Etats-Unis - Investiture d'Obama : le pasteur de la polémique

Le révérend Rick Warren est l'un des pasteurs évangéliques de la droite chrétienne -acquise aux républicains- les plus populaires du pays. Chaque dimanche, il réunit plus de 20.000 fidèles dans son église géante Saddleback Church de Lake Forest, en Californie. Auteur d'un livre à succès prodiguant des conseils spirituels "The Purpose Driven Life" (Une vie guidée), il a aussi affirmé que "le mariage gay était moralement équivalent à un mariage entre frère et soeur" et condamné l'avortement comme étant un "holocauste".

Même si Rick Warren, qui s'est également investi dans la lutte contre la pauvreté ou le sida, a déjà participé à des forums organisés par la fondation de Bill Clinton, la décision de Barack Obama de lui faire prononcer une prière lors de son investiture le 20 janvier scandalise les organisations de défense des homosexuels et groupes libéraux. "Inviter le révérend Rick Warren à prononcer la prière lors de votre investiture constitue une vraie gifle pour les homosexuels américains", écrit Human Rights Campaign.

Pour l'association de défense des droits des citoyens "People for the American Way", "c'est une grande déception d'apprendre que le pasteur Rick Warren va délivrer la prière à l'investiture de Barack Obama". "Je suis sûre que ceux qui suivent le pasteur Rick Warren trouveront que le fait qu'il ait été choisi pour la cérémonie est un geste d'appel à l'union de la part du président qui veut dépasser les divisions classiques", ajoute l'association de manière ironique. "Rick Warren a déjà toute l'attention nécessaire avec ses livres et ses apparitions dans les médias. Il n'a pas besoin, ni ne mérite cet honneur", conclut-elle.

Obama se défend

Barack Obama a défendu jeudi son choix, en réaffirmant sa volonté d'"unir" l'Amérique et de rassembler les différents courants. "D'abord, il n'est pas un secret que je suis un fervent partisan de l'égalité des droits des homosexuels", explique le futur président. "Ce que je dis aussi, c'est qu'il est important que l'Amérique s'unisse, même s'il y a des désaccords sur des questions de société", ajoute-t-il.

Le futur locataire de la Maison-Blanche rappelle, qu'il y a quelques années, il avait été invité à prononcer un discours à l'église de Rick Warren "malgré le fait qu'il sache que j'avais des vues tout à fait opposées aux siennes en ce qui concerne des questions comme les droits des homosexuels ou l'avortement". "Toutefois, j'avais eu l'occasion de m'exprimer et ce type de dialogue est exactement le sujet de ma campagne électorale, c'est-à-dire qu'on ne peut pas tomber d'accord sur toutes les questions. Mais on peut être en désaccord sans être désagréables", indique-t-il.