chaussures dangereuses

Après le scandale des fauteuils urtiquants, des sachets d’un fongicide dangereux ont été retrouvés dans des bottes fabriquées en Chine. Ce produit a déjà provoqué des eczémas importants chez plusieurs acheteurs en France, dont deux dans la région d’Angers.
Marc Payet | 05.11.2008, 07h00


APRÈS l’affaire des canapés qui grattent, celle des bottes qui irritent. C’est un rebondissement inattendu dans ce qui pourrait devenir un scandale lié à des importations de produits chinois dangereux. Les mêmes sachets contenant des produits antimoisissure du diméthylfumarate déjà retrouvés dans des fauteuils relax de Conforama et à la Redoute ont été repérés chez différents importateurs de chaussures chinoises dans plusieurs endroits en France.



Le branle-bas de combat

Le réseau des dermatologues a identifié cinq personnes touchées par des eczémas importants, dits « de contact », liés à leurs souliers à Besançon, Grenoble, Dijon, Angers. Mais ils redoutent que le nombre de victimes soit bien plus important. La Direction générale de la santé a demandé à l’Institut de veille sanitaire (InVS) de lancer une alerte sur le sujet. « Nous avons contacté les centres antipoison des hôpitaux pour les sensibiliser à cette question. Nous leur demandons de signaler les cas dont ils ont connaissance. Nous devrions avoir leur synthèse dans quelques jours », explique Agnès Le Franc, du département santé environnement de l’InVS.

Actuellement, la Direction générale de la répression des fraudes recense les produits de la vie quotidienne qui pourraient être contaminés par ces sachets antimoisissure, utilisés en Chine pour éviter les dégâts de la mousson, mais qui se révèlent dangereux pour la santé.
Du côté des enseignes, le branle-bas de combat a été déclaré pour savoir si leurs articles en contiennent ou pas. Selon nos informations, le groupe Etam est concerné. « Nous avons contacté notre fournisseur asiatique. Des tests sont faits en laboratoire pour savoir si certains sachets retrouvés dans des bottes sont dangereux ou non », indique un responsable du groupe. Au CHU d’Angers, une patiente est venue consulter en dermatologie pour un eczéma de contact après qu’elle a porté des bottes Etam dans lesquelles se trouvaient des sachets marqués « Mouldproof - do not eat » (NDLR : antimoisissure, ne pas manger) . Les mêmes petits étuis en papier ont été trouvés dans des bottes de marque Chiara par une commerçante d’un village des environs d’Angers. Elle a dû être hospitalisée et va intenter une action contre l’importateur. Des procédures judiciaires sont en cours par ailleurs dans le dossier Conforama : 400 personnes ont fourni des certificats médicaux au groupe de distribution, à la suite de la vente de 48 000 fauteuils.

Dans son édition du mercredi 5 novembre, Le Parisien révélait l'existence de chaussures contaminées fabriquées en Chine. Des sachets d'un fongicide dangereux retrouvés dans des bottes et des chaussures ont provoqué d'importants eczémas chez plusieurs acheteurs en France, dont deux dans la région d'Angers. L'enseigne textile Etam a donc décidé de retirer du marché les bottes et les chaussures fabriquées en Chine qui contenaient ces sachets.



«Nous avons reçu hier un dossier de la part d'une dermatologue qui a reçu une patiente souffrant d'un eczéma aigu sur le pied apparu après qu'elle eut porté des bottes achetées chez nous. L'allergie serait causée par du diméthylfumarate, qui pourrait avoir été présent dans un sachet humidité placé dans les chaussures», a indiqué une porte-parole d'Etam.

Après les fauteuils contaminés, les chaussures

Ces sachets avaient déjà fait scandale : ils provoquaient des irritations chez les utilisateurs des fauteuils relax de Conforama et de la Redoute.

Etam se veut rassurant : «Nous avons enlevé immédiatement de nos magasins toutes les références de bottes incriminées, ainsi qu'une deuxième paire de chaussures susceptibles de contenir le même produit dans le même sachet».

«Nous avons demandé à tous nos fournisseurs de cesser d'utiliser cette substance. Nous sommes en train de lancer une procédure de rappel sur les produits en question», a-t-elle indiqué, expliquant que l'enseigne tentait de retrouver chaque cliente ayant acheté ces chaussures, grâce notamment à leurs cartes de fidélité.

Les clientes qui rapportent ces bottes en magasin seront remboursées intégralement. Ces bottes, qui étaient en magasin depuis le 20 octobre, ont été vendues à 881 exemplaires. L'autre paire de chaussures suspecte a été vendue à 192 exemplaires.

«Nous avons envoyé à notre laboratoire la botte, le sachet et la boîte dans laquelle ils se trouvaient pour analyser de quelle substance il s'agit», a expliqué cette porte-parole. «Nous n'avons pas de certitude que l'eczéma est lié à cette substance», a-t-elle dit.

Le produit incriminé est enfermé dans de petits sachets destinés à empêcher les moisissures. Contrairement au gel de silicate, le diméthylfumarate peut rapidement provoquer des eczémas importants, entraînant brûlures et douleurs nécessitant la prises de corticoïdes.

Le diméthylfumarate avait déjà été retrouvé dans des lots de fauteuils chinois ayant causé des allergies et retirés de la vente fin juin par le groupe Conforama.