Poignarder un enseignant? Ca vaut deux ans avec sursis!

STRASBOURG, 21 SEPTEMBRE - Un collégien qui avait porté un coup de couteau à l'un de ses professeurs l'an dernier a été condamné mercredi à deux ans de prison avec sursis par le tribunal pour enfants de Thionville (Moselle), a-t-on appris auprès de l'avocate de l'enseignant, Me Anne-Sophie Joseph-Amschler.

Le sursis a été assorti d'une mise à l'épreuve pendant trois ans avec obligation d'un suivi psychologique, de poursuivre une formation et interdiction de détenir une arme comme d'entrer en contact avec sa victime.

Poursuivi pour violences aggravées, ce garçon de 15 ans était passible de cinq années de prison.

L'agression s'était produite le 28 avril 2010 au collège Lionel-Terray d'Aumetz.

Le collégien, scolarisé en classe de 4ème et décrit comme "bon élève", n'avait pas supporté une nouvelle remontrance de son professeur de sciences de la vie et de la terre qui l'avait retenu à la fin d'un cours en raison d'un travail non fait.

Il avait saisi un couteau et l'avait planté dans le ventre de l'enseignant, un homme âgé de 61 ans "très apprécié dans l'établissement", selon le rectorat.

On se sent rassurés en lisant ça, mais rassurés... Dire qu'un prof peut faire 24h de garde à vue pour avoir giflé un môme... Ce jugement est consternant.

[Mode bisounours bobo-pacifiste-cono] Mais c'est un ENFANT! Tu ne voudrais pas mettre un enfant en prison, l'école du crime? Sarkozyste, va!

C'est véritablement une honte pour la justice ...

le sursis a été assorti d'une mise à l'épreuve pendant trois ans avec obligation d'un suivi psychologique, de poursuivre une formation et interdiction de détenir une arme comme d'entrer en contact avec sa victime.

déjà il est obligé d'être suivi psychologiquement, c'est quand même normal, suivre une formation afin de pouvoir se réinsérer dans la société ce qui me semble logique, et pour l'interdiction de détenir une arme et d'entrer en contact avec la victime me semble tout ce qu'il y a de plus normal en espérant qu'on ne découvre pas dans quelques mois qu'il squatte dans le quartier de l'enseignant poignardé...trop tard!...

livaste a écrit:C'est véritablement une honte pour la justice ...

C'est cette parodie de Justice qui rend des actes juridictionnels au nom du Peuple Français qui est une honte (et sa bible, le maudit Code pénal de 1994, pondu par sa sainteté Badinterdiction-de-punir-les-criminels.)

Mouais enfin ce n'est pas parce que ce sont des enseignants que c'est plus scandaleux que pour quiconque d'autre.

On peut se faire tabasser à coups de pieds dans la tête sur un trottoir, être laissé pour mort, et voir les agressuers (récidivistes, MAJEURS, drogués au moment des faits) relaxé ou condamné à 18 mois avec sursis. C'est pas moins grave...



EDIT: ah oui, je précise, je ne suis pas pour la prison ferme systématique, même dans le cas que je viens de citer. Je trouve que la prison est très souvent, à plus forte raison pour les jeunes, la pire école qu'il soit, et que les condamnés à des courtes peines (5 ans ou moins) ressortent souvent pires qu'ils n'y sont entrés. Et pour ceux qui auraient tiré leurs leçons, la réinsertion est un tel parcours du combattant que ça ne peut que décourager l'extrême majorité de sgens, même ceux qui pourraient avoir une seconde chance.

Anna a écrit:Mouais enfin ce n'est pas parce que ce sont des enseignants que c'est plus scandaleux que pour quiconque d'autre.

On peut se faire tabasser à coups de pieds dans la tête sur un trottoir, être laissé pour mort, et voir les agressuers (récidivistes, MAJEURS, drogués au moment des faits) relaxé ou condamné à 18 mois avec sursis. C'est pas moins grave...



EDIT: ah oui, je précise, je ne suis pas pour la prison ferme systématique, même dans le cas que je viens de citer. Je trouve que la prison est très souvent, à plus forte raison pour les jeunes, la pire école qu'il soit, et que les condamnés à des courtes peines (5 ans ou moins) ressortent souvent pires qu'ils n'y sont entrés. Et pour ceux qui auraient tiré leurs leçons, la réinsertion est un tel parcours du combattant que ça ne peut que décourager l'extrême majorité de sgens, même ceux qui pourraient avoir une seconde chance.

C'est elle qui est devenue fasciste, ou moi qui suit devenu marxiste? Je m'interrogationne, là....?

Non non, je m'indigne juste devant le fait que pour certain(e)s, ce genre de faits divers semble plus scandaleux quand il s'agit d'un fonctionnaire (je suis absolument contre ça). *Pas laxiste du tout*

Pour le reste, pour "vaguement" savoir ce que veut dire aller en prison, je ne serai jamais une fan de l'enfermement systématique *très laxiste du tout*

D'ailleurs ce poste aurait plus sa place dans la rubrique faits divers.
Et pis franchement, les profs de SVT...

Moi on m'aurait retenue en SVT, j'aurais fait bouffer les gambas à disséquer au prof... J'aurais encore préféré être retenue en musique!

livaste a écrit:C'est véritablement une honte pour la justice ...

Tout à fait d'accord avec cette position.

Je ne trouve pas que ce fait soit plus grave puisqu'il concerne un prof, je précise. Mais je trouve assez significatif l'écart de sévérité envers le prof qui aura giflé un gamin et un gamin qui a quand même enfoncé un couteau dans le ventre de son prof.
Il va bien falloir que la justice s'interroge à un moment sur les peines ridicules qu'elle peut parfois prononcer. Parce qu'il y a un moment où, même si l'enfermement n'est pas toujours souhaitble, il faut bien prononcer du ferme pour des agressions gravissimes. Deux ans ou dix-huit mois avec sursis, là pour moi, sur de tels faits, c'est une invitation à recommencer. Ni plus ni moins.

[Exposition d'une théorie longue et chiante façon Shadow, sortez la camomille et les pantoufles]

Cette "mode" de considérer comme "sacrés" tous les fonctionnaires qui se font agresser; de s'effaroucher comme une pucelle à la vue de la moindre attaque envers un serviteur de l'Etat (notez le E majuscule, qui désigne le gouvernement, et non le pays); est parfaitement logique et corollaire à la longue dégénérescence, à l'interminable déliquescence de la représentation de l'Etat dans le cerebrum collectif.

En effet, alors que les citoyens sont devenus des "contribuables" (i.e: des clients), l'Etat, lui est devenu, par définition, le distributeur (le vendeur). Ainsi, et selon une logique capitaliste imperturbable, toute personne qui s'en prendrait au vendeur, empêcherait par conséquent le client de consommer. Il est ainsi, un terroriste, un empêcheur de consommer en rond, un ennemi de l'Etat qu'il convient d'éliminer au plus vite.

Pour aller plus loin, je dirai simplement que l'Etat a volontairement abandonné le respect du aux professeurs syndiqués, à gauche, communiste, éloignés des impératifs de rentabilité, gaspilleurs et donc, nuisibles, puisque empêchant, ou du moins ralentissant la consommation de produits de mauvaise qualité.
Cela a donc commencé par la baisse de leur rémunération, puis la critique généralisée, systématique, implacable du corps enseignant.
Ce faisant, et en toute logique, les "contribuables" (qui paient les traitements et les retraites de ces professeurs, ne l'oublions pas!), ont donc suivi le mouvement et cessé de respecter l'enseignement national. (Il y a quelques mois, ma soeur, professeure des écoles de son état, a tout de même essuyé un "Vous avez manqué de respect à mon fils!!" de la part de la mère d'un élève qu'elle avait eu l'audace de conspuer durant son cours, eu égard à son comportement de parfait petit con).

Les enfants suivants leurs parents, et donc leur imbécillité héréditaire, les élèves se sont donc mis, eux aussi, à manquer de respect à leur professeur. De plus en plus...Jusqu'à la violence verbale, puis physique, gratuite et la plus abjecte.

Mais l'Etat ne pouvait laisser faire cela. En effet, les gens de droite, conservateurs, ne voyait pas d'un bon oeil que des sauvageons (jamais les leurs, cela va de soit!), puissent s'en prendre ainsi à une autorité aussi morale que le professorat, même si, depuis mai 68, elle ne l'était plus autant qu'avant.
Les gens de gauche, évidemment, ne pouvaient non plus approuver ces violences, sauf un petit groupe de 68tards bobos qui désirait "laisser les enfants s'exprimer, afin de ne pas les brider".

Donc, l'Etat a repris "du poil de la bête", mais en apparence seulement. Ainsi, agresser un professeur est "scandaleux, abjecte, ignoble", mais égorger un passant sous le prétexte qu'il vous refuse une cigarette n'est qu'un fait divers.

En conclusion: les professeurs ne seront pas respectés tant que leur propre administration ne les respectera pas, tant que la société, l'Etat ne les respectera pas. Qu'on monte la voix, ou pas.

[Vous pouvez repasser au whisky-chips]

Analyse extrêmement pertinente, à laquelle je souscris pleinement du début à la fin!!

Je rajoute une chose: l'Etat a le monopole légitime de la violence et des impôts (pour reprendre des termes sociologiques). Les fonctionnaires sont par définition non seulement les représentants de l'Etat mais l'incarnation de ces monopoles.
Or, l'Etat est malade, il doit donc affirmer encore plus fort ce monopole (i.e: considérer comme hautement dommageable els attaques sur ses représentants, comme tu l'écris) mais finalement, ça revient à ce que disait Rousseau de "la loi du plus fort". A partir du moment ou on le dit, l'exprime, elle disparaît, c'est le contraire d'un énoncé performatif).

Que les gens et les autorités s'émeuvent autant des agressions contre les fonctionnaires quand ils regardent les simples citoyens crever la bouche ouverte est symptomatique de tout cela.