L'appel de Daniel Cohn-Bendit suscite des réactions mitigées

" L'appel du 22 mars" de Daniel Cohn-Bendit pour métamorphoser Europe Écologie en "coopérative politique" rassemblant "Verts, socialistes, Cap 21, communistes" suscite ses premiers remous.

Il faut dire que l'ancien leader du mouvement étudiant de Mai 68 ne prend pas de gants pour critiquer l'organisation d'Europe Écologie et ceci, malgré son alliance victorieuse, au deuxième tour des élections régionales, avec les socialistes. "Entre simple marque électorale et réseau purement virtuel, Europe Écologie est restée une projection, où chacun pouvait voir midi à sa porte", écrit Daniel Cohn-Bendit. Quant aux Verts (10.000 adhérents), ils sont actuellement taillés pour "faire un championnat amateur", alors que l'écologie politique "peut atteindre la Ligue des champions", lâche-t-il.

La réplique la plus cinglante est venue de Jean-Vincent Placé, numéro deux du parti. Il n'y a "pas de raison de dissoudre quelque chose qui marche bien", car les Verts ont retrouvé "du crédit depuis trois ans", notamment grâce à Cécile Duflot. Et de mettre en garde contre "des structures qui paraissent au premier abord très libertaires et qui, en réalité, seraient bonapartistes". C'est que, contrairement à Daniel Cohn-Bendit qui mise sur un groupe autonome à l'Assemblée en 2012, Jean-Vincent Placé défend une candidature "écolo" à l'Élysée. Le ton est rapidement monté entre les deux hommes. Jean-Vincent Placé a été qualifié d'"apparatchik Vert" par Gabriel Cohn-Bendit, frère aîné de Daniel. "Certains ont intérêt au statu quo, car ils pensent contrôler l'appareil", confirme l'eurodéputé Yannick Jadot.

Martine Aubry pas concernée

Dans cette querelle, Daniel Cohn-Bendit peut compter sur le soutien des poids lourds du parti, et pas des moindres. Dominique Voynet et Noël Mamère ont signé son appel. Quant à Yves Cochet, un des fondateurs des Verts en 1984, il juge que "le dépassement" est "absolument nécessaire" pour ne pas "louper une fenêtre historique", même s'il est "difficile pour certains". Mais la patronne du parti, Cécile Duflot, préfère rester prudente. "C'est Dany Cohn-Bendit, je suis habituée", a-t-elle lancé sur France Info, tout en reconnaissant des "choses intéressantes" dans cette idée de "coopérative politique". Mais la question se posera immanquablement lors de la tenue du parlement du parti (Cnir), ce week-end.

À l'extérieur d'Europe Écologie, Martine Aubry évacue la question de l'adhésion éventuelle des socialistes. Selon elle, l'appel de Daniel de Cohn-Bendit s'adresse d'abord aux Verts. D'ailleurs, fait-elle valoir, le PS a créé "un réseau social, il y a quelques mois, qui s'appelle coopol, c'est-à-dire coopérative politique". Une déclaration qui sonne comme une fin de non-recevoir pour le député européen d'Europe Écologie.

Il n'y a guère que les petites formations de la galaxie écolo encore étrangères à Europe Écologie pour s'enthousiasmer. C'est le cas d'Antoine Waechter et Jean-Marc Governatori, coprésidents de l'Alliance écologiste indépendante (AEI), mais aussi de Corinne Lepage et de son mouvement Cap 21. Après l'échec retentissant du MoDem aux régionales, celle-ci a décidé de lâcher le parti de François Bayrou pour afficher sa volonté de travailler avec Europe Écologie, avec l'espoir que la vague verte soit plus pérenne que la vague orange.