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Etats-Unis - L'indéfendable M. Paulson

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Message  livaste Ven 21 Nov - 0:17

Publié le 20/11/2008 N°1888 Le Point

Etats-Unis - L'indéfendable M. Paulson

Henry Paulson, qui avait fait des étincelles à la tête de Goldman Sachs, fleuron incontesté de la finance, se révèle être un piètre secrétaire au Trésor. Par quel mystère ?
Mélanie Delattre et Patrick Bonazza

Il avait le calibre et le profil pour être le sauveur de la planète finance. Henry Paulson, 62 ans, connaît Wall Street sur le bout des doigts. N'a-t-il pas travaillé pendant trente-deux ans chez Goldman Sachs, devenu la banque d'affaires la plus prestigieuse et la plus puissante du monde ?
Quand, en juin 2006, George Bush lui propose de devenir son secrétaire au Trésor, il n'accepte le poste qu'à condition de ne pas jouer les utilités. On ne laisse pas tomber la présidence de Goldman, qu'il dirigeait depuis 1998, par simple vanité. Mais pour agir, être dans le concret. A l'époque, nul ne parlait de crise financière, mais elle va très vite pointer son nez. Et on se disait que Paulson serait mieux à même de la maîtriser que ses insipides prédécesseurs, dont l'un avait dirigé un géant de l'aluminium (Paul O'Neill) et l'autre une grosse compagnie de chemin de fer (John Snow). Paulson était au bon endroit, au bon moment.
Las, il a fallu déchanter. Un remarquable banquier d'affaires ne fait pas forcément un secrétaire au Trésor compétent. Comme le montre sa dernière foucade, consistant à suspendre son plan, sauf « circonstances exceptionnelles », pour laisser les mains libres au président élu Barack Obama. Suspendre? A croire que l'on peut mettre la crise financière entre parenthèses.

« Je ne pense pas que le contribuable américain sera mis à contribution. Il y a tellement peu de chances que nous ayons besoin d'un plan de sauvetage. »

Henry Paulson, le 27 février 2008.

Le ministre des Finances américain a décidément tout faux. Non seulement parce que, peu après, en septembre, il lance un plan de sauvetage mais, parce que, en plus, il vient d'en changer totalement la philosophie ! Paulson a en effet annoncé le 12 novembre que les 700 milliards de dollars dégagés récemment par le Congrès auront un autre usage que celui prévu : ces montants ne serviront plus à racheter les actifs toxiques des banques mais à renflouer leur capital. A quoi joue donc le grand argentier du royaume des subprimes, le pays qui a déclenché la bourrasque financière ?

Craquements

Officiellement, l'opération de rachat d'actifs par l'Etat s'est révélée trop compliquée. Quels actifs sélectionner et, surtout, à quel prix les attribuer ? Au moment où Paulson a fait sa proposition, ces difficultés avaient été évoquées. Il avait été souligné en particulier que la liquidation d'un tel volume de créances prendrait beaucoup de temps. Il est passé outre. Faisant, au passage, une énorme erreur de diagnostic : le plan de septembre s'attaquait au problème de liquidités des banques, son nouveau plan, à leur solvabilité. Joseph Stiglitz et Paul Krugman, deux Prix Nobel appartenant à la gauche libérale américaine, ne s'y sont pas trompés, eux. Après avoir condamné la première mouture, ils saluent la seconde.

Paulson a largement tardé à prendre la mesure de la crise en manifestant un optimisme à toute épreuve, au contraire de son ancienne maison, qui a gagné beaucoup d'argent en spéculant sur la crise des subprimes. « Il n'y a aucun doute que les choses vont bien mieux aujourd'hui... Le pire est vraisemblablement derrière nous », déclare le secrétaire au Trésor. On est le 6 mai 2008.
A cette date, pourtant, ont déjà eu lieu bien des craquements (Bourses en berne, fonds fermés, banques recapitalisées, nationalisation de Northern Rock...). Même le sauvetage de Bear Stearns, une des grandes signatures de Wall Street, le 16 mars 2008, n'a pas ébranlé la confiance de Paulson. Intéressante, l'opération Bear Stearns... Le banquier d'affaires pensait avoir fait là son job en orchestrant le rachat de la banque en difficulté par JP Morgan. Paulson le républicain-il a été l'un des plus gros contributeurs à la campagne de George Bush-avait mis un point d'honneur à ne pas utiliser l'argent du contribuable pour ce rachat. Il a fait donner la Fed, qui a accordé un prêt de 29 milliards dollars. Bear Stearns était sauvé et le Trésor n'avait rien déboursé. L'ex de Goldman s'était surpassé...

En jouant les marieurs comme à la belle époque, lorsque, directeur général de Goldman, il était encore l'un des deal-makers les plus en vue de Wall Street, Paulson a pensé jusqu'au bout pouvoir régler la crise entre amis, sans avoir à faire entrer dans la danse l'Etat, et moins encore le Congrès-hostile, car dominé par les démocrates. Les équipes de Paulson, truffées d'anciens de Goldman, avaient bien imaginé fin 2007-début 2008 un plan surnommé « Break the glass », copie conforme de celui de septembre. Mais à ne sortir qu'en cas d'urgence, comme lorsqu'on « brise la vitre » pour prévenir les pompiers d'un feu. En cas d'urgence, c'est-à-dire jamais.

Cette réticence à engager l'Etat a dû être surmontée une première fois en juillet, quand le Trésor vole au secours des deux mastodontes de l'immobilier que sont Fannie Mae et Freddie Mac. Impossible de les abandonner à leur sort. Paulson, à son corps défendant, finira par débloquer 200 milliards de dollars avec une excuse : « Ces agences ont un statut bizarre », ni privé ni public. Fannie et Freddie devaient être l'exception.

Quel manque de vista ! Car, en septembre, badaboum ! le monde de Paulson s'écroule avec l'affaire Lehman, l'un des autres fleurons de Wall Street, au bord de la faillite.
Que faire ? Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, laisse entendre qu'on ne pourra pas renouveler l'opération Bear Stearns : la Fed ne peut plus faire de méga-prêt. Paulson se dit alors qu'il va faire un exemple. Pas question d'encourager les attitudes irresponsables. Il faut que dirigeants et actionnaires paient leur inconduite. Un langage qui plaît aux républicains purs et durs. Il n'y aura donc pas un dollar public pour Lehman !
Ce que n'avait pas prévu (décidément...) le Zorro de la finance mondiale, le 15 septembre, c'est que la chute de Lehman, la plus importante faillite bancaire depuis 1929, allait provoquer une incroyable onde de choc. Du jour au lendemain, les banques du monde entier réalisent qu'elles peuvent être laissées à leur sort. La méfiance s'installe, les lignes de crédit sont coupées. Paulson, censé apaiser les marchés, déclenche au contraire une crise planétaire de liquidités. C'est la panique, les Bourses partent en vrille. Alors, nécessité faisant loi, il surmonte ses préventions et intervient sauvagement. Le 17 septembre, il nationalise AIG, le premier assureur du monde, avec une brutalité qui ferait passer les soviets pour des enfants de choeur. Dans la foulée, surtout, mesurant l'ampleur des risques, il propose le 19 septembre son fameux plan à 700 milliards.

A genoux

Mais, là encore, le secrétaire au Trésor s'est effacé devant le banquier. Oubliant que les représentants du peuple ne se manoeuvrent pas comme un simple conseil d'administration, Paulson présente au Congrès un texte en trois pages, envoyé en dernière minute aux élus. Comme si démocrates et républicains, qui savent l'animosité soulevée par Wall Street dans leurs comtés, allaient gober ce mémorandum écrit sur un coin de table. Paulson se mettra à genoux devant Nancy Pelosi, la présidente démocrate qui contrôle la Chambre des représentants, avant que son plan, d'abord repoussé puis sérieusement amendé, soit adopté. Le Congrès a notamment introduit des clauses pour contrôler les bonus des banquiers assistés. Paulson n'y avait pas songé un seul instant, lui qui, pour sa dernière année chez Goldman, a touché 60 millions de dollars et vendu, net d'impôt, pour 500 millions d'actions. Au fond de lui, il est convaincu que ni les banquiers ni Wall Street n'ont failli. Mais que les mécanismes de surveillance mis en place en 1929 ne sont plus adaptés. Tout de même, son plan revu par le Congrès conservait sa technique d'intervention privilégiée, le rachat d'actifs toxiques par l'Etat.

Favoritisme

Sauf que Paulson lui-même va y renoncer ! En deux temps. D'abord, il va s'inspirer du plan de sauvetage présenté le 8 octobre par Gordon Brown, le Premier ministre britannique. Celui-ci propose d'entrer dans le capital des banques, au besoin en nommant de nouveaux dirigeants, afin de veiller à ce que le ménage soit fait. Le modèle britannique fait école en Europe. Paulson est impressionné. Surtout, il redoute que le soutien des Européens ne constitue une concurrence déloyale pour les banques américaines-encore un réflexe de banquier... Toujours aussi pragmatique, le 27 octobre, peu avant l'élection présidentielle, ce qui ne gênerait pas trop le candidat républicain McCain, Paulson change de braquet. Et consacre 125 milliards de dollars pour entrer dans le capital de neuf grandes banques et 125 autres pour arroser une multitude de petits établissements. C'est son plan Brown à lui. Mais, le 12 novembre, il va plus loin encore. Sans crier gare, il annonce qu'il n'est plus question de racheter des actifs toxiques. Les Etats-Unis, désormais, feront comme les Européens. Un revirement, un de plus, pour le décidément très inconstant secrétaire au Trésor. « Paulson ne sait pas où il va. Il est perdu, comme bon nombre d'entre nous », constatait Paul Krugman dans l'un de ses éditoriaux du New York Times .

Perdu ? Ou alors vendu aux intérêts de Wall Street et de celle qui en incarne tous les excès, la richissime et toute-puissante Goldman Sachs ? S'il n'a pas été pris en flagrant délit de favoritisme envers son ancien employeur, Paulson est soupçonné par beaucoup d'avoir ajusté son agenda politique sur celui de la banque. Il ne serait pas le premier à avoir flirté avec la ligne jaune : depuis que Sidney Weinberg, ex-patron de Goldman, a ouvert la voie en jouant les éminences grises pour Roosevelt et Truman, les « goldmaniens » n'ont jamais vraiment quitté les allées du pouvoir, imposant leur vision libérale du monde, de la Maison-Blanche à la Banque mondiale en passant par la Réserve fédérale et, bien sûr, le Trésor, où, avant Paulson, deux membres de la « firme » ont déjà sévi...

« Paulson est clairement dans une situation de conflit d'intérêts tant par les liens qui l'unissent à ses anciens associés que par sa fortune, sans doute investie via un fonds aveugle (qu'il ne contrôle pas) en actions Goldman et autres », souligne Robert Shapiro, ancien sous-secrétaire au Commerce de Bill Clinton.

A Washington, les détracteurs de « Hank » Paulson-et ils sont nombreux, chez les libéraux comme chez les conservateurs-remarquent que le sauvetage in extremis d'AIG est tombé à pic pour Goldman. Alors qu'il avait la veille baissé le pouce pour Lehman Brothers (la grande rivale de Goldman à Wall Street), Paulson a mis la main à la poche pour AIG. Heureuse coïncidence.
Très exposée face à la compagnie d'assurances, son ancienne maison risquait une perte sèche de plusieurs milliards. Goldman, devenu une cible à abattre pour les spéculateurs, a de nouveau été sauvé une semaine plus tard :Sans compter que la maison Goldman, prétendument la seules à échapper à la crise a reçu 10 milliards au titre du plan de soutien on a modifié la législation pour que les banques d'investissement survivantes puissent bénéficier du statut de banque commerciale. Un comble quand on sait que les activités de Goldman-dont les profits provenaient à 75 % d'opérations de trading et autres investissements spéculatifs-la rapprochaient davantage d'un hedge fund que d'un établissement traditionnel.
Le secrétaire d'Etat au Trésor n'aura peut-être pas mérité de la patrie, mais il aura sans aucun doute mérité de Goldman. Qui, si l'on en croit la réputation de la banque en matière de soutien à ses alumni -ses « anciens »-, le lui rendra bien

C'est un peu long mais ça vaut le détour ! bouletor bouletor carton
livaste
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