Martin Hirsch présente son programme aux députés

Dans le cadre du Grenelle de l'insertion, Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, organise, jeudi 17 janvier, un débat avec le Parlement autour des enjeux de l'insertion. Ce débat doit permettre aux députés et aux sénateurs d'être associé en amont à ce processus de concertation et de négociation, réclamé par des acteurs associatifs sur le modèle du Grenelle de l'environnement. Un "grand oral" très attendu pour Martin Hirsch, ancien président d'Emmaüs France, nommé dans le gouvernement de François Fillon en mai. De gauche " tendance Jacques Delors ", ce diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA) et de l'Ecole normale supérieure (en biologie), est l'un des symboles de la politique d'ouverture menée par Nicolas Sarkozy.



Lancé les 23 et 24 novembre derniers à Grenoble, pour six mois, le Grenelle de l'insertion doit aboutir à une refonte en profondeur de toutes les politiques qui viennent en aide aux personnes exclues. Car selon le haut commissaire, le système actuel ne fonctionne plus. " Il s'agit de remettre l'insertion au cœur des débats de la société et de rebattre les cartes sur les droits et les devoirs de chacun, pas seulement les bénéficiaires, mais également les entreprises et les pouvoirs publics ", explique-t-on au haut commissariat.

Plusieurs réformes doivent être engagées : celle des minimas sociaux, avec la création d'un revenu de solidarité active (RSA), celle des contrats aidés, qui devraient être unifiés dans un contrat unique d'insertion, celle de la formation professionnelle, afin de permettre aux personnes les plus éloignées de l'emploi d'y avoir davantage accès. Enfin, une réforme du financement du secteur de l'insertion par l'activité économique est envisagée. Sur ce point, une évaluation de l'efficacité des structures pourrait être exigée en contrepartie d'un financement pluriannuel plus sécurisant, dit-on dans l'entourage de Martin Hirsch.

En décembre, trois groupes de travail thématiques ont été mis en place, qui devront apporter des propositions concrètes d'ici au mois de mai. Y sont représentés l'Etat, les collectivités territoriales, les employeurs, les syndicats, les acteurs de l'insertion, les associations, les bénéficiaires des dispositifs, des personnalités qualifiées ainsi que des parlementaires de la majorité et de l'opposition.

Le premier groupe est chargé de redéfinir les objectifs des politiques d'insertion et sa gouvernance. Par exemple, les participants devront évaluer si l'objectif d'un retour à un emploi normal, c'est-à-dire non aidé, peut être un objectif pour tous. Le deuxième groupe devra expliquer comment construire des parcours d'insertion adaptés et comment mieux professionnaliser et évaluer les structures qui viennent en aide aux personnes très éloignées de l'emploi. Enfin, le troisième devra dire comment développer la mobilisation des employeurs, notamment en identifiant les freins qui empêchent une entreprise d'embaucher une personne en difficulté.

Sur ce thème, un sondage réalisé du 29 novembre au 5 décembre par TNS-Sofres, auprès de 1 000 allocataires du revenu minimum d'insertion (RMI) montre que 64 % d'entre eux travaillent ou " pourraient travailler immédiatement si on leur proposait un emploi ". Néanmoins, 21 % des personnes interrogées estiment avoir de nombreux problèmes à régler avant de pouvoir trouver un emploi et 9 % pensent ne jamais pouvoir retravailler.

Le Grenelle de l'insertion devra également répondre à l'objectif plus large de réduction d'un tiers de la pauvreté en cinq ans. Selon l'Insee, en 2005, le taux de pauvreté en France était de 12,1 %. Cela signifie qu'un peu plus de 7 millions de personnes, dont 2 millions d'enfants, vivent en France avec des ressources inférieures au seuil de pauvreté (817 euros par mois pour une personne seule en 2006). Pour relever ce défi, le gouvernement devra donc faire franchir cette barre à plus de 2,1 millions de personnes d'ici à 2012. " Fixer un objectif, cela force à le suivre ", répète le haut commissaire aux solidarités actives.