Un couple accusé d’esclavage domestique

MÊME les belles demeures du sud de l’Oise peuvent cacher des affaires d’esclavage domestique. Une femme âgée d’une quarantaine d’années, originaire de la République dominicaine, était exploitée depuis le début de l’été par un couple de cadres supérieurs installés à Gouvieux. Le couple contraignait la victime à différents travaux domestiques, dès les premières heures de la matinée et jusque très tard le soir, dans leur habitation.

Complètement isolée, frappée à plusieurs reprises par le mari, la victime a tout de même pu alerter fin septembre la gendarmerie de Chantilly sur sa situation. Les enquêteurs de la brigade territoriale n’ont pas tardé à constater pendant plusieurs jours, lors de leurs investigations, cet asservissement domestique.

« On retrouve dans cette affaire toutes les conditions de la traite des êtres humains, explique Sofia Lakhdar, la directrice du comité contre l’esclavage moderne (CCEM). D’après mes services, c’est le premier cas avéré dans ce département puisque ces dernières années, seuls des signalements avaient été enregistrés par le CCEM. » Cette structure dont l’objectif est de lutter contre toutes les formes d’esclavage a pris en charge la victime depuis lundi : « Cette femme s’est retrouvée dans une situation de servitude totale et sous l’emprise de ceux qui devaient être ses employeurs. Nous hébergeons actuellement cette personne dans un foyer avant son retour dans son pays, puisque c’est son souhait. Par ailleurs, nous la subrogeons dans ses droits pour mener l’action juridique en cours. »

Isolement total et violences physiques

La victime avait été semble-t-il repérée au début de l’été par ce couple alors en vacances en République dominicaine. Ils lui auraient alors promis monts et merveilles, y compris la prise en charge de son voyage et son visa, pour qu’elle vienne travailler chez eux en France. Une fois à Gouvieux, le piège s’est inexorablement refermé sur la victime via des pressions psychologiques, un isolement total de sa famille, des violences physiques et des conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité humaine et à la législation française. La victime travaillait comme une véritable esclave pour 300 €.

Le couple a été arrêté lundi matin et placé en garde à vue. A l’issue de leur audition, ce Godvicien et sa femme, âgés d’une cinquantaine d’années, ont été présentés devant un juge du tribunal de Senlis. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant leur jugement, prévu le 1 e r décembre. Ils sont poursuivis pour travail dissimulé, emploi d’étranger sans titre de séjour et rétribution contraire à la dignité humaine. Le mari est également poursuivi pour violences avec une ITT qui n’excède pas huit jours. Pour ces faits, ils encourent une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.