Crise financière - Les Européens du G8 au chevet du système financier

"Reconstruisons ensemble un capitalisme régulier et régulé où des pans entiers de l'activité financière ne sont pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques font leur métier. Le métier des banques, c'est de financer le développement économique plutôt que la spéculation". Réitérant ses critiques d'un capitalisme financier devenu "fou", Nicolas Sarkozy avait appelé, le 23 septembre à New York, devant l'Assemblée générale de l'Onu, à l'organisation d'une rencontre au sommet avant la fin de l'année pour "réfléchir ensemble aux leçons à tirer" de la "plus grave" crise financière depuis les années 1930.

C'est en vue de préparer ce "sommet mondial de refondation du système financier international", comparable dans ses objectifs à celui de Bretton Woods, que le chef de l'Etat avait encore annoncé lundi une réunion à Paris entre les quatre pays Européens du G8 - outre la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni - José Manuel Barroso, président de la commission européenne, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne et Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Cette rencontre pourrait avoir lieu samedi, à en croire le président de l'Eurogroupe, même si le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a précisé à l'issue du Conseil des ministres de mercredi que "la date n'a pas encore complétement été arrêtée".

Le G8 seul pas "en mesure de résoudre les problèmes"

Sur Europe 1, Jean-Claude Juncker a "applaudi des deux mains l'initiative du président Sarkozy", qui veut "prendre le leadership" de la réponse mondiale à la crise financière. Et poursuivant sur la même ligne que le chef de l'Etat français, le président de l'Eurogroupe a jugé que les pays membres du G8, qui comprend aussi les Etats-Unis, le Canada, la Russie et le Japon, ne sont pas "en mesure de résoudre d'eux-mêmes les problèmes" de la finance mondiale : "il faut y ajouter l'Inde, la Chine". Ce qui plaide d'autant plus pour une réponse globale et de long terme à la crise. Et pour de nouveaux garde-fous.

D'ores et déjà, la Commission européenne a proposé mercredi des mesures pour renforcer la surveillance des banques et mieux contrôler les risques qu'elles prennent sur les marchés. Ces nouvelles règles doivent notamment limiter les prêts qu'une banque pourra octroyer à un emprunteur donné et permettre aux autorités nationales de supervision bancaire de mieux surveiller les activités des groupes bancaires transfrontaliers. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a également annoncé que les pays de l'UE réfléchissaient à l'éventuelle création d'un système commun pour protéger les dépôts bancaires des particuliers sur le continent. Quant à la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, elle a été autorisée à titre provisoire à prendre des décisions sur les aides aux banques en difficulté sans en référer à l'ensemble de la Commission européenne, afin de permettre des réactions plus rapide à la crise financière. Ces propositions doivent encore être approuvées par les Etats membres de l'UE et le Parlement européen.