venu en «simple militant», n'est pas passé inaperçu au «Forum de la rénovation» du
Pour la première fois depuis les législatives, presque tous les «éléphants» se sont retrouvés devant la même estrade.
Un effort pour être unis. Presque tous les poids lourds du PS se sont rendus hier à la Mutualité, à Paris, pour le lancement de la campagne municipale. François Hollande bien sûr, mais aussi Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, Laurent Fabius et même Dominique Strauss-Kahn. Tous ont pris soin de ne rien laisser transparaître de leurs ambitions. «Je me félicite que nous soyons tous là à la veille d'un scrutin important, unis à la fois pour clore une étape de notre rénovation et ouvrir l'étape de la reconquête», s'est réjoui François Hollande.

Arrivée la première, Royal évite tout excès. Une militante s'écrie «Ségolène présidente du PS», elle est immédiatement invitée au silence par l'équipe de l'ancienne candidate. C'est ensuite au tour du maire de Paris, Bertrand Delanoë, de faire son apparition. Les photographes immortalisent la bise entre les deux rivaux de demain. Laurent Fabius, quant à lui, n'a pas droit à l'accolade. Enfin et discrètement, le premier secrétaire, François Hollande, vient s'asseoir à côté de Delanoë.

Un à un, ils se succèdent à la tribune et relèvent le défi, lancé par Nicolas Sarkozy, de la politisation des municipales. «Quel débat stupide de savoir si ces élections sont politiques ou pas! Qu'est-ce que la politique si ce n'est l'organisation de notre vie collective à partir de valeurs et d'un idéal commun», lance le maire de Paris, premier à intervenir. Applaudi par la salle, il lui répond d'un salut circulaire avant de poser la main sur son cœur et de se rasseoir.


Un «carton jaune» à Sarkozy

Mais à l'applaudimètre, Royal fait mieux. Très mobilisés, ses partisans tentent même de provoquer une standing ovation, sans y parvenir vraiment. «Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont voulu faire de ces élections municipales un test national. Ils l'ont dit. Ils l'ont voulu. Ils l'auront», lance-t-elle avant de procéder au bilan de son adversaire dans la course à l'Élysée. Comparant les déclarations du candidat et les actes du président, elle conclut : «Il est plus rapide pour se marier que pour aller chercher la croissance avec les dents.»

Lorsque Laurent Fabius est annoncé à la tribune, quelques huées retentissent. Pour l'ancien premier ministre, il faut adresser un «carton jaune» au président à l'occasion de ces élections. «Rouge !», reprend la salle. «Nous n'avons pas la possibilité d'expulsion», corrige-t-il. Le député de Seine-Maritime achève son discours par un message à ses camarades: «Si nous ne gagnions pas, cela ne pourrait venir que de nos propres insuffisances.» Et de lister: «la division», «la dispersion» et «la dilution qui pourraient faire croire à certains que c'est en multipliant les œillades à la droite qu'on peut rassembler la gauche». Ceux qui comptent tendre la main au MoDem pour gagner les élections sont visés. Dans «75% des villes», le PS a réalisé l'union de toute la gauche, a expliqué plus tard le secrétaire national Bruno Le Roux.

Le plus applaudi demeure François Hollande. «Pour l'instant, nous ne devons nous occuper que des Français, ne regardez nulle part ailleurs. Je vous demande de vous mobiliser comme jamais», a-t-il demandé sous les acclamations.

Virulents l'après-midi, les ténors étaient demeurés silencieux le matin, durant le dernier forum de la rénovation consacré au rapport entre «individu et collectif», présidé par André Vallini. «Nous avons plus à gagner avec les nouveaux courants d'idées que dans les anciens courants du parti», a déclaré Vallini. «Il n'y aura de réussite individuelle au PS que dans la solidarité et les valeurs collectives», a affirmé Hollande dans sa conclusion.

Mais comme les autres, le premier secrétaire réfléchit lui aussi à l'après-municipales et à la préparation du congrès. Samedi, il a réuni au siège du parti les représentants d'une cinquantaine de fédérations. Des proches de Hollande envisagent aussi de rendre public un texte commun, après les élections.