«Royal représente une certitude de défaite»

«Cette candidate avenante et charismatique n'a pas les capacités nécessaires aux responsabilités qu'elle postule», assène l'ancien premier ministre dans une tribune féroce.
Il a trempé sa plume dans le vitriol. Dans une tribune publiée mardi dans le quotidien Libération, froidement intitulée «Halte au meurtre», Michel Rocard s'inquiète de l'avenir du PS, «en très mauvaise santé, en quasi-paralysie depuis longtemps», et expose sa stratégie pour le sortir de sa «crise intellectuelle». Crise de leadership également.

Le pire cauchemar de Michel Rocard ? «Choisir son premier secrétaire en pensant choisir du même coup son candidat présidentiel.» L'ancien premier ministre enfonce le clou : «C'est offrir un surcroît de chances à Ségolène Royal. Or le problème est que cette candidate avenante et charismatique n'a à l'évidence pas les capacités nécessaires aux responsabilités qu'elle postule. Elle représente une certitude de défaite, au prix en plus d'une très grave crise dans le Parti.»


Choisir le candidat du PS fin 2011

Constatant que les autres prétendants pour 2012 - Bertrand Delanoë en quête de sa réélection à Paris, et Dominique Strauss-Kahn au FMI à Washington - sont occupés «pour longtemps», il souhaite que le prochain congrès du PS décide de fixer «à l'automne 2011 et en aucun cas avant» la désignation de son candidat pour la prochaine présidentielle.

«Choisir maintenant le candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2012, avant que le Parti ne se soit reconfiguré pour définir et soutenir le discours, c'est offrir aux médias une cible magnifique pour quatre ans, juge-t-il. Personne n'est capable de résister au pilonnage multiquotidien qu'implique cette situation.»

Rappelant que «la crise s'est lourdement aggravée sous le mandat de François Hollande, et qu'elle est due pour l'essentiel au fait que le PS n'est plus capable de tenir un discours cohérent», Michel Rocard estime que le prochain premier secrétaire du PS devra avoir «comme mandat dominant, sinon exclusif, d'amener le parti à accoucher d'un projet».