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Christine Lagarde : "Il faut modifier le fonctionnement du pacte de stabilité"

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Christine Lagarde : "Il faut modifier le fonctionnement du pacte de stabilité" Empty Christine Lagarde : "Il faut modifier le fonctionnement du pacte de stabilité"

Message  livaste Lun 3 Mai - 12:49

Christine Lagarde : "Il faut modifier le fonctionnement du pacte de stabilité"
| 03.05.10 | 10h50 • Mis à jour le 03.05.10 | 12h47



De retour de Bruxelles où elle a participé à la réunion des ministres des finances de la zone euro, Christine Lagarde, ministre de l'économie, défend lundi 3 mai à l'Assemblée nationale le collectif budgétaire qui doit entériner la participation française au plan d'aide triennal à la Grèce.

Ce plan de 110 milliards d'euros va-t-il suffire à endiguer les attaques des marchés financiers ?

Christine Lagarde : J'y compte bien. Avec ce plan, la Grèce est complètement protégée pendant deux ans et demi. Elle n'a pas besoin de se financer sur les marchés financiers. Elle sera immunisée contre les risques extérieurs, ce qui permettra de mettre en œuvre l'ensemble des mesures de redressement.

Pourquoi le montant de ce plan a-t-il triplé en quelques semaines ?

Parce qu'on ne raisonne plus sur un an mais sur trois. Le FMI fait des programmes pour une durée minimale de trois ans. On est passé à une aide de 110 milliards d'euros sur trois ans, dont 80 milliards apportés par les pays membres de la zone euro.

N'est-ce pas parce que les Européens ont tardé à intervenir ?

Plus le temps passe, plus cela coûte. C'est le prix de la démocratie. On a tâtonné. Dans les traités européens, rien n'était prévu pour affronter une telle crise. Pour adhérer à l'euro, il fallait respecter les critères de Maastricht puis le pacte de stabilité. C'était une garantie contre les plans de sauvetage.

Et puis sous l'effet de la crise, et de l'ampleur des déficits grecs, il y a eu une perte de confiance, qui s'est traduite par une spéculation sur la dette grecque et sa dégradation par certaines agences de notation dans des conditions scandaleuses.

La crise est-elle due à la spéculation, comme l'a dit Nicolas Sarkozy ou à une dégradation des déficits, comme l'a soutenu Angela Merkel ?

Les deux, la Grèce a fourni des statistiques erronées. En dix-huit mois, la prévision de déficit public est passée de 6% du produit intérieur brut (PIB) à 12% puis 13,7%. C'est le problème de fond. La-dessus s'est greffé un phénomène de spéculation qui a accru la crise. On s'est retrouvé dans une spirale que nous avons dû freiner de manière massive.

De combien sera la contribution française ?

De 20,7%, ce qui correspond à sa part dans la Banque centrale européenne. Dès lors que l'on passe sur un programme de trois ans, nous nous mettons en situation de pouvoir prêter 16,8 milliards d'euros au lieu des 6,3 milliards prévus initialement.

Concrètement, cela veut dire que nous allons signer des contrats de prêts bilatéraux avec la Grèce, coordonnés par la Commission européenne. Ils atteindront 3,9 milliards d'euros en 2010. La première année, nous n'aurons pas besoin de modifier notre programme d'émissions obligataires.

En 2011, 2012 et une partie de 2013, il faudra en revanche l'augmenter pour lever sur les marchés les 12,9 milliards d'euros supplémentaires. Nous prêterons aux Grecs pour une durée de trois ans, au taux fixe de 5%. Si la durée du prêt dépasse trois ans, le taux passera à 6%, pour inciter à un remboursement rapide.

L'Etat français emprunte actuellement à 1,5%, il va donc faire une plus-value en prêtant à la Grèce ?

Le taux d'intérêt rémunère le risque. Et nous ne voulons pas prêter à des conditions super-attractives, pour ne pas encourager le vice. Le taux variable de 3,75% auquel prête le FMI équivaut au 5% fixe que nous accordons.
Vous souhaitez que les banques participent à l'effort à l'égard de la Grèce. De quelle façon? Il faut qu'elles maintiennent les engagements qu'elles ont dans ce pays.

La Grèce peut-elle supporter la cure de rigueur qu'on lui impose ?


Le gouvernement grec est convaincu que ce sont des mesures dures, de grande rigueur, indispensables pour restaurer les finances publiques et la compétitivité grecque. Il a le sentiment qu'elles permettront de développer croissance durable et l'emploi. Il estime que si le fardeau est supporté de manière équitable au sein de la population, ce sera politiquement acceptable. Mais ce sera forcément douloureux. La Grèce devrait connaître une récession plus grave, de 4% en 2010, de 2% en 2011, mais sans déflation.

Qu'est-ce qui garantit que le plan sera mis en œuvre ?

Chaque trimestre, la Commission et le FMI iront valider sur place avec le gouvernement grec la réalisation des engagements. C'est au vu des résultats que seront débloquées les tranches successives.

Comment éviter que de telles crises ne se reproduisent ?

Lorsque Standard and Poor's notifie la dégradation d'un Etat quinze minutes avant la fermeture des marchés, c'est du pousse-au-crime. C'est la garantie que tous ceux qui ont des titres vont s'en délester, sans avoir le temps de réfléchir, pour ne pas se faire rattraper par la clôture. Je vais profiter de la directive européenne sur les agences de notation qui entre en vigueur le 7 juin pour demander à l'Autorité des marchés financiers d'assurer leur surveillance, examiner les conditions dans lesquelles elles fonctionnent, exiger qu'elles notifient et fassent valider leur modèle, démontrent la manière dont elles respectent les règles de conflit d'intérêt, de séparation d'activités, la façon dont elles distinguent entre les cotations des risques privés, des risques publics. Les agences de notation doivent réfléchir à des codes de bonne conduite qui soient opérationnels.

Faut-il pouvoir mettre en cause leur responsabilité ?

Il faut y réfléchir. Le sommet franco-allemand mardi prendra-t-il des initiatives sur ce sujet? Une réflexion au plus haut niveau est engagée sur les agences de notation, la régulation, la transparence, l'information, les mesures d'urgence si nécessaire sur le marché des CDS sur dette souveraine et puis, de manière plus générale, la gouvernance européenne. Il faut tirer les leçons des derniers mois.

Le fonctionnement du pacte de stabilité doit-il être modifié ?
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Propos recueillis par Françoise Fressoz, Claire Guélaud et Arnaud Leparmentier
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Christine Lagarde : "Il faut modifier le fonctionnement du pacte de stabilité" Empty Re: Christine Lagarde : "Il faut modifier le fonctionnement du pacte de stabilité"

Message  livaste Lun 3 Mai - 12:56


Le fonctionnement du pacte de stabilité doit-il être modifié ?


Oui, il faut impérativement inclure dans notre radar l'examen de la compétitivité et de la stabilité financière. Nous n'avons pas fait suffisamment attention aux écarts de compétitivité qui se creusaient entre l'Allemagne d'un côté, la Grèce, le Portugal et l'Irlande de l'autre. Ces écarts sont redoutables car ils vont en s'élargissant. Il va falloir aussi agir de manière plus efficace en cas de dérive de la dette, des déficits ou de la compétitivité. Instaurer des mécanismes de prévention et d'alerte qui permettent de détecter plus tôt le fait qu'un pays risque de commencer à sortir soit en termes de dette, soit en termes de déficit, soit en termes de compétitivité.

On a beaucoup dit cela dans le passé sans résultat…

Quand ça nous coûte 110 milliards d'euros, on change d'approche! Des pays comme l'Espagne, le Portugal et la Belgique n'encourent-ils pas des risques bien plus élevés que la Grèce avec une croissance encore plus faible qu'elle? Ils ne sont pas du tout dans la même situation, Ils n'ont pas fourni de chiffres faux, raconté des fariboles sur les déficits. Mais c'est vrai que la grande question posée à l'Europe est de restaurer son potentiel de croissance.

Selon un récent sondage CSA-Le Parisien, 67 % des Français pensent que la crise grecque va se propager en France. Comment les rassurer ?

La France n'est pas la Grèce. Qu'il s'agisse des statistiques, justes et pesées au trébuchet de l'Insee, des déficits qui sont moitié moindre que ceux de la Grèce, de notre dette qui atteindra 83,2% du PIB en 2010 et non pas 120%, de notre prévision de croissance qui est de +1,4 % quand les Grecs sont à moins 4%. Mais la crise grecque, vis-à-vis de tous les pays de la zone euro, est un rappel à l'impératif de restaurer les équilibres budgétaires en diminuant la dépense et en augmentant la recette.

C'est le début assumé de la rigueur ?

Non, car il ne faut surtout pas casser la reprise. On a un calibrage subtil à établir entre soutien à la croissance et réduction des déficits.

Comment réduire la dépense ?

En poursuivant la révision générale des politiques publiques et en respectant absolument la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Ce sont des réformes structurelles de fond. Comme la retraite. Voyez ce qu'ont décidé les Grecs: 40 années de cotisation, un âge de départ à 65 ans révisable et le calcul de la pension sur l'intégralité de la vie professionnelle au lieu des 5 dernières années.

Le plan d'austérité grec devrait nous servir de modèle ?

Je ne dis évidemment pas cela mais le risque retraite, au même titre que les autres dépenses sociales, est un poste extrêmement important que l'on doit arriver à contrôler. Pour restaurer les grands équilibres, il faut arriver à une solidarité: Etat, collectivités territoriales, régimes sociaux. C'est une cause nationale.

Comment augmenter les recettes ?

Elles reviendront avec la reprise économique. Déjà les rentrées de TVA sont supérieures de 900 millions d'euros à ce que nous prévoyions. L'impôt sur les sociétés en 2010 sera en amélioration. Et puis il y a la lutte contre les niches fiscales qui doit nous permettre de dégager 6milliards d'euros sur trois ans. Il faut les examiner sans tabous en préservant celles qui permettent d'encourager l'emploi et la recherche et développement.

A part le toilettage des niches fiscales, continuez-vous d'exclure toute hausse d'impôt ?

Oui, car ce n'est pas au moment où l'activité redémarre qu'il faut donner un gigantesque coup de frein à la croissance. Et on a déjà des montagnes de prélèvements obligatoires.

Selon Alain Minc, un des conseillers de Nicolas Sarkozy, "personne n'évitera la rigueur" en Europe. Il prédit "une augmentation européenne de la TVA" Y a-t-il un projet ?

Non, pas du tout. En matière de TVA, j'ai vécu les affres d'une discussion pour arriver à une unanimité au sein des 27, je serais très surprise qu'une telle mesure voie le jour.

Le PCF a annoncé qu'il ne voterait pas les prêts à la Grèce. Quelle est votre réaction ?

Il conteste le taux d'intérêt auquel on prête à ce pays. Mais son attitude revient à dire qu'il ne faut pas soutenir la Grèce. Je trouve cela très regrettable.

Les anti-euro disent que la Grèce ne parviendra pas à se redresser et qu'il vaudrait mieux qu'elle sorte de l'euro. Votre réaction ?

Je ne fais pas partie des eurosceptiques. Si nous voulons peser sur le destin du monde, il faut jouer collectif. Tout ce qui affaiblit l'Europe affaiblit nos positions au sein du monde. La crise grecque a été une épreuve pour l'Europe c'est vrai. L'élan a été laborieux pour venir au secours de l'un de ses membres mais, dans une situation qui n'était pas prévue, on a réfléchi au vouloir vivre ensemble, politique, économique. La crise est devenue un nouveau tremplin pour l'Europe.

Vous croyez vraiment que l'union politique peut suivre l'union monétaire ?

Cela va nous conduire à réfléchir avec l'ensemble de nos partenaires et notamment avec nos amis allemands sur le gouvernement économique, la convergence économique et la réduction des écarts économiques. Soit on est sérieux et on construit ensemble, soit tout cela n'aura été un feu de paille.

Quel est l'état réel des relations franco-allemandes ?

L'Allemagne a réalisé de gros efforts de compétitivité notamment sous le gouvernement Schröder. Elle a des exigences fortes vis-à-vis de ses partenaires. Mais ce ne sont pas des coups de semonce. C'est un mélange d'exigence et de volonté collective. L'Allemagne et la France sont parfaitement d'accord pour tirer ensembles les conséquences de la crise notamment sur la régulation et la gouvernance économique de la zone euro.

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