Enquête L’infirmier de l'hôpital Bichat soupçonné de viols sur une patiente

Depuis jeudi dernier, Ibrahim Tariket, 49 ans, infirmier à l’hôpital Bichat et par ailleurs conseiller municipal socialiste délégué au personnel communal de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) est écroué à la prison de la Santé à Paris. Comme le révèle ce mercredi Le Parisien/Aujourd'hui en France, ce soignant a été mis en examen pour « viols sur personne vulnérable » par un juge parisien après la plainte déposée par une jeune malade qui affirme avoir été agressée à trois reprises dans le service de cardiologie où elle avait été hospitalisée en urgence à la fin du mois de février.

C’est le 4 mars qu’une employée de l’hôpital Bichat recueille le témoignage de la jeune femme, âgée de 21 ans. Transférée en urgence la semaine précédente de Tahiti dont elle est originaire, la patiente, enceinte de huit mois, devait être opérée pour une pathologie cardiaque lourde. Ce mercredi 4 mars, elle déclare qu’elle ne veut plus être seule en chambre et qu’elle ne souhaite plus que des infirmiers masculins s’occupent d’elle. Puis son discours se fait plus précis. En fait, elle finit par dénoncer trois viols qu’elle aurait subis dans sa chambre, d’abord dans la nuit du 28 février au 1 e r mars, puis la nuit suivante, où elle dit avoir été agressée à deux reprises. Elle désigne même l’infirmier de nuit responsable de ces actes.

Placé en garde à vue

L’enquête est confiée à la 2 e DPJ, qui recueille la déposition de la jeune victime, très choquée et fragile : « Son état de santé et l’éloignement géographique par rapport à ses proches peuvent expliquer son trouble pour dénoncer les faits », détaille une source proche du dossier. Mercredi dernier, les enquêteurs interpellent et placent en garde à vue Ibrahim Tariquet, qui reste aujourd’hui présumé innocent. A la mairie, il est déclaré « indisponible dans le cadre d’une enquête judiciaire », puis il fait l’objet d’un retrait de délégation par le maire avant-hier.
Les personnes de son entourage politique se montraient hier étonnées : « C’est un homme très souriant, dynamique, jovial, toujours prêt à faire la fête. Il arrivait à concilier son engagement politique et sa vie professionnelle », confie Serge Setterahamane, adjoint au maire PRG, consterné par cette affaire. « Il est plutôt agréable, affable, poli et enjoué. Rien ne laissait imaginer qu’il soit un jour déféré pour ce genre de situation », commente Patrice Pinard, patron de l’UMP locale. Ibrahim Tariket était très apprécié à la mairie. Il avait même été envisagé de lui confier un poste d’adjoint au maire.

Halim T., un homme de 38 ans soupçonné d'être l'auteur de viols sur mineurs aux abords des stades dans l'est parisien, a été interpellé, jeudi vers midi, à la sortie du métro à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Le suspect a, dans un premier temps, refusé de se faire contrôler par les policiers. Il a été conduit au commissariat local où les enquêteurs ont retrouvé sur lui du parfum, des serviettes en papier et un couteau de cuisine.

Intrigués, les policiers ont fait le lien avec le violeur des stades qui, après ses forfaits, essuyait ses victimes avec ce genre de serviettes en papier et les aspergeait de parfum. Le suspect a été placé en garde à vue.

Selon une source proche du dossier, Halim T.. est soupçonné d'une série de sept viols et tentatives de viols depuis août 2008 en Seine-Saint-Denis et à Paris. Ces agressions ont été commises à Montreuil, Bagnolet et Paris sur de jeunes garçons, notamment à proximité de parcs ou gymnases. Condamné en 2006 à 15 ans de prison par la cour d'assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour une dizaine d'agressions sexuelles commises sur des enfants, l'homme s'était évadé en avril 2008 de l'hôpital alors qu'il était jugé en appel par les assises de l'Essonne.
Un de ses avocats : «Il a toujours nié»

Ses deux anciens avocats, joints par téléphone, se disent étonnés. «Tout cela me surprend. Je le connais bien, je suis son avocat depuis le départ», explique Me Jean-Marc Florand. Persuadé qu'Halim T. avait quitté le pays. le conseil indique qu'il l'a «toujours cru innocent. Il a toujours nié. Les enfants décrivaient un SDF qui sentait mauvais. Lui est musulman pratiquant. Il fait ses ablutions, il est toujours tiré à quatre épingles. Les crimes que l'on décrit sont ceux d'un homme dangereux et atteint psychologiquement. Alors aujourd'hui, il faut s'interroger sur les experts psychiatres qui le décrivent comme un homme parfaitement normal, un Monsieur Tout Le Monde dénué de toute perversité.»

De son côté, Me Philippe Meilhac s'interroge aussi sur les conditions de la cavale du suspect. «C'est quelqu'un qui parle mal le français, qui attire l'attention. Comment a-t-il fait pour s'évader en blouse blanche de l'hôpital et se fondre dans la nature, puis pour rester tout ce temps en France, en liberté ?»

«Chaque famille se sent coupable de ce qui est arrivé à son enfant»

Nathalie Kilo, avocate de cinq victimes agressées en 2001-2002, est persuadée que «le nombre de victimes est en vérité beaucoup plus important. La plupart des familles dont les enfants ont été agressés sont d'origine étrangère. Dans leur culture, il y encore beaucoup de honte par rapport à ce type de faits, surtout quand il s'agit de garçons. Alors, je suis convaincue que certains n'ont pas osé déposer plainte.»

Rappelant les faits pour lesquels Halim T. avait été condamné en 2006, elle souligne : «Chaque famille se sent coupable de ce qui est arrivé à son enfant. Mes clients sont persuadés qu'ils auraient dû mieux les surveiller. Je leur explique qu'ils n'y sont pour rien. Pour l'un d'eux, par exemple, c'était la première fois que leur fils de 10 ans rentrait tout seul, à pieds, de son activité sportive située à 100 m de la maison. En théorie, il n'y avait aucun risque.»