80 % des Français anticipent une crise grave

Faillite bancaire et effet domino, interventions massives des banques centrales, places boursières en chute libre, les événements se sont accélérés depuis le week-end dernier. Et les Français en sont bien conscients. «L'aggravation de l'inquiétude est nette par rapport au début de l'année», explique Bruno Jeanbart, directeur des études politiques chez OpinionWay. Le sondage OpinionWay-Le Figaro-LCI, réalisé les 17 et 18 septembre auprès d'un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plus, illustre cette évolution.

Quand on leur demande s'ils pensent que les difficultés actuelles des banques et des emprunteurs vont entraîner une crise économique grave en France, 80 % des Français répondent désormais oui. Ils n'étaient que 55 % à en faire autant en janvier dernier et 74 % en avril. Il est vrai qu'on mesure mieux aujourd'hui l'impact du ralentissement sur l'économie française puisque le gouvernement a annoncé qu'il table désormais sur une croissance de l'ordre de 1 % pour l'année 2008.


Les seniors plus inquiets

Logiquement, les personnes interrogées sont plus pessimistes encore sur la situation aux États-Unis, où les Américains sont en première ligne, sur fond de licenciements et de chute des prix de l'immobilier : 94 % parlent de crise économique grave outre-Atlantique.

La montée de l'inquiétude traverse toutes les couches de la société. Contrairement à ce qui se passait en début d'année, on ne note plus aujourd'hui de différence nette d'appréciation selon les sensibilités politiques ou les catégories socioprofessionnelles. «Mais comme c'est généralement le cas, l'inquiétude progresse avec l'âge. Les plus de 60 ans sont 85 % à s'attendre à une crise grave», note Bruno Jeanbart.

La crise venue des États-Unis a des incidences dans le monde entier et les Français ne croient plus à des solutions uniquement nationales.

Aujourd'hui, 14 % seulement des personnes interrogées estiment que «le gouvernement français est en mesure de protéger la France de la crise». Ils étaient 30 % en début d'année à le croire.

Là encore, cette opinion est largement partagée sans réel clivage politique, l'écart entre ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy et pour Ségolène Royal à la présidentielle est limité. Les premiers sont à peine plus nombreux (18 %) à penser que le gouvernement peut protéger la France.