VILLEJUIF.

LE CONSEIL d’administration (CA) de l’Institut Gustave-Roussy (IGR) vient d’estimer son manque à gagner à 18 millions d’euros pour l’année 2008. Malgré ses efforts pour réduire au maximum les coûts, la situation financière de l’établissement ne s’améliore pas.

Le déficit n’est pas dû à une mauvaise gestion mais plutôt à la T2A, le système d’aide de l’Etat qui pratique une tarification à l’activité.

« Avec ce système, il est plus rentable de soigner une appendicite qu’une pathologie lourde », s’énerve Laurent Garnier, conseiller général (PCF) dans le Val-de-Marne et membre du CA.

« Nous allons continuer les économies »

L’IGR, reconnu comme l’un des plus performants en France et en Europe pour traiter le cancer, soigne surtout les malades les plus lourds et les formes de cancer les plus rares. Il prend en charge des cas lourds comme la radiothérapie innovante.
Le problème ? « Toutes ces activités ne sont pas financées par la T2A. Elles génèrent à elles seules un manque à gagner de 15 millions d’euros sur les 18 millions de déficit prévus. Avant cette réforme, l’IGR recevait une subvention correspondant à un barème général. Tous les ans, nous avions un budget fixe et global », commente l’élu.

Pour redresser les comptes, la direction a proposé au dernier CA de suspendre les recours, ce qui a été refusé. « Nous allons continuer les économies, précise Antoine Crouan, directeur de la communication de l’IGR. Nous devions refaire les ascenseurs, c’est repoussé de trois ans. Et nous ouvrons des lits pour des pathologies plus légères pour combler le manque à gagner. »

En septembre prochain, le CA se réunit. Si les comptes ne sont pas rééquilibrés, la direction proposera à nouveau de suspendre la prise en charge des cas les plus lourds.

«Si nous ne soignons plus ces malades, nos recherches s’arrêteront. Sans eux, nous ne pourrons plus faire d’essais cliniques, ce qui à terme signifie des espoirs plus minces de trouver des solutions pour les malades atteints de cancers rares », s’alarme Laurent Garnier.

Mi-juillet, le membre du CA a alerté par courrier le Premier ministre, François Fillon, et l’ancien président de la République Jacques Chirac, initiateur du plan cancer. L’IGR attend un signe du gouvernement avant le prochain CA.