Coups bas entre ministres à l'approche des municipales
Page 1 sur 1
Coups bas entre ministres à l'approche des municipales
Coups bas entre ministres à l'approche des municipales
LE MONDE | 11.02.08 | 11h05 •
Christophe Jakubyszyn
c'est pas joli joli et c'est inquiétant !
LE MONDE | 11.02.08 | 11h05 •
Rumeurs de démission de la ministre de l'économie, critiques, par des membres du gouvernement, de la politique menée par leurs collègues : à cinq semaines d'une défaite redoutée de la droite aux élections municipales, l'ambiance est délétère. "A grosse cata électorale, gros remaniement", pronostique un conseiller gouvernemental. "Cela explique que tout le monde perde son sang-froid", ajoute-t-il.
Nicolas Sarkozy n'est pas pour rien dans cette tension accrue. Mercredi 6 février, en plein conseil des ministres, il a glacé ses troupes : "J'écoute, je lis, j'entends tout ce qui se dit. Après les municipales, je prendrai avec sang-froid les décisions qui s'imposent." "Les trois quarts des participants se sont sentis visés", affirme l'un d'entre eux.
Ce matin-là, à la table du conseil des ministres, le président regarde son premier ministre droit dans les yeux : le matin, François Fillon lui a volé la politesse en annonçant sur RMC une augmentation de 5 % du minimum vieillesse dans l'année. Quelques heures plus tard, devant les partenaires sociaux, le chef de l'Etat invente un autre dispositif : une prime immédiate de 200 euros, sous forme d'avance sur les augmentations futures.
Depuis qu'il devance le président dans les sondages, François Fillon a reçu des mises en garde répétées de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat met en scène Xavier Bertrand, comme s'il pouvait être un recours après les élections municipales. A Bordeaux, le 22 janvier, puis à Gandrange le 4 février, Nicolas Sarkozy a demandé à son ministre du travail de l'accompagner. "Tant que Fillon sera au plus haut dans les sondages, Sarkozy s'amusera avec Bertrand", décrypte un conseiller.
Conscient du "handicap" que constitue une popularité retrouvée face à un président affaibli, François Fillon a de lui-même minimisé, vendredi 8 février depuis le Kazakhstan, la portée des sondages : "Ils seront balayés par le vent de la steppe." Le premier ministre n'irrite pas seulement M. Sarkozy. Déjà en janvier, son initiative de "noter" ses ministres l'a rendu impopulaire : "On s'est tous sentis mis en cause et on a trouvé que Fillon s'y prenait maladroitement pour provoquer de futurs départs", constate l'un d'eux.
D'autant que le premier ministre a usé d'accents d'autorité qui passent mal. "Moi, quand j'ai quelque chose à dire à quelqu'un, je lui dis en face-à-face", lui a ainsi rétorqué, le 16 janvier en plein conseil des ministres, selon un témoin de la scène, Michèle Alliot-Marie, alors que M.Fillon venait de lui reprocher devant tous ses collègues sa communication sur la police de proximité.
Les "chouchous" du président irritent aussi leurs collègues. Si Rachida Dati est baptisée "reine de l'intrigue" par un de ses collègues masculins, Xavier Bertrand a été érigé en tête de turc pour son "activisme, son ambition et son côté fayot". Son interventionnisme sur les dossiers économiques lui vaut l'inimitié de ses collègues de Bercy.
Vendredi, la ministre de l'économie, Christine Lagarde et son entourage ont laissé entendre que les rumeurs de démission la concernant étaient l'œuvre d'un "ministre social" visant son poste. "On est manifestement entré dans une période préélectorale, dans laquelle il y a des jeux personnels, en prévision d'un probable futur remaniement, qui commencent à se manifester", analyse le directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard.
TRAVAIL DE SAPE
Eric Woerth, le ministre du budget, ne décolère pas non plus du travail de sape de Xavier Bertrand, à l'automne, sur les cas d'exonération de la redevance télé. Le ministre du travail est intervenu directement auprès du président pour saborder l'arbitrage du premier ministre au profit de son collègue du budget, au nom des inquiétudes exprimées par les habitants de sa circonscription. "Moi aussi j'ai une circonscription", grommelle M. Woerth. "Je dis tout le bien que je peux de Fillon pour ne pas voir arriver le gros Bertrand à Matignon", renchérit un ministre important du gouvernement.
Les ministres d'ouverture, dont la liberté de parole est défendue par le chef de l'Etat et dont la place au gouvernement semble garantie, rendent jaloux leurs collègues de droite. Dernier épisode en date : le soutien affiché du président à Fadela Amara, vendredi 6 février, à la présentation d'un "plan banlieue" jugé décevant par ses collègues : "Je ne vais pas dire du bien d'elle aujourd'hui et la mettre dehors en mars!", a affirmé Nicolas Sarkozy.
Chaque faiblesse d'un ministre est immédiatement utilisée par ses adversaires. Lors de la crise des banlieues à Villiers-le-Bel fin novembre2007, alors que Nicolas Sarkozy était en voyage en Chine, quelques ministres et conseillers appellent les rédactions pour faire savoir que le président est mécontent de la gestion de sa ministre de l'intérieur. Finalement, alors que la situation est maîtrisée, le président félicite Michèle Alliot-Marie. Aujourd'hui, elle prépare sa vengeance : "Ce qui est bien dans ce ministère, c'est qu'il est assez facile de savoir qui a dit quoi sur qui…"
Christophe Jakubyszyn
c'est pas joli joli et c'est inquiétant !
Sujets similaires
» Municipales d'Aix : accord entre le PS et les Verts
» Italie : la gauche mène aux municipales
» Elections municipales annulées à Colmar.
» Les polices municipales autorisées à utiliser le Taser
» Coups de feu sur le Tour de France
» Italie : la gauche mène aux municipales
» Elections municipales annulées à Colmar.
» Les polices municipales autorisées à utiliser le Taser
» Coups de feu sur le Tour de France
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum