Lettres de poilus
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Lettres de poilus
Verdun,
Le 18 mars 1916,Ma chérie,
Je t'écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S'il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m'a coûté mon pied gauche et ma blessure s'est infectée. Les médecins disent qu'il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j'ai été blessé.
Il y a trois jours, nos généraux nous ont ordonné d'attaquer. Ce fut une boucherie absolument inutile. Au début, nous étions vingt mille. Après avoir passé les barbelés, nous n'étions plus que quinze mille environ. C'est à ce moment-là que je fus touché. Un obus tomba pas très loin de moi et un morceau m'arracha le pied gauche. Je perdis connaissance et je ne me réveillai qu'un jour plus tard, dans une tente d'infirmerie. Plus tard, j'appris que parmi les vingt mille soldats qui étaient partis à l'assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grâce à un repli demandé par le Général Pétain.
Dans ta dernière lettre, tu m'as dit que tu étais enceinte depuis ma permission d'il y a deux mois. Quand notre enfant naîtra, tu lui diras que son père est mort en héros pour la France. Et surtout, fais en sorte à ce qu'il n'aille jamais dans l'armée pour qu'il ne meure pas bêtement comme moi.
Je t'aime, j'espère qu'on se reverra dans un autre monde, je te remercie pour tous les merveilleux moments que tu m'as fait passer, je t'aimerai toujours.
Adieu
Soldat Charles Guinant
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Lettre d'Henri Floch fusillé pour l'exemple à Vingré. Le caporal Henri Floch était greffier de la justice de paix à Breteuil.
Ma bien chère Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé.
Voici pourquoi : Le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m'ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J'ai profité d'un moment de bousculade pour m'échapper des mains des Allemands. J'ai suivi mes camarades, et ensuite, j'ai été accusé d'abandon de poste en présence de l'ennemi.
Nous sommes passés vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre. Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu'il y a dedans.
Je te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l'âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l'embarras dans lequel je vais te mettre...
Ma petite Lucie, encore une fois, pardon.
Je vais me confesser à l'instant, et j'espère te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d'abandon de poste qui m'est reproché. Si au lieu de m'échapper des Allemands, j'étais resté prisonnier, j'aurais encore la vie sauve. C'est la fatalité
Ma dernière pensée, à toi, jusqu'au bout. Henri Floch
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Re: Lettres de poilus
Sans commentaire, ça se suffit à soi-même...
Octave- Maire
- Nombre de messages : 975
Age : 100
Date d'inscription : 12/06/2008
Re: Lettres de poilus
J'espère aussi que l'oeuvre de Remarque est toujours d'actualité au collège...
Invité- Invité
Re: Lettres de poilus
Je ne sais pas mais j'en avais fait des extraits qui m'avaient marqué.
Octave- Maire
- Nombre de messages : 975
Age : 100
Date d'inscription : 12/06/2008
Re: Lettres de poilus
Je l'ai lu en troisièmen et malgré tout ce que j'ai pu lire depuis je garde des passages quasiment par coeur en mémoire. Par contre, je ne me suis jamais donnée la peine de le lire en allemand.
Invité- Invité
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