Les Tunisiennes dans la rue pour défendre leurs droits

Plusieurs centaines de femmes ont manifesté, ce mercredi, dans le centre de Tunis pour réclamer des garanties sur leurs droits après la victoire des islamistes à l'élection d'une assemblée constituante le 23 octobre. La manifestation était, selon ces femmes, le fruit d'une « initiative citoyenne et non partisane, qui a vu le jour grâce au bouche-à-oreille, à des messages SMS ou à Facebook ».

Elles considèrent que la victoire des islamistes d'Ennahda est de nature à mettre en péril le maintien de leurs droits.

« Dehors les rétrogrades »

Jeunes ou âgées, voilées ou non, issues de toutes les classes sociales, les manifestantes sont restées pendant près de deux heures sur la place du gouvernement. Elles ont scandé des slogans tels que « Dehors les rétrogrades » et brandi des pancartes réaffirmant que les Tunisiennes sont des « femmes libres » et que la prochaine constitution à laquelle va s'atteler l'assemblée devra se porter « garante de leurs droits ».

Un groupe de dix-huit femmes avait auparavant été reçu par le Premier ministre par intérim, Beji Caid Essebsi. Il a cherché, selon elles, à les rassurer en affirmant qu'il y avait « une ligne rouge à ne pas dépasser » en termes de droit des femmes en Tunisie. « Les acquis de la femme remontent à longtemps et personne ne pourra les confisquer », a affirmé Hosnia Eloujoud, 38 ans, à la suite de sa conversation avec le Premier ministre. Selon ce dernier, tous les partis politiques représentés à la nouvelle assemblée se sont mis d'accord pour ne pas dépasser « cette ligne rouge », a pour sa part rapporté Ahyet Ayarai, une infirmière d'une quarantaine d'années.

Deux enseignantes agressées pour leur tenue vestimentaire

Ce même mercredi, près de 500 universitaires ont manifesté à la Cité des Science à Tunis, pour « la défense des libertés académiques et individuelles ». Le rassemblement s'est organisé à la suite d'incidents survenus ces derniers jours à l'Ecole supérieure du commerce (ESC) de Manouba, une ville de la banlieue nord-ouest de Tunis.

Selon des sources syndicales, deux enseignantes ont été agressées par un groupe de jeunes gens, à cause de leur tenue vestimentaire jugée indécente. La première a été secourue par un vendeur ambulant alors qu'elle recevait des coups dans un parking. La seconde a dû être évacuée par ses étudiants quand « des jeunes, dont certains étaient barbus », l'ont empêchée de terminer le cours, jugeant sa jupe trop courte, ont expliqué les syndicats. « Aujourd'hui, les islamistes mettent en question la liberté vestimentaire et demain ils vont interférer dans le contenu des cours », s'est indignée une enseignante. Leparisien.fr