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Le déclin de Swindon symbolise la crise britannique

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Message  Invité Lun 9 Mar - 14:42

Le déclin de Swindon symbolise la crise britannique


À Swindon, petite ville où l’économie est proche de la moyenne britannique, la fermeture pour quatre mois de l’usine Honda provoque une cascade de licenciements




C’était une usine modèle, que les Britanniques aimaient à mettre en avant. La manufacture de Honda à Swindon, dans le sud-ouest de l’Angleterre, était ultramoderne, et elle symbolisait le modèle économique britannique : des capitaux étrangers, de la main-d’œuvre souvent immigrée, mais le tout basé en Grande-Bretagne.

Le modèle avait trouvé un surnom, la « Wimbledonisation » : aucun Britannique n’a gagné le tournoi de tennis depuis 1936, mais l’événement reste incontournable et ce qui compte est qu’il se déroule sur le sol anglais. La City, avec ses banques étrangères basées à Londres, fonctionne sur le même modèle.

Mais c’est aujourd’hui la même usine Honda qui vient symboliser la crise économique. Face à l’effondrement brutal de la consommation en Grande-Bretagne et dans le reste de l’Europe où elle exportait, l’usine a dû fermer ses portes pour quatre mois. Depuis le 1er février, et jusqu’en juin, aucune voiture ne sortira de ses chaînes de montage. Un grand plan de départs volontaires a été mis en place, et 1.100 des 4.800 employés ont quitté l’entreprise.

"Cela a été très soudain"

Ashley Williams est l’un de ceux qui sont restés. À 55 ans, ce comptable de formation, qui a rejoint le travail à la chaîne en 2000 après des ennuis personnels, est encore sous le choc. « Cela a été très soudain, explique-t-il. En octobre, nous sommes passés de deux “shifts” (services) par jour à un seul, puis en décembre, le plan de départs volontaires a été ouvert, et début janvier, on parlait de fermer pour deux mois. Finalement, c’est deux fois plus long. »

Pour les quatre mois à venir, lui et les 3.700 employés restants de Honda touchent 88 % de leur salaire. Mais une large partie de cet argent devra être remboursée en heures supplémentaires quand l’usine reprendra du service. Ashley Williams est d’autant plus inquiet que la crise touche également une large partie de sa famille. « Ma femme est fleuriste, et son chiffre d’affaires est en baisse. L’une de mes deux filles travaille pour les magasins de chaussures Barratts et ils viennent d’ouvrir un plan de licenciements. »

La crise à Swindon déclenche un effet domino classique. Les employés de Honda ont commencé à réduire leur consommation. « On a fait le point sur nos dépenses avec ma femme, témoigne Kevin Arnold, 46 ans. On dépensait autrefois 165 livres (190 €) par semaine pour nos courses, et on a réduit cela à 72 livres (80 €) : on ne va plus à Tesco (chaîne d’hypermarchés), mais à Aldi (hard discounter). »

Au centre-ville de Swindon, ces restrictions de consommation dans les familles de la ville commencent à sérieusement se faire sentir. La vitrine du bazar Woolworths, grande enseigne qui a fait faillite avant Noël, a été vandalisée à plusieurs reprises. En face, le magasin de vêtements Mad House a mis la clé sous la porte mi-février. Le petit magasin de photos voisin n’a pas résisté non plus, tandis que les autres se battent à coups de promotions toutes plus importantes les unes que les autres.

La ville avait pourtant retrouvé une vraie prospérité
Quant à Catherine Stubbs, directrice de Beavers Recruitment, une petite agence de travail temporaire spécialisée dans les chauffeurs routiers, elle ne sait plus comment s’en sortir. « D’habitude, après l’été, on a de plus en plus de demandes jusqu’au pic de Noël. Mais, cette année, le volume a stagné. On a été touché directement par les problèmes de Honda, et par ceux de Woolworths, qui avait un centre de distribution près d’ici. » Elle possède deux appartements qu’elle louait à la semaine aux chauffeurs, qui venaient souvent de loin. Désormais, elle cherche de nouveaux locataires.

À Swindon, le choc est d’autant plus fort que la ville avait retrouvé une vraie prospérité ces dernières années. Ravagée durant les années 1980 en raison de sa dépendance envers l’industrie des chemins de fer, l’agglomération de 200 000 habitants s’était reconstruite autour d’une économie diversifiée, symbolique de l’économie du pays.

Mi-2008, le taux de chômage y était de 4 % seulement, environ un point de moins que la moyenne britannique. « Honda était obligé de recruter à 50 kilomètres à la ronde, faute de main-d’œuvre disponible sur place », souligne Jim D’Avila, qui dirige la section locale du syndicat Unite. Mais depuis quelques mois, les files d’attente au Job Center (agence pour l’emploi) local se sont allongées. Le nombre de bénéficiaires des allocations de chômage a fait un bond… de 140 % en un an !

L’économie britannique sans doute la plus touchée de l’OCDE

Pourtant, derrière l’angoisse grandissante, beaucoup à Swindon veulent relativiser. « Pour l’instant, nous n’avons pas les histoires abominables des nombreuses saisies immobilières de la crise de 1992, précise Jim d’Avila. Le niveau de vie a fortement augmenté ces dernières années, et les gens se sont habitués à avoir une télévision à écran plat, un abonnement au satellite, un téléphone portable… Il y a des problèmes sociaux, mais nous n’en sommes pas encore à la soupe populaire. »

Bruce Gamble est l’un de ceux qui croient que l’économie peut repartir. Ayant créé sa petite entreprise de design pour sites Internet il y a dix-huit mois, il estime que la crise est exagérée par les médias. « Cette récession frappe Londres et le sud de l’Angleterre, alors que les précédentes ont touché le nord. Cela touche les décideurs et les médias directement chez eux, et le sentiment est dix fois pire que la réalité. »

Bien sûr, cet optimisme un peu forcé ne doit pas cacher les difficultés qui sont bien réelles. L’économie britannique sera probablement la plus touchée des pays de l’OCDE cette année, avec un recul du PIB prévu de 3 % en 2009.

L’explosion de la bulle immobilière, le poids disproportionné de la City, et le surendettement des ménages rendent la Grande-Bretagne vulnérable. Le chômage frôle désormais la barre des 2 millions de personnes, et pourrait atteindre les 3 millions début 2010.

L’avenir est profondément incertain. Pour les employés de Honda, la question est de savoir si la production reprendra vraiment en juin. Beaucoup dépend en particulier du succès du nouveau modèle de voiture, la Jazz. Si celle-ci échoue, des licenciements supplémentaires seront inévitables.

Swindon pourrait alors basculer dans une grave crise sociale. Mais si la Jazz fonctionne, et si les dizaines de milliards injectés dans l’économie par Downing Street font leur effet, le pire pourrait encore être évité.

Sébastien MARTIN

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2366554&rubId=1096

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Message  Invité Lun 9 Mar - 14:47

Les deux grands maux du modèle anglais


La faillite des banques et le surendettement des ménages provoquent aujourd’hui une panne généralisée de l’économie britannique



Il est devenu le symbole même de la dégringolade des banquiers britanniques. Fred Goodwin, longtemps patron flamboyant de Royal Bank of Scotland (RBS), est désormais la figure du banquier irresponsable, avare, et sans pitié.

La révélation, la semaine dernière, qu’il perçoit une retraite à vie de 780.000 € par an, à l’âge de seulement 50 ans, a été la goutte de trop. Certes, l’homme qui a fait sombrer RBS, obligeant l’État à y injecter dans l’urgence des milliards, a déjà été mis à la porte sans ménagement, et a renoncé à son bonus. Mais l’idée qu’il puisse couler des jours paisibles et confortables a provoqué des réactions passionnées.

"Fred le coupeur", connu pour sa férocité à réduire les coûts
Pendant des années pourtant, sir Fred – il a été anobli par la reine en 2004 – avait été encensé. Le banquier écossais avait fait de son établissement un géant planétaire. À l’automne 2007 était arrivée ce qui semblait la consécration : l’acquisition d’une large partie de la banque néerlandaise ABN Amro. Mais « Fred the Shred » (Fred le coupeur), connu pour sa férocité à réduire les coûts – et les emplois – était allé trop loin. Sa banque a perdu l’an dernier 27 milliards d’euros : un record pour une entreprise britannique. L’État, qui en possède déjà 68 % après avoir injecté 22 milliards d’euros, a été forcé de doubler la mise la semaine dernière.

Mais sa banque n’est pas la seule, loin de là, à avoir été coulée par la crise. HBOS, autre géant bancaire – le premier prêteur immobilier britannique – a également frôlé la faillite. Plus généralement, la fameuse City est frappée de plein fouet. Au total, 350.000 golden boys y travaillaient au sommet de la bulle mi-2007. Environ 20 % auront été mis à la porte d’ici à la fin de l’année.

Cependant, si la City est la source des maux britanniques, ce serait une erreur de se limiter à ses excès pour expliquer la crise générale qui frappe le Royaume-Uni. Le secteur financier ne pèse que 8 % du PIB britannique : c’est moins que le secteur industriel, qui représente encore 13 %, alors qu’on le croit trop facilement disparu de Grande-Bretagne.

Les entreprises asphyxiées, les particuliers endettés

Le problème bancaire britannique s’est transformé en crise de financement pour les entreprises. Jusqu’en 2007, près de la moitié des entreprises trouvaient leurs crédits auprès de banques étrangères (irlandaises, islandaises…) et des marchés financiers. Les banques étrangères se sont recentrées sur leur pays d’origine, tandis que les marchés financiers sont quasiment à l’arrêt.

Résultat, les entreprises britanniques sont asphyxiées : 63 % affirment que la disponibilité du crédit s’est détériorée ces derniers mois, selon un sondage du CBI (patronat). « Il y a urgence, souligne Richard Lambert, le directeur du CBI. À court terme, les entreprises vont être forcées de licencier. » C’est pour cela que Downing Street impose aux banques nationalisées d’augmenter leurs prêts.

Il faut enfin ajouter un autre mal économique britannique : le surendettement généralisé des particuliers. Pour pouvoir s’offrir un logement, dont les prix ont triplé entre 1992 et 2007, ceux-ci étaient forcés de contracter des emprunts gigantesques. Pendant longtemps, l’effet était quasi magique. L’acheteur pouvait se contenter de rembourser les intérêts, le prix de son bien immobilier progressant à toute vitesse.

La régulation de la City va être renforcée
Mais quand la bulle a éclaté il y a dix-huit mois, le choc a été rapide. Les prix immobiliers ont déjà perdu 20 % et ne semblent pas devoir s’arrêter là. De nombreux ménages se retrouvent aujourd’hui avec un prêt supérieur à la valeur de leur logement. Au premier coup dur, ils ne peuvent plus faire face : les saisies immobilières ont fait un bond de 50 % l’an dernier.

Face à l’effondrement économique, les Britanniques remettent-ils en cause leur système ? Pour l’instant, la rhétorique politique a profondément changé. Les financiers, jadis génies fantastiques, sont devenus d’irresponsables spéculateurs. Mais sur le fond, les changements à opérer sont moins clairs.

Certes, la régulation de la City va être renforcée. Mais que faire de plus ? Gordon Brown le rappelle régulièrement : il s’agit d’une crise internationale. L’Allemagne et l’Espagne, les États-Unis et la Chine, et bien sûr la France, sont tous touchés. À l’en croire, même s’il ne le dit pas aussi explicitement, ce n’est pas un soi-disant modèle « anglo-saxon » qui est en cause, mais bien les règles de la mondialisation dans son ensemble. Les changer sera plus compliqué que de remettre l’économie britannique sur pied.
Sébastien Martin, à Londres

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2366556&rubId=50650

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