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Il y a un siècle

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Message  livaste Lun 3 Mai - 21:13

03 mai 2010
3 mai 1910 : La Grèce sauvée par le régime crétois ?

« Nous sommes prêts à des réformes mais il faudra nous aider ! » Venizelos se cale tranquillement dans le fauteuil qui fait face à mon bureau. Il est fier d’être le seul homme politique grec que la France a choisi de soutenir. Il se sent en position de force.



Eleftherios Venizelos dirige déjà la Crète. Demain, il pourrait bien prendre le pouvoir à Athènes, si on veut bien l’aider un peu…

Nous n’avons pas le choix. La situation du jeune état balkanique apparaît presque désespérée : budgets déséquilibrés, corruption d’une partie de l’administration gangrénée par le clientélisme, agriculture arriérée qui peine à subvenir aux besoins de la population, armée et marine mal équipées et organisées. La Grèce peut devenir demain la proie d’une Allemagne belliqueuse comme d’un Empire Ottoman instable essayant de remonter la pente de l’Histoire.

La mise en place d’une Commission internationale des finances publiques n’a pas servi à grand-chose sauf à blesser l’amour propre des habitants. L’instabilité ministérielle demeure tandis que la question macédonienne et le sort de la Crète - liés à des revendications territoriales grecques et des rêves de grandeur comme l’enosis - pourrissent le climat de toute la région des Balkans et enveniment les relations internationales.



Les Balkans avant 1912

La Grèce s’industrialise trop peu, trop lentement et n’attire pas suffisamment les capitaux des investisseurs qui lui préfèrent la Russie, les colonies, les gisements de pétrole d’Orient ou les Amériques.

Pourquoi parier sur Eleftherios Venizelos, le puissant chef crétois ? Il apparaît plus honnête que les autres, plus fin, plus stratège avec une dimension incontestable d’homme d’Etat qui manque au bouillant colonel Zorbas, le seul à émerger actuellement sur la scène grecque.



Nous savons que Venizelos va nous demander de l’argent, beaucoup d’argent, s’il accède au pouvoir. Le bas de laine des Français, des Allemands ou des Anglais dont les économies semblent inépuisables, sera le bienvenu. Une autorisation d’emprunt sur les places de Paris, Londres ou Berlin, la garantie des banques nationales, des articles bienveillants de journalistes financiers peu regardants… nous connaissons la musique.

Quand le berceau de la civilisation européenne prend feu, il faut bien que toute l’Europe se transforme en pompier.


Toute ressemblance avec une situation actuelle serait ..pure coïncidence ??
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Message  livaste Mar 4 Mai - 20:51

04 mai 2010
4 mai 1910 : La lutte contre l’absentéisme scolaire

L’appel se termine. 47, 48, 49… Ils sont bien là, à leurs places. Certains parlent le provençal mais ils attendent l’enseignement de la République. Nous sommes mardi. La toilette du dimanche n’est pas loin et l’odeur de la classe ne nécessite pas l’ouverture fréquente des fenêtres.

Ernest Vigoureux est maître d’école depuis trente ans. De 1880 à 1910, il a occupé six postes d’enseignants. Souvent des classes uniques, comme il les aime. Il a d’abord vu des Bretons, puis des Flamands et a enfin rejoint sa région, son « coin », au peu au nord de Manosque.



Pour que ses classes soient complètes, qu’aucune tête ne manque, il a fallu parfois batailler. Dans les années 80, c’était souvent les travaux des champs qui concurrençaient son enseignement. Il s’efforçait alors d’aller voir chaque paysan récalcitrant pour le convaincre que l’avenir de son fils (les filles, elles, venaient) passait par l’école. Parfois il fallait se fâcher et menacer de faire intervenir les gendarmes. La souplesse s’imposait aussi : les jours où manifestement tout le village était mobilisé avec les machines agricoles, eh bien, on fermait la classe discrètement après le déjeuner et Ernest allait lui-même donner un coup de main.

Il embrasse d’un regard les 49 petits Provençaux. Plus personne ne conteste son enseignement. Pas comme dans le Nord en 1890 où certains menaçaient au départ d’envoyer leurs enfants chez les sœurs s’il se montrait trop “laïque”. Là aussi, il avait fallu faire preuve de pédagogie, autant avec les familles qu’avec les jeunes têtes blondes. Il avait donc participé à l’organisation des fêtes locales, il tenait aussi les registres de la mairie et faisait son marché en serrant les mains tout en souriant à tous. Accueilli à son arrivée avec un peu de méfiance, Ernest Vigoureux avait quitté le Nord, cinq ans plus tard, sous les applaudissements de toute une population conquise par ses idées nouvelles, ses méthodes de lecture et de calcul efficaces et surtout ses résultats au certif’ (tous les présentés réussissaient).

Il finira sa carrière en Provence. Il connaît la langue. Il pense pourtant que cela ne servira plus à grand-chose dans dix, quinze ans. Elle ne sera bientôt guère parlée que par les vieux.

On se presse à l’école de la République. Tout le monde est là, tous les matins. Rien que des paires d’yeux attentives. Sur les bancs, on y compte bien, on y lit avec application et on y parle un bon français. Ernest Vigoureux est un heureux homme.
_________________________________

On n'a donc rien inventé depuis un siècle !

Il est vrai que l'absentéisme de l'époque , ce n'était pas celui d'aujourd'hui , les maîtres devaient surtout convaincre les parents et non les enfants .
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Message  livaste Lun 10 Mai - 21:32

10 mai 1910 : Paris-Rome Express

« Toutes les œuvres de mon époux devront quitter la France ! »

Nous sommes, avec ma femme, dans l’express Paris-Rome.

Il y a un siècle - Page 2 Rome-t10

Le Paris-Rome Express est un train de la Compagnie internationale des Wagons-Lits

Plus de quatorze heures de voyage qui laissent le temps de bien connaître les autres occupants du compartiment.

Il y a un siècle - Page 2 Rome-t11

Au restaurant dans le Paris-Rome Express : nous nous faisons très rapidement des connaissances

Nous cheminons en face de Léontine Gruvelle, la veuve du peintre Guiseppe de Nittis, peintre italien génial, disparu prématurément à l’âge de 38 ans en 1884. Léontine a été son modèle, son égérie et son amante. Elle entretient à présent pieusement sa mémoire et veille sur toutes les toiles qui n’ont pas été vendues.


Il y a un siècle - Page 2 De-nit10
Giuseppe de Nittis : “Les Courses à Boulogne”

« Je souhaite qu’après ma mort, les Italiens et plus particulièrement les habitants de Barletta, sa ville natale, redécouvrent les tableaux de cette époque magique qu’avait sue saisir Guiseppe. »

« Epoque magique » : le mot clef est lâché.

Après avoir quitté la veuve de Nittis, nous découvrons Rome. Le mélange des époques -toutes effectivement plus magiques les unes et les autres - est saisissant. L’Antiquité, la Renaissance, l’Art moderne se concentrent et se fondent dans cet espace bienveillant, cette capitale immense qui a su garder des allures de ville de province où la vie reste douce.



Immensité des églises à l’échelle de la foi vibrante du peuple, grandeur des monuments de Romains qui ont su conquérir le monde mais simplicité d’un moment passé à boire un cappuccino sur la Piazza Navona. Les siècles se mêlent entre eux dans un continuum esthétique, dans une recherche continue du beau et du sacré mais sont présentés par des Romains avenants, souriants et détendus. On parle avec force gestes, on met son discours en scène, roule des yeux, bombe le torse et ménage ses effets : au pied de ses chefs d’œuvres, le Romain aime plaire et se faire remarquer.

Nous ne l’écoutons déjà plus et nous partons, délibérément, nous perdre dans ces petites rues du Trastevere qui tournent et serpentent… à l’infini.


ah , en ce temps là , on savait voyager !!!! Very Happy
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Message  Jeanclaude Lun 10 Mai - 21:42

Merci livaste topic fort intéressant, enrichissant et nous permettant une certaine remise en cause parsonnelle.

Tu peux poursuivre dans cette voie !

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Message  livaste Jeu 13 Mai - 10:10

12 mai 1910 : Pour se soigner, il suffit de rêver !

Se soigner sans puissants médicaments, sans chirurgie périlleuse, tout simplement en dormant : Une utopie ? Non, cela devient bien une réalité.

Des médecins français et américains travaillent très sérieusement autour des rêves et essaient d’utiliser leurs caractéristiques - déjà analysées par Bergson - pour apporter un vrai réconfort aux malades des nerfs.



Qui ne s’est pas senti très en forme après une bonne nuit peuplée de songes sympathiques ? Le rêve détend le cerveau et les muscles, il permet au corps de se reposer complétement tout en laissant vagabonder l’esprit à sa guise. C’est à partir de ce constat simple que les scientifiques travaillent.


Il y a un siècle - Page 2 Reve-r10
Le Rêve du Douanier Rousseau


Il fallait relever deux défis : comment provoquer l’activité onirique ? Et surtout comment faire en sorte que le patient ne sombre pas dans des cauchemars ?

Les deux points sont maintenant résolus, avec ingéniosité, à partir d’expériences simples.

Provoquer un rêve précis :

Le patient part dans une campagne qu’il affectionne beaucoup et passe un heureux séjour d’un mois. Pendant toute cette période, il doit sentir régulièrement un flacon contenant un parfum puissant et facilement reconnaissable. De retour en ville, à son domicile, des gouttes du parfum sont mis sur l’oreiller de l’intéressé pendant son sommeil… provoquant ainsi chez lui des rêves réparateurs de campagne bucolique.

Il y a un siècle - Page 2 Luigi-10

Luigi Russolo peint aussi le rêve avec Profumo

Déclencher des rêves heureux :

Allongé sur un confortable divan, le malade est endormi grâce à une potion légèrement hypnotique, tout en fixant son attention sur un point lumineux tournant sur lui-même dans une pièce sombre. Pendant son sommeil, sont diffusés des images sur un écran et des sons enregistrés bien déterminés : les couleurs sont agréables et la musique harmonieuse. De doux rêves ne tardent pas dès lors à venir et à son réveil, le patient « se sent mieux ».



Toutes ces expériences de conception et de réalisation aisées pourraient être généralisées à toute la population.

Pour surmonter tous les soucis d’une époque parfois sombre et troublée, endormons les Français ! Et surtout, faisons-les rêver !

Rêvons un peu !
De toute évidence , cette thérapie n'a été qu'un feu de paille ..
Allez savoir , on va bien découvrir un charlatan pour proposer ce remède !
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Message  livaste Mar 18 Mai - 0:05

17 mai 1910 : Le goût pour les zoos humains

« Il faut mettre fin à ces exhibitions scandaleuses ! » La colère m’étrangle. Mes deux interlocuteurs, M. Deporte, directeur du Jardin d’Acclimatation et M. Martineau, « marchand d’indigènes » comme il se fait lui-même appeler, semblent surpris.

M. Deporte prend la parole en premier : “Nous avons déjà eu des reproches du préfet Lépine, maintenant les vôtres. Mais pourtant, montrer des peuplades primitives correspond à une attente des Parisiens. Ils veulent voir des sauvages, leurs costumes pittoresques, leur anatomie, leurs multiples femmes, les jeux de leurs enfants. Cela les amuse et leur change les idées après leur journée de travail. Ils jettent des pièces dans les bassins pour les voir plonger. Tout cela est à la fois amusant et instructif.”


Il y a un siècle - Page 2 Zoo-hu10
Les scandaleux zoos humains à Paris

Les Nubians et les Eskimos en 1877, les Somalis en 1890, les Indiens Galibis et les guerriers Achantis en 1892, les célèbres Amazones du royaume d’Abomey en 1893… Les spectacles recrutant des êtres humains des régions lointaines ne sont ni nouveaux ni propres à la capitale française. Bruxelles, Londres, Berlin, Francfort, Chicago mais aussi Amiens, Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Tours et beaucoup d’autres villes de province accueillent ces attractions bizarres où des familles entières sont parquées derrière des grilles et montrées, dans leur vie quotidienne à la population enthousiaste, charmée par l’exotisme des scènes.


Il y a un siècle - Page 2 Zoo-hu11
M. Deporte pense avoir trouvé le bon argument : « Nous travaillons pour les savants et la renommée de Paris. Le matin, nos Pygmées sont étudiés par l’Académie de Sciences. L’après-midi, ils sont libres dans mon Jardin et amusent les visiteurs. Le soir, ils s’adonnent à leurs danses favorites au Moulin Rouge ou aux Folies Bergères. Vous voyez, notre organisation est parfaite et bien pensée. »

Il y a un siècle - Page 2 Zoo-hu12

Sur un ton glacial, je rappelle à mon interlocuteur le nombre de pauvres gens morts de froid, de maladie voire de faim lors des précédents spectacles. Je montre les rapports de la préfecture de police et explique mon intention d’interdire ce type de manifestation.

M. Martineau me répond, calmement, en roulant une cigarette : « Nous avons décidé d’arrêter de promener des familles de Noirs comme des animaux en cage. Non pour des raisons morales, cher monsieur, mais parce que le public commence à se lasser. Nous proposons maintenant de reconstruire des villages entiers dans Paris. Un village sénégalais ou un campement maure : voilà qui peut aider notre peuple à prendre conscience de sa mission civilisatrice et pousser nos députés à voter des crédits pour nos colonies. » Le parti colonial, l’allié idéal pour ce marchand ! Des gens puissants, de l’argent de certains banquiers, des journalistes convaincus, des parlementaires qui ont des intérêts personnels dans ces affaires : Martineau sait manœuvrer et s’appuyer sur des groupes influents. Le sourire radieux, il se lève et me tend une autorisation déjà signée par le directeur de cabinet de Briand. « Désolé mon vieux, vous avez perdu. Vos bons sentiments m’amusent. Changez de camp. Laissez-vous aller à ce type de spectacle, vous verrez, en vieillissant, on y prend goût ! »


Rappelons le , il n'y a qu'un siècle de cela ...
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Message  livaste Dim 6 Juin - 21:57

06 juin 2010
7 juin 1910 : Une école moins chère pour le contribuable

« L’Instruction publique nous coûte beaucoup trop cher. Les lois Ferry de 1880 à 1886 qui organisent l’école obligatoire et gratuite pour tous les enfants jusqu’à 13 ans ont conduit à une multiplication des établissements jusque dans les bourgs les plus reculés. Pour les adolescents, il est aussi envisagé dans les projets de la Ligue pour l’Enseignement Post-Scolaire Obligatoire (Lepso), une généralisation des cours du soir. En attendant, la République a construit à grands frais les lycées Voltaire, Carnot, Janson de Sailly et Buffon, sans parler du lycée Lakanal à Sceaux et des lycées de jeunes filles qui sortent de terre comme des champignons. On parle d’augmentation du traitement des instituteurs, en parallèle avec une probable diminution du nombre des élèves par classe ! Où va-t-on ? »



Le chef de bureau de la direction générale de la comptabilité, forteresse du ministère des finances, chargée de serrer les vis budgétaires, ne décolère pas. Il inonde mon bureau de documents et de chiffrages montrant que l’éducation des jeunes Français va coûter de plus en plus cher. « Vous vous rendez compte que si nous continuons comme cela, la France dépensera, un jour, plus pour ses écoles que pour son armée ? » Constatant que cette perspective ne semble pas m’effrayer outre mesure, il poursuit : « Et pourtant, il existe un moyen pour maîtriser les coûts dans ce secteur. »

Je dresse l’oreille : le ministère des finances aurait une idée nouvelle, originale ? Il ne se contenterait pas de pester contre celles des autres ? Je regarde silencieusement et attentivement le brillant et jeune chef de bureau qui me fait face. Raide dans son costume, bien peigné, le visage encore poupin, il a tous les diplômes en poche : Droit et École Libre de Science politique, poursuivis par la réussite au très difficile concours de l’Inspection des finances, avant d’être recruté directement par le ministre dans le bureau supervisant les négociations budgétaires avec les ministères dits « dépensiers ».

« Monsieur le conseiller, il faut lire le manuscrit que Jules Verne n’a jamais réussi à publier sur Paris au XX ème siècle. Il y propose de mettre en place une grande Société Générale de Crédit Instructionnel. Elle regrouperait tous les moyens éducatifs dont la France a besoin sur un seul lieu, à Paris, à la place du Champ-de-Mars. Plus 150 000 étudiants pourraient suivre des cours de haut niveau en physique, mathématique, mécanique, commerce, industrie pratique ou finances. Les lettres, le latin et le grec qui servent à peu de choses pour la prospérité de notre économie et la vitalité de nos industries, seraient abandonnés. La Société Générale serait dirigée par des banquiers, des industriels, des militaires et des parlementaires. Aussi, les enseignants pourraient se concentrer sur la transmission du savoir et ne prendraient pas part à une direction à laquelle ils n’entendent rien.



Un inspecteur du gouvernement s’assurerait que cette société d’enseignement - entièrement financée par l’apport de fonds privés - satisfait bien l’intérêt général et forme les cadres dont le pays a besoin. Il n’y aurait plus la dispersion et la multiplication des moyens dont souffre l’actuel ministère de l’Instruction publique. »

Je demande à notre brillant chef de bureau de m’indiquer quand le projet pourrait aboutir. Il me répond, confiant et soudain décontracté : « Jules Verne prévoyait l’arrivée des premiers élèves dans cette Tour de Babel du Savoir vers 1930. Si nous poussons les grands patrons dès à présent sur ce projet, nous pourrions envisager le lancement dans quatre ou cinq ans, dès 1915. A cette date, de grandes économies pour le budget de l’État commenceraient, en même temps qu’une prise en charge plus rationnelle de nos jeunes. »

Je regarde le fonctionnaire comme un jeune fou. Il représente pour moi la génération « Caillaux », le ministre inspecteur des finances, qui a recruté ainsi quelques « têtes bien faites » comme il disait, « chargées de moderniser l’Administration française ».

Une chose me rassure : le vieux personnel politique radical, blanchi sous le harnais, respectueux des traditions d’une école républicaine qui a fait ses preuves, n’a aucune chance de prêter une oreille attentive aux discours de cet apprenti sorcier administratif. Une inquiétude plane pourtant : j’imagine qu’un jour, notre haute administration pourrait compter des chefs de bureau comme celui-là en nombre suffisant pour que notre Instruction publique en soit bouleversée.

mais qui donc a dit que l'histoire ne se répétait pas ??

L'auteur est cependant un grand visionnaire , aujourd'hui , un siècle plus tard effectivement les bureaux des ministères sont tenus par des énarques , , " têtes bien faites " qui se chargent de " moderniser l'administration "!!
affraid
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Message  livaste Ven 18 Juin - 19:45

18 juin 2010
18 juin 1910 : L’appel du 18 juin

« Mais monsieur, le téléphone, c’est pour les bavardages de dames ! » J’écoute avec attention la jeune comtesse de Pange qui sera reçue dans un quart d’heure par Aristide Briand. Mon interlocutrice semble très étonnée de l’entretien que je viens d’avoir en sa présence, grâce à cet appareil, avec la préfecture de police. Elle reprend : « Mais, chez moi, c’est un domestique - toujours le même - qui répond et nous n’utilisons pas cette machine à la sonnerie stridente pour les choses sérieuses. »

Il y a un siècle - Page 2 Teleph10

Un central téléphonique dans les années 1910

Enjoué et un peu moqueur, je rétorque : « Mais madame la comtesse, vous ne croyez pas si bien dire: je ne suis, moi aussi, qu’un serviteur… un serviteur de l’État. »

La comtesse, sur un ton de reproche : « Je suis stupéfaite que vous ayez pu donner des ordres à la police en utilisant cet outil aussi futile. Comment peut-on sérieusement diriger une administration avec ce … jouet de luxe ? »

Je réfléchis un instant : « Vous auriez préféré que j’envoie un agent porter un pli avec mes consignes? Et que j’attende ensuite une ou deux heures son retour pour savoir si nous ne rencontrions pas des difficultés dans l’exécution de celles-ci ? »

La dame ne se laisse pas démonter : « Notre police, cher monsieur, a besoin d’ordres écrits, clairs et non d’appels intempestifs d’un petit conseiller de cabinet qui parle trop vite. Rendez-vous compte que le personnel de ma maison n’utilise même pas le téléphone pour les courses et que mon époux continue à faire poster ses courriers en ville par son chauffeur. »

La comtesse a beau avoir vingt ans de moins que moi, je suis saisi par le décalage entre sa vision du monde et la mienne. Notre dialogue oppose deux époques et presque deux siècles : un XIXème finissant qu’elle représente avec orgueil et un XXème qui commence à peine et dans lequel je suis déjà plongé.

L’aristocrate délicatement parfumée se penche vers moi et me glisse sur le ton de la confidence cet ultime argument : « Savez-vous qu’aucun joli garçon, aucun homme du monde n’oserait entrer en contact avec moi avec un téléphone ? »

Un peu lassé par cet entretien qui me fait prendre du retard dans mes dossiers, je lâche avec un sourire faussement enjôleur : « Mais madame, s’il en est ainsi, je vous promets de ne jamais vous appeler ! »
Il y a un siècle - Page 2 Teleph11

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Message  livaste Mar 22 Juin - 21:18

22 juin 2010
22 juin 1910 : Reconnaissons l’Union Sud-Africaine

« Il faut reconnaître ce nouvel Etat ». La conclusion de ma note pour Aristide Briand est sans ambiguïté. Depuis le 31 mai, la province du Transvaal, celle du Cap, l’Etat libre d’Orange et le Natal forment un nouveau dominion qui affirme son indépendance relative par rapport à la couronne britannique. L’Union de l’Afrique du Sud est née. Elle apporte un heureux dénouement à une guerre qui fut celle de toutes les horreurs : la guerre des Boers.
Les Français se rappellent les descriptions dans la presse des sanglantes batailles entre forces britanniques et les colons boers d’origine hollandaise, allemande ou française. Des photographies horribles ont circulé montrant les atrocités commises de part et d’autre dans cette pointe sud de l’Afrique, aux terres agricoles immenses, riche en or et en diamants.
On se rappelle notamment ce pauvre enfant mourant de faim dans un camp de prisonniers civils boers :

Le cœur des Français battait plutôt pour les combattants boers, qu’ils imaginaient volontiers comme des aventuriers des temps modernes secouant le joug anglais.


Maintenant est venu le temps de la réconciliation : un homme redoutablement intelligent prend le pouvoir : Louis Botha. L’ancien général boer présente ce jour son programme au parlement du Cap. Ses maîtres mots : cohabitation pacifique entre les ennemis d’hier, respect des langues (l’anglais d’une part et l’afrikaans des Boers d’autre part) et des traditions des uns et des autres. Alliance loyale avec l’Empire britannique mais indépendance de fait.
La France s’apprête à apporter son soutien à cette ambition.

et un siècle plus tard ....
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Message  livaste Lun 27 Sep - 21:47

27 septembre 1910 : Charles de Gaulle m’écrit

La lettre de Charles de Gaulle m’a fait plaisir. J’avais un peu oublié ce grand jeune homme que j’avais poussé en son temps vers la carrière des armes. Il a réussi Saint-Cyr l’an dernier et termine sa première année qui doit forcément se dérouler en régiment comme soldat. Affecté à Arras, au 33ème régiment d’infanterie (il a refusé que je m’occupe de son affectation), il m’écrit de la « Coopérative » de son Quartier, dans la salle réservé aux épistoliers.


Il y a un siècle - Page 2 Infant10
Le 33ème régiment d’infanterie a un passé napoléonien prestigieux. Voilà à quoi aurait ressemblé Charles de Gaulle (caporal en avril 1910), s’il avait été incorporé 100 ans plus tôt !

Sur le papier à en tête, s’affichent les batailles prestigieuses auxquelles a pris part son régiment : Wagram, Austerlitz, La Moskova… La réalité de 1910 se révèle mois exaltante : Charles me parle de marches de vingt-quatre kilomètres ou plus (il semble tout content que son lourd sac de lui fasse pas mal, lui, le géant trop mince), du mauvais temps, de la boue des chemins, des vêtements à nettoyer, de l’art de commander la troupe dans les bois ou de sorties au café avec ses amis parisiens…

Heureusement, il continue à faire travailler son intelligence lumineuse : il vient d’enchaîner avec brio l’examen pour devenir caporal (nommé en avril) à celui donnant accès au grade de sergent (il reçoit ses galons ce mois-ci). En outre, il a donné une conférence devant tout son bataillon et ses talents d’orateur lui ont valu un petit succès.

En octobre, retour en région parisienne, pour l’incorporation à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.

En fin de lettre, se rappelant que je suis officier de réserve (je n’ai pas dépassé le grade de lieutenant du génie), il me demande, respectueux, s’il doit m’appeler « mon lieutenant ». Je lui réponds dans une courte missive, qu’une telle appellation que je n’ai pas entendue depuis vingt ans en ce qui me concerne, me ferait rire. Je lui donne trois autres choix : « Monsieur le conseiller » s’il veut garder une distance, « Monsieur » s’il le souhaite, « Olivier » lui étant ouvert aussi. En retour, je lui indique que je continuerai à l’appeler « Charles » mais je lui promets que s’il atteint le plus haut grade militaire, je lui donnerai bien entendu du « Mon général ».


Il y a un siècle - Page 2 De-gau10
Charles de Gaulle entrera à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1910
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Message  Invité Lun 27 Sep - 22:42

j'aime bien lire ce genre de lettres intimes au sujet de personnes aillant marquées l'histoire ; j'aime voir le revers caché d'une personne , percevoir le coté "naturel" celui qui n'est pas montré au public .Ca humaniste , désacralise le personnage sans lui retirer le respect qui lui est dû .
Je me demande qui est celui qui narre cette relation avec de Gaulle ...

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Message  livaste Mer 29 Sep - 21:41

9 septembre 2010
29 septembre 1910 : Engueulade avec Foch

Nous nous détestons. Le conseiller auprès du Président du Conseil et ministre de l’Intérieur que je suis ne peut pas comprendre l’armée : « Vous êtes plutôt un flic ! » me répète-t-il souvent avec un pointe de mépris. Je lui retourne en m’efforçant de rester de calme : « Et vous, un officier figé au garde à vous devant de vieilles théories ! »

Le général Foch, directeur de l’Ecole de Guerre apprécierait de ne plus avoir à gérer un professeur vacataire comme moi. Cela me serait en retour plus facile de ne pas être obligé de prendre mes distances, dans chacun de mes cours, par rapport à la doctrine officielle du haut commandement de l’Ecole.

Nos points de divergence ? Foch et une bonne partie de l’État-Major ne jurent que par Napoléon et la stratégie du grand homme. Ses batailles gagnées sont décortiquées et servent de base pour l’enseignement aux futurs généraux de l’armée française. La victoire de demain contre l’ennemi (forcément) teuton se trouve dans les géniaux mouvements de troupes d’Austerlitz ou de Wagram.

Je ne cesse de regretter cette vision sclérosante qui ne tient pas compte des progrès de l’artillerie (canons à tirs rapides), du déclin de la cavalerie (les charges ne servent pas à grand-chose face aux mitrailleuses) et de l’émergence de l’aéronautique. En citant les guerres récentes en Afrique du Sud ou en Mandchourie, j’insiste aussi sur l’importance de la logistique, des communications, du renseignement ou sur la difficile combinaison entre attaques terrestres et maritimes.

Il y a un siècle - Page 2 Russoj10

La guerre russo-japonaise de 1905 devrait nous aider à imaginer les conflits de demain

Foch m’écoute un instant et balaie mes arguments : « Le vocabulaire de la guerre s’est enrichi mais sa grammaire n’a pas changé. Les principes napoléoniens restent pertinents. « C’est toujours le grand nombre qui bat le petit » nous aide à frapper l’adversaire même quand, globalement, nous sommes en infériorité numérique : « Fixer l’essentiel de l’adversaire avec peu de troupes et l’attaquer sur un point névralgique avec beaucoup de divisions. » demeure un principe stratégique précieux.

Il s’enflamme : « Et je ne parle pas des méthodes pour couper les communications de l’adversaire. Et cela, ce ne sont pas les Boers ou les Japonais qui vont nous l’enseigner ! »

Je réponds, imperturbable : « Vous ne vous rendez pas compte que les conflits du XXème siècle sont des guerres de nations en armes engageant des centaines de milliers d’hommes voire des millions. Et la donne change forcément. »

Foch rétorque : » Des nations en armes ? Eh bien, qui mieux que Napoléon victorieux peut nous aider à penser la Nation levée et mobilisée contre l’ennemi de la Liberté ? »



C'était je le rappelle en 1910 .....
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Message  livaste Mer 29 Sep - 21:44

Que s’est-il passé il y a 100 ans ? Non pas en général, mais en particulier, au jour le jour ? Comment les Français vivaient-ils leur quotidien, que lisaient-ils dans les journaux ? De quoi était faite la vie politique du pays, quels étaient les faits divers qui passionnaient les gens ?

C’est à toutes ces questions et à tant d’autres que ce livre original répond, sans prétention, de manière ludique et accessible à tous.

En publiant cet ouvrage, Olivier Maniette trouve un prolongement logique à son site internet référencé par Le Monde et visité chaque jour par des des milliers de personnes qui s’y instruisent tout en s’amusant.

Avec une page consacrée à chaque jour de l’année, les événements d’il y a un siècle y sont traités de manière vivante et souvent amusante. Le lecteur est ainsi plongé dans un véritable journal de bord qui, à l’instar d’une chronique quotidienne, relate l’histoire telle qu’elle a été vécue et non pas telle qu’elle est relatée dans les manuels d’histoire.

Voilà l'auteur de ces extraits il tient un blog dans le Monde .

http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/
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Message  Invité Mer 29 Sep - 22:00

et dire que si Foch avait écouté ce monsieur il y aurait peut-être eu bien moins de morts lors des deux guerres mondiales qui suivaient leurs "engueulades" :

Nos points de divergence ? Foch et une bonne partie de l’État-Major ne jurent que par Napoléon et la stratégie du grand homme. Ses batailles gagnées sont décortiquées et servent de base pour l’enseignement aux futurs généraux de l’armée française. La victoire de demain contre l’ennemi (forcément) teuton se trouve dans les géniaux mouvements de troupes d’Austerlitz ou de Wagram.

Je ne cesse de regretter cette vision sclérosante qui ne tient pas compte des progrès de l’artillerie (canons à tirs rapides), du déclin de la cavalerie (les charges ne servent pas à grand-chose face aux mitrailleuses) et de l’émergence de l’aéronautique. En citant les guerres récentes en Afrique du Sud ou en Mandchourie, j’insiste aussi sur l’importance de la logistique, des communications, du renseignement ou sur la difficile combinaison entre attaques terrestres et maritimes.

dire que Foch est placardé un peu partout en France et qu'un porte-avion portait son nom .... Suspect

Foch avait pourtant déclaré : « Les aéroplanes [...] ne présentent pas de valeur militaire ».

Qui a eut la brillante idée de nommer le porte-avion à son nom ? heureusement il n'est plus en service et qu' il a changé de nom !!!

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Message  livaste Dim 10 Oct - 21:28

09 octobre 2010
9 et 10 octobre 1910 : Vers la grève ?

Les syndicats sont remontés comme des coucous. En quelques jours, la situation sociale du pays s’est tendue sans que nous ayons vu les choses venir.

Épisode 1 : Le congrès de la Cgt à Toulouse s’est soldé par une gifle envoyée à la tête du gouvernement. Rien ne trouve grâce aux yeux des leaders cégétistes. L’arbitrage obligatoire, la capacité civile proposée aux syndicats, les retraites ouvrières et le contrat collectif de travail se voient refusés en bloc. Les congressistes vocifèrent contre Briand, hurlent contre les ministres « vendus au patronat » et ricanent à chaque fois qu’un chef de file modéré tente de faire entendre sa voix.

Épisode 2 : Pour un franc cinquante refusé par leur compagnie, les ouvriers (coketiers et monteurs) des Chemins de fer du Nord ont commencé à débrayer. Pour l’instant, la circulation des trains n’est pas affectée mais on voit mal comment les motrices vont pouvoir acheminer longtemps des voyageurs si elles ne sont pas approvisionnées en charbon.



Épisode 3 : Je suis chargé, depuis hier, par Aristide Briand de faire le lien avec les autorités militaires pour que la grève ne s’étende pas. Le colonel du 5ème régiment du génie de Versailles ne cesse donc de m’indiquer, heure par heure, au téléphone, comment ses sapeurs, spécialisés dans les chemins de fer, prennent progressivement la place des grévistes au dépôts de la Chapelle et de la Plaine-Saint-Denis.

Épisode 4 : Réunion de crise, ce soir, place Beauvau. Les principaux ministres concernés examinent ensemble comment faire obstacle à un éventuel arrêt de travail généralisé des cheminots.

A suivre…


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Message  livaste Lun 11 Oct - 10:35

11 octobre 1910 : Grève des trains

Ce que nous redoutions est arrivée : Les cheminots sont en grève. La foule attend, impuissante, sur les quais de gare des trains qui n’arrivent pas. La presse interpelle le gouvernement pour qu’il trouve une solution.

Je suis chargé d’organiser une réunion avec les sociétés de chemin de fer afin d’examiner avec elles les concessions qui peuvent être faites aux cheminots.


Il y a un siècle - Page 2 Greve-10
Octobre 1910 : Grève des cheminots. Le train s’arrête, même les élégantes finissent à pied !

Mis à part le réseau de l’Ouest, l’essentiel du réseau français est aux mains de compagnies privées. Les points de conflits -salaires, organisation et conditions de travail, pouvoirs des syndicats - échappent dont à l’Etat. La marge de manœuvre du gouvernement est donc mince pour aboutir à une fin proche du conflit.

Les directeurs des compagnies entrent dans mon bureau, le visage fermé. Le ministre des transports Millerand a tenu à être représenté par son directeur de cabinet.

J’expose aux représentants des compagnies les dangers d’un conflit qui pourrait durer : obligation de faire des concessions plus lourdes que celles que l’on peut lâcher tout de suite, mise en danger de l’indépendance du pays (impossibilité d’acheminer des troupes aux frontières), exaspération de la population remettant en cause la réputation des compagnies.

A bout d’une heure d’échanges nourris, le représentant du réseau du Nord prend la parole, manifestement au nom de ses collègues :

« Monsieur le conseiller, nous ne souhaitons pas une extension du conflit et nous voulons autant que vous le confort des voyageurs et la tranquillité du gouvernement par rapport aux préoccupations de défense nationale. Cependant, les demandes des grévistes ne peuvent être satisfaites sans mettre gravement en péril l’équilibre de nos comptes. Nous sommes prêts à accorder des augmentations de salaire catégorielles mais pas générales. »

Pour avoir en main les revendications des syndicats, je sais que ce discours est inacceptable par eux.
Un conflit dur commence.



L'histoire , un éternel recommencement????
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Message  livaste Mar 12 Oct - 17:47

12 octobre 2010
12 octobre 1910 : La grève divise le gouvernement

Aristide Briand prônait, au début de sa carrière politique, la grève générale. Cette fois, il est de l’autre côté de la barrière, celui des gouvernants. Le théoricien du « grand soir » doit préserver les intérêts vitaux du pays : les électriciens, les gaziers, les employés du téléphone, cessent progressivement leur activité pour soutenir les cheminots qui se croisent déjà les bras, sur tout le réseau ou presque.

La situation est grave. Le pays est sur le point de se bloquer complètement.

Les affrontements entre grévistes et non grévistes sont particulièrement violents : un ouvrier serre-freins non gréviste a été tué par ses « collègues » à Cormeilles-en Parisis.

L’état-major des armées envoie des notes alarmistes sur son incapacité à défendre le pays si la grève continue : les troupes ne pourront plus être acheminées aux frontières et les communications interrompues risquent de couper les régiments des ordres venant de Paris… sans parler des risques réels d’insurrection généralisée.


Il y a un siècle - Page 2 Greve-11
Le régiment du 5ème génie de Versailles est en première ligne pendant les grandes grèves de 1910. Cette unité spécialisée dans les chemins de fer possède les compétences pour se substituer aux grévistes.

Briand réunit les ministres concernés et indique qu’il va faire signer un arrêté autorisant la mobilisation des grévistes pour 21 jours.

Millerand doute de la légalité d’un tel acte. Barthou pense que l’ordre restera sans effet. Viviani s’emporte et considère que cela remet en cause toute la politique de conciliation et d’apaisement qu’il essaie de mener au ministère du travail.

Il ajoute, le teint rouge de colère et la voix vibrante : ” Si vous faites cela, vous me conduirez à un suicide politique ! “

Briand écoute, reste calme, et se retourne vers le général Brun, ministre de la guerre :

« Vous signez cet arrêté, je vous en donne l’ordre. La sécurité du pays et l’autorité de l’Etat passent avant les états d’âme de certains de mes ministres. ”

Puis il se retourne vers Viviani et lui jette, d’un ton glacial : ” Monsieur Viviani, c’est fait, j’ai signé. Vous pouvez maintenant aller vous tuer ! “
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Message  livaste Sam 16 Oct - 16:51

17 octobre 1910 : Comment briser une grève

« Il faut casser la grève mais pas les grévistes. »

Dans la tourmente, Briand conserve le sens de la formule. Ces derniers jours ont été rudes mais notre fermeté a payé.

La grève des trains dans le réseau de l’État et dans une bonne partie des compagnies privées devait prendre fin impérativement. La défense du pays était en jeux : l’ensemble des troupes françaises serait acheminé par chemins de fer en cas de conflit avec l’Allemagne.

Pour Briand, ce fût un déchirement. Ancien socialiste grand teint et partisan de la grève générale, il a dû, maintenant, arrivé Président du conseil et ministre de l’Intérieur, prendre des décisions sans état d’âme.


Il y a un siècle - Page 2 Greve-12
La grève qui prend fin, tourne mal. On compte plusieurs cas de sabotages, sur toute la France, avec de nombreuses machines cassées. La troupe découvre même des bombes posées sur les voies, comme à Reuilly ou à la gare des Chantiers de Versailles.



Mercredi, il m’a confié sur un ton bizarrement jovial: « Je vais avoir besoin de vous ! Du temps de Clemenceau, le spécialiste des opérations de maintien de l’ordre, c’était vous, n’est-ce pas? »

J’ai répondu que c’était dommage qu’il n’ait retenu que cela de mon passage dans le cabinet du Tigre.

Me sentant vexé, il est redevenu grave et a repris :

« En fait, je souhaite que le mouvement des cheminots s’arrête mais je veux que cela se fasse sans mort ni blessé. Autrement dit, je réprouve les charges de dragons ou autres interventions tapageuses de cuirassiers. Dites-moi comment m’y prendre. »

Assis l’un en face de l’autre, je me suis efforcé de l’amener seul aux décisions douloureuses :

« Monsieur le président, vous qui avez été un spécialiste de la grève générale, vous saviez comment vous y prendre, à l’époque, pour bloquer le pays ?

- Où voulez-vous en venir ? me répond-il, surpris de cette façon d’aborder le problème.

- Eh bien, pour casser une grève, il convient d’agir exactement à l’inverse de ce que vous aviez en tête à l’époque.

- C’est à dire… ?

- Les journaux, par exemple, que comptiez-vous faire au moment où vous étiez dans la gauche dure ?

- Nous invitions les journalistes à présenter notre mouvement de façon sympathique, en faisant un peu pression sur eux (Ndlr : avec les syndicats des ouvriers de l’imprimerie).


- Dans notre cas présent, nous exécuterons la même tâche, mais à l’envers : rendre le mouvement antipathique. Il faut pousser la presse (qui a besoin de nos informations gouvernementales pour vivre) à raconter, par exemple, les cas de voyageurs bloqués avec leurs trois enfants, en bas âge, en gare, dans le froid. Les cas de sabotage qui semblent s’étendre doivent aussi être judicieusement exploités pour donner le sentiment que les meneurs se révèlent à la fois dangereux et irresponsables. Une photographie, à la une, d’une locomotive cassée, pouvant provoquer un accident grave, ferait un excellent effet sur l’opinion.

- Et les meneurs ?

- Si la souplesse s’impose pour la majorité des grévistes - laissons les troupes d’infanterie et du génie occuper les gares de façon « bon enfant » - , la fermeté l’emportera quand il s’agit des leaders. Les responsables de la Cgt qui s’apprêtent à étendre le mouvement aux électriciens et gaziers doivent être arrêtés par la police pour atteinte à la sûreté de l’État. Et les syndicalistes cheminots…

- … laissons les compagnies de chemins de fer les révoquer, interrompt Briand. Il poursuit : Elles seront encouragées à profiter du mouvement pour « faire le ménage » parmi les fortes têtes qui gênent la maîtrise depuis longtemps.

- Je vois que vous comprenez vite…si je peux me permettre, monsieur le Président du Conseil. »

C’est à la suite de cet échange que les dispositions ont été prises, ces quatre derniers jours, pour briser le mouvement de grève. Les locaux de l’Humanité ont fait l’objet d’une perquisition brutale et les chefs syndicalistes qui s’y trouvaient, ont été embarqués.

Le leader électricien Pataud, en fuite, est activement recherché par les hommes de la Sûreté.

Le flamboyant Gustave Hervé, déjà à la Santé, s’est vu interdire toute visite et n’a pu continuer ses appels au sabotage dans son journal.

Quant aux gares principales, elles font l’objet d’une occupation aussi massive que systématique par les régiments de ligne.

Dès que les sabotages ont commencé à s’étendre, des centaines de cheminots suspects ont été licenciés.

Enfin, tous les meetings ont été interdits, en vertu de la loi de 1881, notamment celui envisagé hier sur les pelouses du lac Daumesnil.

Pendant que ces opérations étaient menées d’une main de fer, Aristide Briand a reçu chaque jour la presse pour lui indiquer :

que le nombre de gréviste refluait,
qu’il faisait personnellement pression sur les compagnies, pour une augmentation raisonnable du salaire des cheminots.


Bref, la bonne vieille méthode de la carotte et du bâton.

Force est de constater qu’elle semble payer.

peut être le gouvernement pourrait il lire ce récit !!
Voilà une bonne leçon , où l'on apprend comment , il y a un siècle déjà , la gauche s'employait à pourrir la vie des citoyens , avec la complicité des journaleux !
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Message  Jeanclaude Sam 16 Oct - 19:25

Pas besoin d'être un "sale gauchiste" pour "casser" une grève ! Mon expérience professionnelle m'a, hélas, permis d'être souvent confronté à ce genre d'évènements. Des grèves de plusieurs jours en métallurgie qui se sont TOUJOURS soldées ( avec moi je précise sans aucune prétention ) sans intervention des forces de l'ordre, mais toujours autour d'une table à négocier... . parfois quelques jours mais il faut savoir le faire !

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Message  livaste Sam 16 Oct - 19:33

L'ironie du texte, Jean Claude , tient en ce que , lorsqu'on met un politique de gauche au gouvernement , il n'hésite pas à " casser les grèves " , rappelle toi Jospin quand il a envoyé les CRS pour casser , manu militari , les grèves de camionneurs !
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Message  livaste Lun 1 Nov - 22:19

1er novembre 1910 : La Croix Rouge en deuil

Elle est de toutes les guerres mais personne ne lui tire dessus. Elle côtoie la souffrance mais n’en est jamais à l’origine. La Croix Rouge existe depuis 1863 et n’a cessé de s’étendre. Tous les grands pays ont signé aujourd’hui la fameuse convention de Genève de 1864. En principe, les armes se taisent quand passent les médecins ou les infirmiers et les blessés doivent quitter le champ de bataille sans être considérés comme des ennemis. Seul le soulagement de leurs souffrances compte.

La guerre que l’on ne peut malheureusement faire disparaître s’arrête maintenant à une frontière, celle posée par les textes internationaux et matérialisée par l’action dévouée de la Croix Rouge ( en France, la Société de Secours aux Blessés Militaires, SSBM).

A l’origine de tout cela, un homme: Henry Dunant.


Il y a un siècle - Page 2 Dunant10
Le fondateur de la Croix Rouge Henry Dunant

Une imagination débordante, une énergie à revendre à ses débuts, un talent d’écriture aidant à convaincre (« Un Souvenir de Solferino » le rend définitivement célèbre et emporte l’adhésion des foules à la cause des blessés de guerre) puis l’usure dans les rivalités, les enjeux de pouvoir et l’oubli de tous. Dunant connaît la misère et l’isolement pendant un long moment.

Heureusement, le prix Nobel de la Paix ainsi qu’une pension de l’Impératrice de Russie sont venus réparer une partie des injustices à partir de 1901.

Au fin fond de la Suisse allemande, à 82 ans, Henry Dunant vient de mourir.

Les blessés de la guerre doivent beaucoup… à ce blessé de la vie.
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Message  livaste Lun 22 Nov - 14:44

22 novembre 1910 : Les bilboquets du fonctionnaire

« On m’avait dit que mon travail serait un jeu, je suis très déçu ! » Maurice Crougnard, zélé fonctionnaire à la préfecture de la Seine, a un rôle peu banal. Il se rend tous les jours dans la grande salle des enchères d’État de la rue des Écoles.

Et que met-il à prix, notre Maurice ? Les milliers de jouets dont les Parisiens ne veulent plus. Les bilboquets jetés négligemment dans les rues à faire trébucher les passants, les vieux diabolos abandonnés qui bloquent les bouches d’égouts, les solitaires qui ont perdu leurs boules et encombrent les immeubles vides : Ces jeux très à la mode dans les années 1880, ces objets que tous s’arrachaient et que les parents ramenaient à leurs enfants émerveillés. Rappelez-vous. Le Jardin du Luxembourg se transformait en cirque de plein air où se mettaient en scène toutes les adresses, où chaque enfant redoublait d’effort pour devenir le champion des jongleurs.



Après l’effort du bilboquet ou du diabolo, venait, lors du retour à la maison, le soir venu, la concentration sur une partie de solitaire. Moment privilégié et calme pour montrer sa capacité à anticiper, bâtir et retenir des combinaisons pour vaincre ce vrai casse-tête avec élégance.

Maurice reprend, désabusé : « Tout cela est bien fini. Ces jouets ne se vendent plus. Même les aéroplanes en modèle réduit n’intéressent plus personne. Et moi, je dois essayer de faire partir tout cela au prix le plus élevé. Personne ne va lever la main, aucun objet ne dépassera les quatre sous ! Comment puis-je faire ? »

J’aime bien Maurice. Quand j’étais jeune chef de bureau Place Beauvau, il m’a appris ce que l’on n’apprend pas dans les livres. Et quand je prends mon café avec lui le matin, sur le zinc, j’ai envie de l’aider.

Je réfléchis et lâche : « Pourquoi ne pas faire comme pour le fameux jeu de patience fait de petits morceaux de bois illustrés découpés à assembler ? Ce jeu était bien oublié et revient aujourd’hui sous un terme anglais, sans avoir réellement changé. Si vous appelez cela « assemblage de morceaux de bois», personne n’en veut. Et si vous employez le mot magique d’outre-Manche voire d’outre Atlantique, de « puzzle », tout le monde se précipite et l’offre à ses enfants ! »

Maurice reprend un second café, tourne sa cuillère dans sa tasse, sceptique. Il se gratte la tête, passe sa main dans ses cheveux devenus tout blancs, pensif. Puis il s’exclame, avec son accent des faubourgs : « C’est bien ça l’problème. Si vous parlez pas l’english, d’nos jours, z’êtes un homme mort. Même caché dans les soupentes de la préfecture, on peut pas êt’ tranquille ! »

Razz Razz
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Message  livaste Sam 1 Jan - 23:27

Et pour en terminer avec cette année 1910,la dernière page .


31 décembre 2010
Une bonne année 1911 ?

1910 est derrière nous, 1911 entre en scène. Les images de l’année qui s’achève défilent, en vrac : les inondations catastrophiques, les ballets russes, la mort de Tolstoï, la grande grève des cheminots, le changement de gouvernement…



Notre pays de plus en plus policé s’est aperçu qu’il n’était pas à l’abri de la fureur des éléments. Mais à peine sauvé des eaux, il a su aussi s’ouvrir en grand sur le monde. Fascination pour l’Orient, le monde slave, les contes et légendes des steppes ou des forêts infiniment profondes.

La musique de Stravinsky étonne et détonne agréablement, la peinture se veut de moins en moins figurative, on découvre la puissance des rêves et Bergson montre un chemin qui n’est pas celui auquel Descartes nous avait habitué. Moins de science, de démonstrations logiques et plus d’instinct, d’irrationnel et d’exotisme. Le Dieu des catholiques a été chassé par la porte après des années de lutte anti-cléricale et ce sont des divinités d’ailleurs qui entrent par la fenêtre d’un Occident resté plus mystique que l’on ne le croit.

Et Olivier le Tigre dans tout cela ? La vie d’un homme plutôt heureux. Trois enfants très prenants mais si attachants ! L’aîné Nicolas rêve, à bientôt 15 ans, de piloter un aéroplane et en attendant, nous le poussons pour qu’il puisse entrer dans un grand lycée de Paris ; la cadette Pauline, 6 ans, très raisonnable, dévore déjà ses tout premiers livres et Alexis, 18 mois, continue à être le petit diablotin rieur, aux yeux bleus en amandes, mettant notre appartement sans dessus dessous.

Ma femme ? Elle a sans conteste commencé à épuiser les charmes de la vie au foyer. Elle qui avait su se faire remarquer comme assistante indispensable du sous directeur de la comptabilité, rue de Rivoli, elle reprendrait bien ses anciennes fonctions. La vie bourgeoise classique ne lui convient pas. Thé et petits gâteaux à cinq heures et discussions avec la bonne pour bâtir le menu du prochain déjeuner : non merci ! Je vais parler de tout cela avec le ministre Klotz. Peut-être la prendra-t-il à ses côtés.

Ma propre carrière ? Un moment menacée après le départ de mon protecteur Clemenceau, elle connaît un nouveau départ. D’abord méfiant, Briand apprécie maintenant mon expérience dans la gestion du ministère de l’Intérieur et met à profit mes bonnes relations avec les diplomates russes. Je regrette toujours le vieux Tigre ; ses traits d’esprit, son humour ravageur, ses colères sans lendemain me manquent mais je me fais à ce nouveau Patron, plus sobre, plus secret dans l’expression de ses sentiments. Birand a géré la grève des chemins de fer sans un mort, sans même une charge de cavalerie, évitant d’humilier l’adversaire. De la mesure, du sang froid, bref du grand art politique. Finalement, je suis assez fier de servir à ses côtés.

1911 s’annonce bien. Nos alliés russes et anglais sont solides, l’Allemagne nous respecte (enfin), les agriculteurs sont calmés, les ouvriers profitent de quelques avancées sociales. Une année tranquille s’annonce. J’en parlais avec une vieille dame en faisant la queue au bureau de poste. Elle m’a bizarrement attrapé la main en me glissant : « méfiez-vous de l’eau qui dort …. »


Voilà des prévisions optimistes !
L'Allemagne respectant à l'aube de cette année 1911 la France .. un voeux pieux quand on connaît la suite !!!
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