la crise et le ps

L'ancien premier ministre estime que l'idée d'un fonds souverain soutenue par chef de l'Etat est mauvaise. Il demande par ailleurs une commission d'enquête sur les renseignements généraux après l'affaire Bertrand.

«L'idée d'un fonds souverain, c'est une idée qui n'aurait de sens que si on avait de quoi faire un fonds souverain». Lionel Jospin n'apprécie par l'idée de Nicolas Sarkozy de doter la France d'un tel fonds avant la fin de l'année.

Pour l'ancien premier ministre, qui était dimanche l'invité du Grand Rendez-vous Europe 1/ Le Parisien/ Aujourd'hui en France, ce fonds, censé pouvoir, selon les termes du chef de l'Etat, «intervenir massivement» en faveur des «entreprises stratégiques» en difficulté, sera difficile à mettre en œuvre. «Qui fait des fonds souverains en ce moment dans le monde ? Des Etats qui directement ou par des organismes financiers créent un fonds qui peut intervenir sur les marchés financiers. Mais ce sont soit des pays qui ont une rente pétrolière, et donc d'énormes rentrées de dollars, soit des pays qui ont un excédent massif de leur balance commerciale», explique Lionel Jospin.

Pour lui, «l'Allemagne pourrait le faire, la France n'est absolument pas dans cette situation. Nous nous avons une dette souveraine et je ne vois pas comment avec une dette souveraine, on ferait un fonds souverain».


La société de refinancement critiquée

Lionel Jospin juge tout aussi sévèrement la Société de refinancement de l'économie mise en place par le gouvernement pour venir en aide aux banques en difficulté. Et prend, pour ce faire, l'exemple européen : «Les Britanniques et Gordon Brown aident leurs banques et ils le font en participant au capital des banques. Du coup, ils ont des représentants dans le conseil d'administration des banques et sont en mesure de surveiller le bon emploi de leur argent, c'est-à-dire de l'argent des contribuables», explique l'ex-premier ministre.

En France, en revanche, «la décision prise par Nicolas Sarkozy et le gouvernement consiste à prêter aux banques et non pas à participer au capital. Du coup (...) nous prêtons avec un moindre degré de garantie et de contrôle», ajoute-t-il.


Jospin veut rassembler Delanoë et Aubry

Mis en cause dans les cahiers d'Yves Bertrand, notamment pour son passé trotskiste, Lionel Jospin n'a pas encore porté plainte, comme l'ont fait un certain nombre de politiques, dont le chef de l'Etat. Dimanche, l'ancien premier ministre a cependant jugé que l'important était «que ces pratiques soient révélées, qu'elles soient condamnées absolument, qu'elles ne soient pas perpétuées». Il demande donc une «commission d'enquête» parlementaire sur «le fonctionnement des renseignements généraux pendant cette période».

Très en retrait dans la course à la succession de François Hollande, Lionel Jospin, qui soutient Bertrand Delanoë, a par ailleurs lancé un appel à l'unité. Pour lui, «Martine Aubry et ceux qui la soutiennent, et Bertrand Delanoë, sont tout à fait faits pour travailler ensemble à l'issue du Congrès».

Ségolène Royal a estimé ce soir que le plan de sauvetage de l'économie française était une "première étape" mais que le gouvernement devait aller plus loin, notamment en entrant au capital des banques. Pour elle, le fonds souverain est "une bonne idée" mais qui doit s'appliquer "au plan européen" et inclure un "volet offensif".

Il faut "procéder à des nationalisations partielles (...) pour contraindre les banques à revenir dans leur coeur de métier: l'aide économique aux entreprises", a-t-elle plaidé lors du "Grand Jury" RTL/"Le Figaro"/LCI.

L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a reproché à l'Etat de n'avoir pas obtenu de "contrepartie" des institutions financières malgré les milliards d'euros injectés. "Les prêts interbancaires n'ont pas repris, le crédit est encore actuellement bloqué, regardez l'impact de la crise financière sur les petites et moyennes entreprises parce que l'Etat n'est pas entré au capital des banques".

Selon elle, le plan de sauvetage constitue "une première étape". "C'est un plan d'urgence et l'on a découvert qu'il y avait finalement beaucoup, beaucoup d'argent pour venir en aide aux coupables de la crise et très, très peu d'argent pour venir en aide aux victimes de la crise", a ironisé la présidente de la région Poitou-Charentes.

"Il n'y a eu aucune contrepartie", a-t-elle déploré. "La contrepartie, c'est celle qu'ont mis en place les pays voisins: au Royaume-Uni, au Luxembourg, en Belgique, en Allemagne, même aux Etats-Unis où les pouvoirs en place, dès lors qu'ils sont intervenus au capital des banques, ont pris des participations et siègent aux conseils d'administration pour pouvoir voter, pour pouvoir orienter les réformes, pour pouvoir procéder à un certain nombre de modifications, notamment sur la rémunération des banquiers".

"Chaque jour qui passe où cette contrepartie n'est pas apportée, le système se dégrade un peu plus", a noté Ségolène Royal. "Au nom de quoi les contribuables vont-ils mettre de l'argent dans les banques (...) si en contrepartie ils n'ont pas à la fois la garantie que la gouvernance bancaire va se réformer?"

Interrogée sur le fonds souverain souhaité par Nicolas Sarkozy, elle a jugé que "c'est une bonne idée". "Je pense que ce fonds devrait être mis en place au plan européen et j'espère que nos partenaires européens s'y joindront", a-t-elle ajouté.

Cependant, "il manque un volet à ce plan souverain, c'est le volet offensif" qui dirait "où on investit l'argent disponible pour développer l'économie et les grandes filières industrielles européennes, les transports propres, l'aéronautique, la sidérurgie, l'écologie".

"Si la crise permet de faire émerger un autre modèle de société, une autre façon de produire et de répartir les richesses, alors elle n'aura pas été inutile", a assuré Ségolène Royal.