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Les nouveaux avatars de la peur du Web

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Les nouveaux avatars de la peur du Web Empty Les nouveaux avatars de la peur du Web

Message  livaste Jeu 8 Jan - 22:29

L'actualité vue par les blogueurs


Par Enikao, publié le 08/01/2009 13:50 - mis à jour le 08/01/2009 18:19




On les appelle moranoïa, comme David Abiker, "lefebvrite" ou "mamisme", du nom de deux personnalités politiques particulièrement inquiètes sur le sujet: ce sont les formes les plus récentes de la peur du Web. Une peur vieille comme le monde, celle de la nouveauté.

En quelques mois, plusieurs personnalités politiques ont pris ouvertement position, ou ont choisi des modes d'expression qui tendent à diaboliser, volontairement ou non, Internet. Ces actions ne semblent pas concertées ni verser dans le luddisme primaire, mais ne faut-il pas y voir une forme de crainte irrationnelle des nouvelles technologies liée à une méconnaissance profonde de leurs enjeux et de leurs usages? Car ces déclarations et campagnes d'information négatives risquent de creuser plus encore le fossé numérique, et par ricochet de pénaliser la France: si Internet est mauvais en soi, comment susciter l'envie pour les entrepreneurs d'y investir, et pour la population de s'y investir?

Plusieurs coups de boutoir sont venus nuire à Internet dans l'opinion publique française et y accoler une image sulfureuse qui n'a pas lieu d'être. Pire, l'accumulation d'accusations mal fondées et caricaturales risque de tuer dans l'oeuf les initiatives et les talents (ou de les faire partir vers des cieux plus cléments, comment Loïc Le Meur de Seesmic ou Jérôme Rota de DivX), mais aussi de ralentir voire de faire régresser les usages numériques. Qui seront les prochains Mark Zuckerbeg, Bill Gates et autres Matt Mullenweg hexagonaux si nos chères têtes blondes ont une peur panique de la Grande Toile héritée de leurs parents? Si Internet c'est piratage, arnaque, destruction de la vie privée, réseaux pédophiles et extrémistes, il convient de tout arrêter tout de suite et de toute urgence. Si c'est un formidable outil d'échange, de partage et de nouvelles formes de communication, il faut peut-être apprendre à... apprendre à s'en servir.

La confiance aveugle et la peur plutôt que l'apprentissage des bonnes pratiques

Attaque probablement la plus dommageable contre la culture et les usages numériques, le spot vidéo commandé par la Ministre de la Famille Nadine Morano a été diffusé en télévision aux heures de grandes écoutes. Caricatural et irresponsable, ce spot présente Internet sous son pire jour en mettant en avant et sur un pied d'égalité nazisme, pornographie, jeux vidéos violents et pédophilie. Qui plus est, il est pernicieux dans ses sous-entendus et sa mise en scène: il ne laisse aucune initiative à la mère, qui n'est jamais aux côtés de ses enfants. Quant au père, il est étonnamment absent. Peut-être parce qu'il travaille, lui. On notera au passage le beau modèle familial, tellement moderne et sachant s'affranchir des clichés... L'amalgame est donc terrible pour de nombreux parents pas très au fait des nouvelles technologies: Internet = dangers (le pluriel est de mise). La conclusion du spot est massive: "Ne laissez pas le danger entrer chez vous, activez le contrôle parental". Pour quelqu'un qui ne sait pas ce qu'est le contrôle parental, la tentation est grande de simplement résilier l'abonnement à Internet ou de ne jamais s'y mettre.


Cette paranoïa d'Internet a désormais un nom: la "Moranoïa", néologisme inventé par le chroniqueur de Radio France David Abiker qui en a d'ailleurs défini précisément les contours avec ironie. Ce nouvel avatar de la peur numérique a suscité un légitime émoi chez les blogueurs et les professionnels du jeu vidéo, comme le montre cette lettre ouverte de Julien Chièze et la rédaction de Gameblog, un secteur qui selon le cabinet GFK voit son public s'étendre à tous types de populations et dont le chiffre d'affaires dépasse celui du cinéma.
La campagne de sensibilisation commandée par le Ministère de la Famille esquisse d'ailleurs, en filigrane, le vrai problème: le rôle des parents. Le garçon est seul dans sa chambre avec l'ordinateur, et la fille joue seule avec une peluche. La mère est seule au foyer et assiste impuissante à l'intrusion des dangers. Culpabiliser les parents de ne pas savoir comment apprendre à leurs enfants à se servir des nouvelles technologies, pour leur proposer des solutions soi-disant efficaces et impersonnelles (lire à ce sujet Christophe Espern sur l'inefficacité du filtrage) est le meilleur moyen de rompre tout dialogue intergénérationnel, sinon d'accentuer le danger: Internet devient un Eldorado fascinant pour de jeunes utilisateurs inconscients des vrais dangers, mais en âge de se rebeller contre l'autorité parentale. Le maillon faible de n'importe quel système, c'est l'homme, comme l'ont montré les champions du social engeneering, Kevin Mitnick ne fut pas le premier à en faire la preuve. Quelques recherches sur les bons forums, où il est expliqué comment s'extraire du contrôle parental ou le contourner, et le tour est joué. Alors que prendre le temps d'expliquer qu'il ne faut pas donner son identifiant MSN, ne pas accepter n'importe qui sur Facebook et décrypter ensemble le Web est bien plus efficace. Cela demande du temps et de l'humilité, tout simplement.
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Message  livaste Jeu 8 Jan - 22:31

La diabolisation aveugle a été amplifiée par un reportage très controversé d'Envoyé Spécial sur Facebook, le réseau social qui connaît une très forte croissance. Les interviews croisées de sociologues et de membres du réseau ont donné pour les béotiens l'impression d'un réseau virtuel extrêmement dangereux, où les données personnelles sont siphonnées par une société sans que l'on sache qui en fera quoi. Ruptures, espionnite, voyeurisme et même trafic de drogue en direct: là encore, rien pour expliquer comment apprendre à s'en servir, à doser ce que l'on rend public ou non, qui on accepte ou non. La contre-interview de Lou et Maxime, les deux adolescentes interrogées dans le reportage, mettent en outre en lumière un montage partisan.

Les projets actuels : filtrer Internet en espérant éliminer les dangers

Dans la même veine que le spot du ministère de la Famille, La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a soutenu Nadine Morano en proposant ni plus ni moins que le filtrage d'Internet, sans tenir compte des cris d'alarme des experts qui indiquaient que la technique ne suivrait pas les lois. Poursuivons le travail terminologique des paradigmes du pouvoir sur Internet entamé par David Abiker, et nommons ce volontarisme aveugle fondé sur la seule foi en la justesse de sa cause le "Mamisme".

Autre exemple avec le sémillant Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, pas avare de déclarations péremptoires sur Internet, qu'il affirme connaître parfaitement: "Il se trouve que j'ai commencé à communiquer sur Internet avant même la création de Wanadoo, parce que mon frère qui vit aux États-Unis en est l'un des pionniers. Il y a plus de dix ans, j'ai passé quelques bouts de nuits à ses côtés dans certaines caves du 18e arrondissement pour mettre en route des serveurs. Je connais donc parfaitement Internet." Lors des discussions sur la loi Hadopi , voici le type d'incartades qu'il s'est permis pour justifier le filtrage d'Internet: "L'absence de régulation financière a provoqué des faillites. L'absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d'adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs oeuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde. (...) Les trafiquants d'armes, de médicaments ou d'objets volés et les proxénètes ont trouvé refuge sur Internet, et les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs y ont fait leur nid".
Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur BFM, celui qui est (était?) pressenti pour remplacer Eric Besson au secrétariat d'Etat à l'Economie Numérique s'est en revanche trouvé bien en peine de définir le web 2.0, sauf à annoncer que l'UMP allait créer un groupe Facebook: une logique verticale qui est tout sauf 2.0... Cela n'a pas manqué de faire réagir un faux Frédéric Lefèvre sur Twitter - le porte-parole de l'UMP est victime lui aussi d'un Twitter squatteur, comme l'hilarant faux Yves Bertrand (mais que fait la police!). Appelons cette dichotomie, ce discours exagérément alarmiste sur la technologie alliée à une méconnaissance des réalités la "Lefebvrite".

Diriger sans savoir: une classe politique fortement déclassée

Quel est le niveau de litéracie chez les dirigeants politiques d'aujourd'hui? Soyons lucides, il est quasi nul. Ne serait-ce qu'au niveau du chef de l'Etat, qui affiche une modernité a priori à toute épreuve. Si la campagne électorale présidentielle de 2007 a été fortement marquée par Internet (buzz vidéo, réseaux de blogueurs politiques, web-TV de campagne), il faut croire qu'il ne s'agit que d'une façade, ou une simple extension du domaine de la communication politique. Plusieurs signes forts attestent de l'inculture numérique de nos dirigeants.

Autant Jacques Chirac, avec sa bonhomie et sa gaucherie naturelles, avait pu faire rire avec sa découverte de l'informatique (les Guignols l'ont longtemps caricaturé avec "le mulot et la biscotte", pour "la souris et la disquette"), autant passé l'an 2000 ce type d'approche dilettante d'un secteur aussi crucial est inadmissible. Et pourtant, si l'actuel Président n'est pas aussi branque, il n'est pas vraiment enthousiaste vis-à-vis des nouvelles technologies.

Déjà pendant sa campagne en 2007, au cours d'une interview avec Estelle Denis, Nicolas Sarkozy, interrogé sur l'absence d'ordinateur sur son bureau, affirmait qu'il préférait "prendre la plume et écrire". Cela fait pourtant bien longtemps qu'un ordinateur a des usages qui dépassent la simple machine à écrire ou à calculer... Les signes du paraître sont présents partout, le plus curieux étant la présence de la ministre de l'Enseignement et de la Recherche Valérie Pécresse dans le jury des blogs d'Or de Challenges paru en juin 2008. Son expertise affichée des nouvelles technologies se résumait à des rencontres avec des blogueurs, un profil Facebook (mais le tient-elle personnellement ?) et un téléphone 3G... C'est dire si elle est au summum du web 2.0!

Le problème de la majorité de la classe politique est aristotélicien: au-delà de l'expérience propre, le savoir n'est pas grand-chose. Je peux décrire combien j'ai mal au dos, mais mon interlocuteur ne saura pas ce que je ressens. Il en va de même pour Facebook et MySpace, les blogs et les forums, la messagerie instantanée, le partage de vidéos en ligne et la participation aux discussions et communautés du Web. Pour qui ne s'y intéresse pas personnellement, c'est un univers superficiel de geeks hyperconnectés à l'ego démesuré, de magouilleurs dangereux ou de tire-au-flanc. Pour qui ne prend pas le temps de s'y essayer, les enjeux, usages, dangers et opportunités sont plus incompréhensibles encore. Or s'y investir demande du temps, temps que les professionnels de la politique ne peuvent y consacrer en raison de leurs occupations.
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Message  livaste Jeu 8 Jan - 22:33


Pour autant, les politiciens écoutent-ils au moins des connaisseurs, si ce n'est des spécialistes? Recourir à l'expert n'est pas honteux, et même s'il existe un fort risque de partialité de ce dernier (le professionnel prêche toujours pour sa paroisse) rien n'interdit de multiplier les consultations et d'affiner les décisions. Cherchons dans les agendas de l'exécutif les rencontres et consultations, elles doivent être secrètes et à huis clos car, de traces, on n'en trouve nulle part...

Par méconnaissance, les ambitions et objectifs numériques français sont décalés

Si l'écoute n'est pas le point fort, la prise de parole sur le sujet existe, elle, mais manque singulièrement de relief et d'ambition. Trois exemples attristants:
La visite en mars 2008 du Président Sarkozy au CEBIT à Hanovre (le plus grand salon mondial des nouvelles technologies de l'information et de la communication) n'est que l'occasion de comparer les structures économiques entre la France et l'Allemagne. Le Président ne lâchera pas un mot sur le rôle des nouvelles technologies dans la performance économique, l'enseignement et l'accès au savoir ou les nouveaux modes de socialisation en ligne. Le récent Plan Numérique lancé par Eric Besson, dont les professionnels des nouvelles technologies et les utilisateurs attendaient beaucoup, se montre finalement très décevant. La France en est finalement à son énième Plan Calcul, remis au goût du jour à peu près à chaque décennie. Le dernier programme d'envergure, le plan Hourtin présenté par le Premier Ministre Lionel Jospin en 1997 (un âge géologique à l'échelle de l'évolution des technologies et des pratiques numériques), prévoyait déjà la formation des professeurs des écoles, la numérisation du patrimoine culturel, le soutien à l'innovation et aux entreprises des TIC (éditeurs, services).
Où en est-on plus de 10 ans après? Pas très loin. Dans 10 ans la soupe sera resservie et sentira encore le réchauffé. Quant à la force donnée à l'annonce du Plan Numérique, elle semble bien faible puisque c'est un simple secrétaire d'Etat qui s'est chargé de sa présentation en lieu et place du chef de l'Etat, occupé par la crise ce jour-là, semble-t-il. Et si au lieu d'être une menace ou un gadget, Internet était une opportunité, un facteur de performance qui a un rôle à jouer dans l'économie? Pourquoi déconnecter les deux sujets, alors qu'il faudrait au contraire chercher d'autres relais de croissance?
Une approche schizophrène: se servir d'Internet sans le comprendre

Le regard que portent sur Internet les dirigeants politiques français, qui ne sont même pas des "migrants digitaux" mais plutôt des "analogistes" au sens de Mark Prensky, est en grande majorité utilitariste. Après la spectaculaire victoire de Barack Obama à l'élection présidentielle américaine, appuyée en bonne partie sur les usages innovants de la mobilisation et du relais des discours grâce à Internet, l'UMP compte à son tour se servir du Web pour 2012. Certes, Internet peut constituer un relais de campagne peu onéreux et fédérateur, mais est-ce seulement ça? Et les fleurons de l'informatique et des réseaux que sont France Télécom, Dassault Systèmes, Gemalto, Alcatel ou Ubisoft? Et les spécialistes du conseil comme Altran, Unilog, Sopra et autres Cap Gemini? Et les innovants comme Netvibes, ViaMichelin, Wikio ou Dailymotion? Des emplois, un savoir-faire, une contribution à l'économie et à la performance des entreprises, des usages nouveaux pour les particuliers.

La génération Y est déjà insérée socialement mais pas encore en poste politiquement: pourquoi ne pas l'écouter ?

Il faudra peut-être, hélas, attendre l'arrivée effective au pouvoir politique d'une autre génération pour qu'Internet soit présenté comme autre chose qu'une menace ou un relais de communication. Une génération qui aura appris avant d'entrer en politique, car une fois pris dans l'engrenage, le temps disponible pour l'acquisition personnelle non pas de savoirs mais de compétences, qui plus est de compétences qui n'ont pas un impact direct sur la carrière politique, fond comme beurre au four.

Pourtant, les digitaux natifs sont déjà présents en entreprise, comme l'ont remarqué certains patrons iconoclastes, d'un âge assurément mature mais plus en phase avec la fameuse "génération Y". Louis Naugès fait partie de ces évangélisateurs et milite pour un dialogue intergénérationnel. Est-on prêt à l'écouter? L'alternative qu'il présente est claire: le conservatisme numérique et le maintien d'organisations verticales "créatricides" et décourageantes pour une population qui a soif de participer et de se faire entendre, qui risque de faire monter une frustration profonde et de repousser la création vers des cieux plus cléments, ou bien l'acceptation de nouveaux modes d'organisation plus participatifs, plus horizontaux, faisant une place à la recherche des meilleures pratiques sans dogmatisme.
Internet est un réseau, il est ce qu'on en fait. Internet est décentralisé, les envois de plaintes plus ou moins justifiées se voient retournées avec un superbe "NPAI" sur l'enveloppe. Internet n'a pas de domicile, mais on peut poursuivre les personnes responsables d'actes punis par la loi, c'est la coopération internationale qui pêche parfois, mais pas la faute d'Internet en soi, qui n'a pas de direction. Nicolas, Nadine, Frédéric, Michèle et les autres, on en parle quand vous voulez.

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