« France-Soir » bientôt rayé des kiosques ?

C’est la mort clinique d’un journal historique. Dans quelques semaines, « France-Soir » pourrait débrancher ses rotatives. L’actionnaire du quotidien, Alexandre Pougatchev, a annoncé hier son intention de supprimer dès le mois de décembre la version papier du titre pour ne conserver que l’édition numérique. Le projet sera officiellement présenté en comité d’entreprise vendredi.
Mais on en connaît déjà les grandes lignes : l’entreprise risque d’être amputée de trois quarts de ses membres (89 postes sur un peu plus de 120 pourraient être supprimés). Bientôt, ils ne seront plus qu’une trentaine dans les bureaux du 100, avenue des Champs-Elysée à Paris.
Ce serait le premier titre à choisir le tout-numérique
« Nous sommes dépités », soupire un salarié. « Nous nous attendions à de mauvaises nouvelles, mais je suis surprise par le nombre de suppressions de postes, s’étonne une journaliste. Nous allons être nombreux à chercher du travail en même temps dans un secteur qui n’est déjà pas florissant. »
Réunis en assemblée générale, hier, les employés ont voté la non-parution du journal aujourd’hui. Dans un communiqué, ils ont assuré « refuser le scénario envisagé de la disparition du titre à brève échéance accompagnée d’un grand nombre de licenciements ». Tous les espoirs ne sont pas perdus : le sort du journal, qui a été placé en procédure de sauvegarde judiciaire le 29 août, ne dépend plus entièrement du bon vouloir de son actionnaire. En effet, son projet devra être approuvé par le tribunal de commerce de Paris. Dans le cas contraire, le journal sera placé en redressement judiciaire et peut-être vendu — des repreneurs seraient déjà en embuscade.
Aujourd’hui, l’ancien fleuron de la presse française perd entre un et deux millions d’euros par mois. Son jeune actionnaire, Alexandre Pougatchev, 26 ans, a déjà dépensé près de 100 M€ depuis qu’il a racheté le titre en janvier 2009. La nouvelle formule, lancée en mars 2010, a seulement permis à « France-Soir » de respirer un peu : les ventes du journal sont passées de moins de 20000 exemplaires/jour à près de 70000 aujourd’hui.
A l’époque du plus fameux de ses patrons, Pierre Lazareff, un million d’exemplaires du journal étaient vendus chaque jour. La rédaction enfumée bruissait du cliquetis des quatre cents machines à écrire. Joseph Kessel était l’une des plumes du quotidien. En novembre 1970, le jour de la mort du général de Gaulle, 2,2 millions de Français ont demandé « France-Soir » à leur kiosquier.
Si ce projet voit le jour, « France-Soir » sera le premier quotidien français à arrêter le papier pour le Web. Aux Etats-Unis, ils sont des centaines à avoir mué ainsi. Le journal économique « la Tribune » pourrait suivre le même chemin. Au mois d’août, il n’est paru que sur Internet pendant deux semaines lors d’un test.

Anna a écrit:Malheureusement (et pourtant je trouve que ce journal est un torche-cul), ça ne va être que le premier d'une très longue liste...