poésie : Verlaine
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poésie : Verlaine
Verlaine est mort un 8 janvier , j'ai eu envie de relire quelqu'es uns de ses poêmes .
PAUL VERLAINE
.
NEVERMORE
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.
..
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
" Quel fut ton plus beau jour ? "fit sa voix d'or vivant,
.
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique .
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement .
.
- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort des lèvres bien-aimées !
.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
.
MON REVE FAMILIER
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
.
Poèmes extraits de MELANCHOLIA ( 1866 ) in POEMES SATURNIENS
..
Chanson d'automne
°°°°°°°°°°°°°
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
.
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
.
Extrait de " PAYSAGES TRISTES ", in POEMES SATURNIENS .
..
°°°°°°°°°°°°°°°°°
.
CLAIR DE LUNE.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques,
Jouant du luth, et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
.
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
...
COLLOQUE SENTIMENTAL.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?
.
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non.
.
- Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
.
Poèmes extraits des FETES GALANTES ( 1869 )
.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
.
La lune blanche
Luit dans les bois;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...
.
O bien-aimée.
.
L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.
.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...
..
C'est l'heure exquise.
.
Extrait de LA BONNE CHANSON ( 1870 )
.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
.
II pleut doucement sur la ville.
ARTHUR RIMBAUD.
III
°°°°
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?
.
O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
O le chant de la pluie !
.
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?
ce deuil est sans raison.
.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine.
.
VII
°°°°°°
O triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme.
.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
.
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme,
.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s'en soit allé.
.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
.
Est-il possible, - le fut-il, -
Ce fier exil, ce triste exil?
.
Mon âme dit à mon coeur : Sais-je
Moi-même, que nous vaut ce piège
.
D'être présents bien qu'exilés,
Encore que loin en allés ?
.
Poèmes extraits de ARIETTES OUBLIEES ( III et VII )
in ROMANCES SANS PAROLES ( 1874 ) ..
.
PAUL VERLAINE
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NEVERMORE
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.
..
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
" Quel fut ton plus beau jour ? "fit sa voix d'or vivant,
.
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique .
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement .
.
- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort des lèvres bien-aimées !
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MON REVE FAMILIER
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
.
Poèmes extraits de MELANCHOLIA ( 1866 ) in POEMES SATURNIENS
..
Chanson d'automne
°°°°°°°°°°°°°
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
.
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
.
Extrait de " PAYSAGES TRISTES ", in POEMES SATURNIENS .
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°°°°°°°°°°°°°°°°°
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CLAIR DE LUNE.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques,
Jouant du luth, et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
.
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.
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COLLOQUE SENTIMENTAL.
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Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
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Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?
.
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non.
.
- Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
.
Poèmes extraits des FETES GALANTES ( 1869 )
.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
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La lune blanche
Luit dans les bois;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...
.
O bien-aimée.
.
L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.
.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise...
..
C'est l'heure exquise.
.
Extrait de LA BONNE CHANSON ( 1870 )
.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
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II pleut doucement sur la ville.
ARTHUR RIMBAUD.
III
°°°°
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?
.
O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
O le chant de la pluie !
.
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?
ce deuil est sans raison.
.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine.
.
VII
°°°°°°
O triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme.
.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
.
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme,
.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s'en soit allé.
.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
.
Est-il possible, - le fut-il, -
Ce fier exil, ce triste exil?
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Mon âme dit à mon coeur : Sais-je
Moi-même, que nous vaut ce piège
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D'être présents bien qu'exilés,
Encore que loin en allés ?
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Poèmes extraits de ARIETTES OUBLIEES ( III et VII )
in ROMANCES SANS PAROLES ( 1874 ) ..
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